ROME — Des secouristes italiens ont confirmé samedi la mort d’un cinquième travailleur après qu’une poutre en béton et des dalles se sont effondrées sur un chantier de construction d’un supermarché dans la ville de Florence la veille.
«On vient de m’informer que les secouristes récupèrent le corps d’un cinquième travailleur», a déclaré le président de la région Toscane, Eugenio Giani.
Plus tôt, le porte-parole des pompiers Luca Cari a déclaré à la télévision RaiNews qu’ils avaient récupéré le corps du quatrième travailleur.
«La masse de gravats est énorme», a-t-il souligné.
Vendredi, un groupe d’ouvriers préparait des structures préfabriquées en béton pour un nouveau supermarché de la bannière Esselunga dans le nord-ouest de Florence lorsque, selon les premiers rapports, une poutre en béton armé s’est renversée sur une couche de dalles, qui s’est ensuite effondrée, piégeant huit hommes sous les décombres.
Les équipes de secours ont réussi à sortir trois des huit personnes qui ont été emmenées dans des hôpitaux locaux, où elles étaient apparemment dans un état grave, mais leur vie n’est pas en danger.
Selon les évaluations préliminaires, l’accident s’est produit en raison d’un «effondrement structurel» de la poutre de béton, qui peut avoir été causé par un mauvais positionnement ou un défaut de composition, ont déclaré les responsables.
Les procureurs de Florence ont ordonné une enquête sur l’effondrement, en tenant compte des accusations de négligence et d’homicide involontaire coupable multiple, mais aucun suspect n’a été nommé à ce stade.
Marina Caprotti, présidente d’Esselunga, a présenté vendredi ses condoléances et a promis de coopérer à l’enquête. Elle a dit que la construction a été confiée à un tiers.
L’effondrement a ébranlé le pays confronté ces dernières années à une série d’accidents mortels liés aux travailleurs au milieu de débats politiques houleux portant sur les conditions de travail risquées de ces travailleurs.
Plus récemment, en août, cinq cheminots ont été tués après avoir été frappés par un train à grande vitesse alors qu’ils effectuaient des travaux d’entretien sur le chemin de fer.
En 2021, la dernière année pour laquelle il existe des données officielles de l’agence statistique Eurostat, l’Italie a enregistré 601 accidents de travail mortels. C’était le deuxième chiffre le plus élevé de l’Union européenne (UE) après la France cette année-là. Dans l’UE, 22,5 % de tous les accidents mortels sur le lieu de travail ont eu lieu dans le secteur de la construction.
Lors d’une visite dans la région de Calabre vendredi, la première ministre italienne Giorgia Meloni a présenté ses condoléances aux familles des victimes. «C’est une autre histoire de gens qui vont travailler, qui vont simplement faire leur travail et qui ne reviennent pas à la maison», a-t-elle affirmé.
Dans un communiqué, les plus grands syndicats italiens ont sévèrement critiqué le gouvernement pour ne pas aborder les questions de la sécurité au travail, en particulier les critères de sous-traitance. Ils ont annoncé des grèves nationales dans les semaines à venir.
«En 2023, il y a eu 1000 décès au travail et souvent ces accidents étaient le résultat de la sous-traitance», a déclaré le dirigeant du plus grand syndicat italien CGIL, Maurizio Landini. Il a critiqué le système qui permet aux grandes entreprises, après avoir remporté des appels d’offres importants, d’effectuer le travail grâce à la sous-traitance de petites entreprises à des prix plus bas.
M. Landini a ajouté que c’était le cabinet de la première ministre Meloni «qui a modifié le code d’approvisionnement et réintroduit la cascade de sous-traitance».
La Ligue, le parti au pouvoir en Italie, a fustigé le syndicaliste en disant qu’il était «dégoûtant» de faire un lien entre les décès au travail et la réintroduction de la sous-traitance par le gouvernement.
«Le dirigeant de la CGIL ignore que les nouvelles règles ont été demandées par l’Europe, à tel point que l’Italie risquait d’être en contravention, et qu’elles n’ont rien à voir avec cette tragédie», a déclaré le parti dans un communiqué.
Le maire de Florence, Dario Nardella, a décrété samedi comme étant un jour de deuil dans sa ville.