WASHINGTON — La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a offert mardi son soutien public le plus ferme à l’idée de liquider environ 300 milliards $ d’avoirs gelés de la Banque centrale russe et de les utiliser pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine.
«Il est nécessaire et urgent que notre coalition trouve un moyen de libérer la valeur de ces actifs immobilisés pour soutenir la résistance continue de l’Ukraine et sa reconstruction à long terme», a déclaré Mme Yellen lors d’un discours à Sao Paulo, au Brésil, où des ministres des Affaires étrangères et des gouverneurs des banques centrales des pays membres du G20 se réunissent cette semaine.
«Je crois qu’il existe de solides arguments juridiques, économiques et moraux internationaux pour aller de l’avant. Ce serait une réponse décisive à la menace sans précédent que représente la Russie pour la stabilité mondiale», a-t-elle déclaré.
Les États-Unis et leurs alliés ont gelé des centaines de milliards $ d’avoirs russes à l’étranger en représailles à l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Ces milliards restent inexploités alors que la guerre se poursuit, maintenant dans sa troisième année, tandis que les responsables de plusieurs pays débattent de la légalité de l’envoi de cet argent en Ukraine. Plus des deux tiers des fonds immobilisés de la banque centrale russe se trouvent au sein de l’Union européenne.
Utiliser cet argent pour aider l’Ukraine «montrerait clairement que la Russie ne peut pas gagner en prolongeant la guerre et l’inciterait à venir à la table pour négocier une paix juste avec l’Ukraine», a affirmé Mme Yellen.
L’idée d’utiliser les avoirs gelés de la Russie a gagné du terrain ces derniers temps alors que la poursuite du financement accordé à l’Ukraine de la part des alliés devient plus incertaine et que le Congrès américain se trouve dans une impasse quant à l’ajout d’un soutien supplémentaire. Mais il y a des compromis à faire, car la militarisation de la finance mondiale pourrait nuire à la position du dollar américain en tant que monnaie dominante dans le monde.
Janet Yellen a soutenu mardi qu’il était «extrêmement improbable» que l’utilisation des fonds gelés nuise à la position du dollar dans l’économie mondiale. «Surtout étant donné le caractère unique de la situation dans laquelle la Russie viole effrontément les normes internationales. En réalité, il n’existe pas d’alternatives au dollar, à l’euro et au yen», a ajouté Mme Yellen.
«Nous pensons toujours que la Russie doit être responsable des dommages (causés à l’Ukraine) en explorant la possibilité d’utiliser ces avoirs gelés», a pour sa part affirmé John Kirby, porte-parole du président Joe Biden en matière de sécurité nationale, mardi lors d’un point de presse à la Maison Blanche.
Il a soutenu avoir besoin de plus d’autorités législatives de la part du Congrès pour dépenser les fonds immobilisés et obtenir le soutien des partenaires de la coalition.
La législation bipartite circulant à Washington, appelée Loi sur la reconstruction de la prospérité économique et des opportunités pour les Ukrainiens, utiliserait les avoirs confisqués à la Banque centrale russe et d’autres actifs souverains pour l’Ukraine. Des législateurs de premier plan avaient tenté de promouvoir cette mesure comme un moyen d’aider à fournir une aide à l’Ukraine, mais cela n’a pas abouti depuis.
Plus tôt ce mois-ci, l’Union européenne a adopté une loi visant à mettre de côté les bénéfices exceptionnels générés par le gel des avoirs de la banque centrale russe. «Une action que je soutiens pleinement», a affirmé Mme Yellen.
Le Brésil a débuté ce mois-ci sa présidence du Groupe des 20, avec une réunion des ministres des Finances cette semaine. Les sujets de discussion incluent la réduction de la pauvreté, le changement climatique et les conflits dans la bande de Gaza et en Ukraine. Les dirigeants du G20 devraient se réunir lors d’un sommet les 18 et 19 novembre à Rio.
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Les journalistes d’Associated Press Josh Boak et Lisa Mascaro ont contribué à ce rapport.