L’autorité des communications de la Turquie a bloqué l’accès au réseau social Instagram, vendredi, ce qui en fait le plus récent exemple de répression contre des sites web dans le pays.
L’Autorité des technologies de l’information et de la communication, qui réglemente l’internet en Turquie, a annoncé sa décision vendredi matin, mais n’a pas fourni de justification.
Le journal Yeni Safak, proche du gouvernement, et d’autres médias ont rapporté que l’accès avait été bloqué en réponse à la suppression, par Instagram, de publications d’utilisateurs turcs qui exprimaient leurs condoléances pour l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
Auparavant, le directeur des communications présidentielles et assistant du président Recep Tayyip Erdogan, Fahrettin Altun, avait vivement critiqué la plateforme appartenant à Meta pour avoir empêché les utilisateurs en Turquie de publier des messages de condoléances pour M. Haniyeh.
Instagram, qui compte plus de 50 millions d’utilisateurs en Turquie, n’a pas réagi dans l’immédiat. La Turquie compte 85 millions d’habitants.
Contrairement à ses alliés occidentaux, la Turquie ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste. Fervent critique des actions militaires israéliennes à Gaza, M. Erdogan a décrit le groupe comme des «combattants de la libération».
Le pays observe vendredi une journée de deuil pour M. Haniyeh, au cours de laquelle les drapeaux sont mis en berne.
Ismaïl Haniyeh a été tué mercredi lors d’une frappe aérienne dans la capitale iranienne. L’Iran et le Hamas ont accusé Israël d’être à l’origine de cet assassinat, ce que le pays n’a ni nié ni confirmé.
De la «censure» décriée
Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui est membre du principal parti d’opposition turc, a dénoncé la décision de bloquer Instagram, accusant l’autorité de communication du pays d’agir comme une «unité de censure».
«Les réseaux sociaux sont une plateforme que tout le monde utilise à de nombreuses fins, notamment pour le commerce et la communication», a-t-il écrit sur le réseau social X.
«Il est inacceptable qu’une plateforme utilisée par tout le pays soit arbitrairement bloquée.»
La Turquie a l’habitude de censurer les réseaux sociaux et les sites web. Des centaines de milliers de domaines ont été bloqués depuis 2022, selon l’Association pour la liberté d’expression, une organisation à but non lucratif regroupant des avocats et des militants des droits de la personne.
La plateforme de partage de vidéos YouTube a notamment été bloquée de 2007 à 2010 en Turquie.