Un nouveau projet d’accord sur le financement devant permettre de freiner et s’adapter au changement climatique publié vendredi au sommet des Nations Unies sur le climat promet 350 milliards $ d’ici 2035 des pays riches aux pays plus pauvres. Ce montant plaît aux pays qui distribueront l’argent, mais pas à ceux qui en ont besoin.
Ce montant est plus du double de l’objectif précédent de 140 milliards $ par an fixé il y a 15 ans, mais il représente moins d’un quart du montant demandé par les pays en développement les plus durement touchés par les conditions climatiques extrêmes. Ce chiffre est à peu près la limite de ce que les pays riches disent pouvoir faire, ce qui fait d’un chiffre de cette ampleur un défi à digérer pour les démocraties de leur pays.
Cela a fait mal aux pays en développement, qui voient dans des conférences comme celle-ci leur plus grand espoir de faire pression sur les pays riches parce qu’ils sont absents des réunions des plus grandes économies du monde.
«Nos attentes étaient faibles, mais c’est une gifle», a déclaré Mohamed Adow, de Power Shift Africa. Il a ajouté qu’«aucun pays en développement ne tombera dans le panneau. Ils ont irrité et offensé le monde en développement.»
«L’UE, les États-Unis et d’autres pays développés ne peuvent pas prétendre être engagés dans l’Accord de Paris tout en proposant de tels montants», a fait valoir Iskander Erzini Vernoit, directeur du groupe de réflexion marocain sur le climat Imal Initiative for Climate and Development. Les pays ont conclu l’Accord de Paris en 2015, s’engageant à maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré Celsius depuis l’époque préindustrielle.
La proposition est venue d’en haut, la présidence des négociations climatiques de l’ONU à Bakou, en Azerbaïdjan, appelée COP29. Les délégations de nombreux pays, analystes et défenseurs ont été tenus dans l’ignorance au sujet du projet jusqu’à ce qu’il soit déposé plus d’une demi-journée plus tard que promis, ce qui a suscité des grognements sur la manière dont cette conférence était menée.
«Ces textes forment un ensemble équilibré et rationalisé pour la COP29», a expliqué la présidence dans un communiqué. «La présidence de la COP29 exhorte les parties à étudier attentivement ce texte, pour ouvrir la voie à un consensus sur les quelques options restantes.»
Depuis le début, la COP29 a été consacrée au financement climatique, c’est-à-dire à l’argent que les pays riches sont obligés de verser aux pays en développement pour couvrir les dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes, pour aider ces pays à s’adapter au réchauffement climatique et à se sevrer des combustibles fossiles. Les experts estiment qu’il faudra 1,8 mille milliards $ ou plus d’argent extérieur, et que chaque pays en générera davantage en interne.
Les pays riches et les analystes affirment que ce montant, souvent considéré comme un «noyau», sera ensuite mobilisé ou utilisé pour accroître les dépenses destinées à aider les pays pauvres à faire face au changement climatique. Mais une grande partie de ce montant se traduira par des prêts pour des pays qui croulent sous les dettes.
Le ministre suisse de l’Environnement, Albert Rösti, a déclaré qu’il était important que le montant du financement climatique soit réaliste. «Je pense qu’un accord avec un montant élevé qui ne sera jamais réaliste, qui ne sera jamais payé (…) sera bien pire que l’absence d’accord, a-t-il soutenu. La déception arrivera plus tôt que nous pouvons l’imaginer.»
Plus tôt vendredi, les observateurs ont exprimé leur frustration face aux pourparlers jusqu’à présent. «Mieux vaut ne pas avoir d’accord qu’un mauvais accord», a déclaré Harjeet Singh, du groupe de défense du climat Traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles. «Il s’agit d’une négociation de mauvaise foi de la part des pays développés.»
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