Le chef de l’Église d’Angleterre, chef spirituel de la Communion anglicane mondiale, fait face à des appels de démission, après qu’une enquête eut révélé qu’il n’avait pas informé la police d’une série d’agressions physiques et sexuelles commises par un bénévole dans des camps d’été chrétiens dès qu’il en a eu connaissance.
Certains membres du Synode général, l’assemblée nationale de l’Église, ont lancé une pétition demandant à l’archevêque de Canterbury Justin Welby de démissionner, affirmant qu’il avait «perdu la confiance de son clergé». La pétition avait recueilli plus de 3400 signatures sur Change.org en après-midi, heure de Londres.
Les appels à la démission de M. Welby se sont multipliés depuis jeudi, lorsque l’Église a publié les résultats d’une enquête indépendante sur John Smyth, qui a abusé sexuellement, psychologiquement et physiquement d’une trentaine de garçons et de jeunes hommes au Royaume-Uni et de 85 en Afrique pendant cinq décennies.
Le rapport de 251 pages conclut que M. Welby n’a pas dénoncé M. Smyth aux autorités lorsqu’il a été informé des agressions en août 2013, peu après être devenu archevêque de Canterbury.
La semaine dernière, Justin Welby a assumé la responsabilité de ne pas avoir veillé à ce que les allégations soient poursuivies aussi «énergiquement» qu’elles auraient dû l’être après avoir appris les abus, mais il a dit qu’il avait décidé de ne pas démissionner.
Lundi, son bureau a publié une déclaration réitérant «l’horreur de M. Welby face à l’ampleur des abus flagrants de John Smyth».
«Comme il l’a dit, il n’avait aucune connaissance ni suspicion des allégations avant d’en être informé en 2013 – et donc, après réflexion, il n’a pas l’intention de démissionner», indique le communiqué.
L’Église informée depuis 1982
Les responsables de l’Église ont été informés pour la première fois des agressions en 1982, lorsqu’ils ont reçu les résultats d’une enquête interne sur M. Smyth. Les destinataires de ce rapport «ont participé à une dissimulation active» pour empêcher que ses conclusions ne soient révélées, a constaté l’enquête Makin.
Entre 1984 et 2001, M. Smyth a déménagé au Zimbabwe, puis en Afrique du Sud. Il a continué à abuser de garçons et de jeunes hommes au Zimbabwe et il existe des preuves que les agressions ont continué en Afrique du Sud jusqu’à sa mort en août 2018.
Les agressions de M. Smyth n’ont été rendues publiques qu’en 2017, lors d’une enquête menée par la chaîne de télévision britannique Channel 4, qui a conduit la police du Hampshire à ouvrir une enquête. La police prévoyait interroger M. Smyth au moment de sa mort et se préparait à l’extrader.
L’enquête Makin a révélé que si M. Smyth avait été signalé à la police en 2013, cela aurait pu aider à découvrir la vérité, empêcher de nouvelles agressions et conduire à une éventuelle condamnation criminelle
«En fait, trois ans et demi ont été perdus, un laps de temps au cours duquel John Smyth aurait pu être traduit en justice et les abus qu’il aurait commis en Afrique du Sud auraient pu être découverts et arrêtés», a conclu l’enquête.
L’archevêque de Canterbury est le chef de l’Église d’Angleterre et est considéré comme le chef spirituel de la Communion anglicane, qui compte plus de 85 millions de membres dans 165 pays. Il est considéré comme le premier parmi ses pairs par rapport aux autres primats de la communion.