Le dirigeant de l’extrême droite française qui souhaite devenir premier ministre après les élections législatives a fait marche arrière sur la promesse de son parti de se retirer du commandement militaire stratégique de l’OTAN.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a déclaré lors du salon de l’armement Eurosatory à Paris qu’il «n’entendait pas affaiblir la voix ou l’engagement de la France sur la scène internationale» si les électeurs donnaient à son parti d’extrême droite une majorité lui permettant de diriger un nouveau gouvernement, dans ce qui serait un partage du pouvoir délicat avec le président Emmanuel Macron.
Faisant référence à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, M. Bardella a affirmé que «la France ne doit pas quitter le commandement militaire de l’OTAN alors que nous sommes en guerre, parce que cela affaiblirait considérablement la responsabilité de la France sur la scène européenne et, évidemment, sa crédibilité à l’égard de ses alliés».
Ces commentaires s’écartent d’une promesse de campagne faite par son parti dans son programme pour l’élection présidentielle française de 2022. «La priorité sera de quitter le commandement intégré de l’OTAN», lit-on dans le manifeste de 2022, une décision qui aurait exclu le personnel militaire français de l’organisme de l’OTAN qui planifie les opérations et affaiblirait le rôle et l’influence de la France au sein de l’OTAN.
Cette dernière volte-face intervient alors que le Rassemblement national atténue ses positions annoncées précédemment dans le but de gagner des électeurs en dehors de sa base traditionnelle avant les élections législatives à deux tours du 30 juin et du 7 juillet – la première véritable chance du parti de former un gouvernement.
Malgré ses commentaires concernant l’OTAN, M. Bardella a maintenu qu’il était fermement opposé à l’envoi de troupes en Ukraine.
«Je suis opposé, à la différence du président de la République, à l’envoi de troupes et à l’envoi de soldats français en Ukraine», a-t-il soutenu en mêlée de presse.
«D’abord, une majorité de Français est opposée à cette décision que l’Ukraine elle-même et le président (Volodymyr) Zelensky lui-même ne réclame pas.»
Emmanuel Macron a déclaré en mars que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne devait pas être exclu.
M. Bardella a précisé qu’il était favorable à l’envoi continu de fournitures françaises d’armes, de munitions et d’autres équipements militaires «pour permettre à l’Ukraine de se protéger», mais qu’il se méfiait également du risque d’une escalade directe avec la Russie.
«Ma position n’a pas varié, c’est celle de d’un soutien à l’Ukraine (…) et en même temps d’éviter tout risque d’escalade avec la Russie, parce que la Russie est une puissance nucléaire», a-t-il expliqué.
Le parti eurosceptique et anti-immigration de M. Bardella, et en particulier son ancienne candidate à la présidentielle Marine Le Pen, est connu pour ses liens étroits avec la Russie. Mme Le Pen a exprimé des réserves quant à la fourniture d’armes supplémentaires à l’Ukraine.
Plus tôt ce mois-ci, le président Macron a dissous la chambre basse du Parlement français dans une annonce surprise, renvoyant les électeurs aux urnes, après que son parti eut subi une défaite cuisante face à l’extrême droite aux élections au Parlement européen.
En France, les élections législatives déterminent la composition du Parlement, et non l’occupant du palais présidentiel de l’Élysée. M. Macron a un mandat présidentiel jusqu’en 2027 et affirme qu’il ne démissionnera pas avant la fin de son mandat, même s’il devra peut-être partager le pouvoir avec un gouvernement dirigé par l’extrême droite.