Le Japon et le Cambodge partageront leurs connaissances sur le déminage à l’Ukraine

Sopheng Cheang, The Associated Press
Le Japon et le Cambodge partageront leurs connaissances sur le déminage à l’Ukraine

La ministre japonaise des Affaires étrangères a annoncé samedi un projet conjoint avec le Cambodge visant à partager des connaissances et des technologies en matière de déminage avec des pays du monde entier, dont l’Ukraine.

La ministre des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, a fait ces commentaires lors d’une visite au Centre cambodgien de déminage, créé dans les années 1990 à la fin des décennies de guerre civile dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Il vise à lutter contre environ quatre à six millions de mines terrestres et d’autres munitions non explosées éparpillées dans la nature.

«Le Cambodge, qui a constamment progressé dans le déminage dans son propre pays, est désormais un meneur en matière d’action contre les mines dans le monde», a-t-elle noté, ajoutant que le Japon a toujours coopéré au déminage du Cambodge depuis la guerre civile.

Les démineurs cambodgiens comptent parmi les plus expérimentés au monde et plusieurs milliers d’entre eux ont été envoyés au cours de la dernière décennie sous les auspices de l’ONU pour travailler en Afrique et au Moyen-Orient. Le Cambodge a commencé en 2022 à former des démineurs ukrainiens, qui souffrent également d’une forte densité de mines terrestres et d’autres munitions non explosées alors que l’invasion russe de deux ans se prolonge.

«Dans le cadre d’une coopération concrète sous l’Initiative Japon-Cambodge sur les mines terrestres, le Japon fournira une assistance à grande échelle à l’action humanitaire contre les mines en Ukraine, a déclaré Mme Kamikawa. La semaine prochaine, nous fournirons à l’Ukraine une grande machine de déminage, et le mois prochain, ici au Cambodge, nous formerons le personnel ukrainien au fonctionnement de la machine.»

L’organisation non gouvernementale Landmine Monitor, dans son rapport de 2022, a classé le Cambodge et l’Ukraine parmi neuf pays présentant une contamination «massive» par les mines, ce qui signifie qu’ils disposaient de plus de 100 kilomètres carrés de terrains non déminés.

Depuis la fin des combats au Cambodge, près de 20 000 personnes ont été tuées et environ 45 000 ont été blessées par les restes d’explosifs de la guerre, bien que le bilan annuel moyen des morts soit passé de plusieurs milliers à moins de 100.

Malgré un programme de déminage très actif, de nombreuses munitions dangereuses restent en place, représentant un danger pour les villageois.

La formation par le Cambodge de démineurs ukrainiens, en Pologne comme au Cambodge, a eu lieu après que l’ancien premier ministre Hun Sen – dans une démarche inhabituelle pour un pays qui s’aligne habituellement sur la Russie et la Chine – a condamné l’invasion de l’Ukraine par Moscou, déclarant que «le Cambodge est toujours contre tout pays qui envahit un autre pays».

Le Cambodge était l’un des près de 100 pays membres de l’ONU à avoir coparrainé une résolution condamnant l’invasion russe.

Plusieurs autres pays, dont les États-Unis et l’Allemagne, ont déjà fourni une aide au déminage à l’Ukraine.

Mme Kamikawa s’est également entretenue avec le premier ministre cambodgien Hun Manet et avec Hun Sen, son père qui a démissionné l’année dernière après 38 ans au pouvoir.

Elle a signé avec son homologue cambodgien, le ministre des Affaires étrangères Sok Chenda Sophea, des accords portant sur un prêt préférentiel de Tokyo d’un montant maximal de 8,3 milliards de yens (70,36 millions $) pour la modernisation de l’autoroute entre la capitale Phnom Penh et la frontière thaïlandaise, et sur une aide non remboursable d’un montant maximal de 386 millions de yens (3,27 millions $) pour permettre à de jeunes fonctionnaires administratifs d’étudier au Japon, a indiqué un communiqué de l’ambassade du Japon.

La ministre Kamikawa se rendra ensuite aux Philippines, où elle et le ministre japonais de la Défense, Minoru Kihara, s’entretiendront lundi avec leurs homologues philippins. Ils devraient discuter de la signature d’un pacte de défense mutuelle qui permettrait à chaque pays de déployer des troupes sur le territoire de l’autre.

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