Le ministre chinois de la Défense a reconnu dimanche l’importance de nouvelles communications militaires avec les États-Unis alors que les tensions s’intensifient dans la région de l’Asie-Pacifique, tout en accusant Washington d’être à l’origine des frictions en raison de son soutien à Taïwan et aux Philippines.
«Nous ne permettrons à personne d’introduire des conflits géopolitiques ou une guerre, chaude ou froide, dans notre région», a déclaré Dong Jun, lors du Dialogue Shangri-La à Singapour.
«Nous ne permettrons à aucun pays ni à aucune force de créer un conflit et le chaos dans notre région», a-t-il ajouté.
La Chine a fait de plus en plus valoir ses revendications sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une route maritime clé, ce qui a mené à un nombre croissant de conflits, notamment avec les Philippines, dont les navires ont été percutés par des navires chinois et frappés par des canons à eau.
M. Dong a insisté sur le fait que «la culture stratégique de la Chine est ancrée dans l’amour universel et la non-agression», avant de menacer les Philippines, pays qui est devenu rapidement proaméricain depuis l’élection de Ferdinand Marcos Jr. en 2022.
Depuis que les hostilités territoriales avec la Chine ont augmenté l’année dernière dans la mer de Chine méridionale, l’administration de M. Marcos Jr. a pris des mesures pour forger de nouvelles alliances de sécurité avec un certain nombre de pays asiatiques et occidentaux et a autorisé une plus grande présence militaire américaine dans plus de bases philippines que le nombre prévu dans un accord de défense de 2014.
M. Dong a accusé les Philippines, «enhardies par des puissances extérieures», de provoquer délibérément la Chine.
«La Chine a fait preuve d’une grande retenue face à de telles violations et provocations, a-t-il dit. Mais il y a une limite à notre retenue.»
Un soutien «à toute épreuve»
Le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, a déclaré samedi que le soutien américain aux Philippines était «à toute épreuve» et a salué le discours de M. Marcos Jr. vendredi lors du forum en le qualifiant de déclaration puissante «sur la manière dont les Philippines défendent leurs droits souverains en vertu du droit international».
M. Austin a également souligné l’importance de renouveler les communications militaires entre la Chine et les États-Unis pour éviter les «perceptions erronées» et prévenir les «erreurs de calcul».
«Un certain nombre de choses peuvent se produire en mer ou dans les airs, nous le reconnaissons, a-t-il déclaré. Mais notre objectif est de veiller à ne pas laisser les choses devenir inutilement incontrôlables.»
Dong Jun est un ancien commandant naval qui a été nommé ministre à la fin décembre après que son prédécesseur, Li Shangfu, a été brusquement démis de ses fonctions.
Le ministre a rencontré Lloyd Austin vendredi en marge du Dialogue de Singapour, qui constituait les premiers entretiens en personne entre de hauts responsables de la défense chinois et américains depuis la rupture des contacts entre les armées des deux pays en 2022. La rupture avait fait suite à la visite de la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, à Taïwan, qui avait exaspéré Pékin.
La Chine considère Taïwan comme une province renégate qui doit passer sous son contrôle, par la force si nécessaire.
Les États-Unis, comme la plupart des pays, n’entretiennent pas de relations diplomatiques formelles avec Taïwan, mais sont tenus par leurs propres lois de fournir à l’île les moyens de se défendre.
Washington est le plus grand fournisseur de matériel militaire de Taïwan et des délégations du Congrès rendent régulièrement visite aux dirigeants de l’île.
Dong Jun a déclaré que la Chine restait «ouverte aux échanges et à la coopération avec l’armée américaine», mais a ajouté que «cela nécessite des efforts des deux côtés».
Il a accusé les États-Unis d’encourager le nouveau gouvernement de Taïwan de «poursuivre la séparation de manière progressive» avec la Chine.
«Nous prendrons des mesures résolues pour freiner l’indépendance de Taïwan et veillerons à ce qu’un tel complot n’aboutisse jamais, a-t-il déclaré. Quiconque ose séparer Taïwan de la Chine ne finira que par s’autodétruire.»
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Le journaliste de l’AP Ken Moritsugu a contribué à ce reportage depuis Hong Kong.
