Le monde gaspille 19% de sa nourriture, dit l’ONU, mais 783M de personnes ont faim

Carlos Mureithi, The Associated Press
Le monde gaspille 19% de sa nourriture, dit l’ONU, mais 783M de personnes ont faim

NAIROBI, Kenya — Le monde a gaspillé environ 19 % de la nourriture produite sur la planète en 2022, soit environ 1,05 milliard de tonnes métriques, selon un nouveau rapport des Nations Unies, 

Le rapport sur l’indice de gaspillage alimentaire du Programme des Nations unies pour l’environnement, publié mercredi, suit les progrès réalisés par les pays pour réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2030. 

L’ONU a indiqué que le nombre de pays ayant participé à l’indice a presque doublé par rapport au premier rapport publié en 2021. Le rapport de 2021 estimait que 17% de la nourriture produite dans le monde en 2019, soit 931 millions de tonnes métriques, était gaspillée, mais les auteurs ont mis en garde contre les comparaisons directes en raison du manque de données suffisantes de la part de nombreux pays.

Le rapport est rédigé conjointement par le PNUE et le Programme d’action pour les déchets et les ressources (WRAP), une organisation caritative internationale.

Les chercheurs ont analysé les données nationales relatives aux ménages, à la restauration et aux détaillants. Ils ont constaté que chaque personne gaspille environ 79 kilogrammes de nourriture par an, ce qui équivaut à au moins un milliard de repas gaspillés chaque jour dans le monde.

La plupart des déchets ― 60 % ― proviennent des ménages. Environ 28 % proviennent des services de restauration, ou des restaurants, et environ 12 % des détaillants.

«C’est une véritable parodie, a dénoncé Clementine O’Connor, co-auteure de l’étude et responsable de la lutte contre le gaspillage alimentaire au sein du PNUE. Cela n’a aucun sens et c’est un problème complexe, mais grâce à la collaboration et à une action systémique, il est possible de s’y attaquer.»

Le rapport est publié à un moment où 783 millions de personnes dans le monde souffrent de faim chronique et où de nombreux endroits sont confrontés à des crises alimentaires de plus en plus graves.

Le gaspillage alimentaire est également une préoccupation mondiale en raison du coût environnemental de la production, notamment les terres et l’eau nécessaires pour élever les cultures et les animaux, et les émissions de gaz à effet de serre qu’elle produit, notamment le méthane, un gaz puissant qui est responsable d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.

Les pertes et gaspillages alimentaires représentent 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. S’il s’agissait d’un pays, il se classerait au troisième rang après la Chine et les États-Unis.

Brian Roe, chercheur sur le gaspillage alimentaire à l’université de l’État de l’Ohio, qui n’a pas participé à l’élaboration du rapport, estime que l’indice est important pour lutter contre le gaspillage alimentaire.

«Le principal enseignement est que la réduction de la quantité de nourriture gaspillée est une voie qui peut conduire à de nombreux résultats souhaitables ― conservation des ressources, moins de dommages environnementaux, une plus grande sécurité alimentaire, et plus de terres pour des utilisations autres que les décharges et la production alimentaire», a détaillé M. Roe.

Le rapport montre une croissance notable de la couverture des déchets alimentaires dans les pays à faibles et moyens revenus, selon les auteurs. Mais il pourrait revenir aux pays plus riches de prendre la tête de la coopération internationale et de l’élaboration de politiques visant à réduire le gaspillage alimentaire, ont-ils ajouté.

Le rapport indique que de nombreux gouvernements, groupes régionaux et industriels ont recours à des partenariats public-privé pour réduire le gaspillage alimentaire et sa contribution au stress climatique et hydrique. Les gouvernements et les municipalités collaborent avec les entreprises de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, qui s’engagent à mesurer le gaspillage alimentaire.

Le rapport indique que la redistribution des denrées alimentaires ― y compris le don des excédents alimentaires aux banques alimentaires et aux organisations caritatives ― joue un rôle important dans la lutte contre le gaspillage alimentaire chez les détaillants.

Les auteurs du rapport ont indiqué qu’ils avaient constaté que les différences entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu en ce qui concerne les déchets alimentaires ménagers par habitant étaient étonnamment faibles.

Richard Swannel, coauteur du rapport et directeur de l’Impact Growth au WRAP, a déclaré que le gaspillage alimentaire «n’est pas un problème propre aux pays riches, mais un problème mondial».

«Les données sont très claires sur ce point : il s’agit d’un problème mondial auquel nous pourrions tous nous attaquer demain afin d’économiser de l’argent et de réduire l’impact sur l’environnement», a-t-il souligné.

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