Le PM britannique enterre le projet controversé d’expulsion vers le Rwanda

Jill Lawless et Brian Melley, The Associated Press
Le PM britannique enterre le projet controversé d’expulsion vers le Rwanda

Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a déclaré samedi qu’il abandonnait une politique conservatrice controversée de son prédécesseur visant à expulser les demandeurs d’asile vers le Rwanda. Il s’est ainsi engagé à respecter son mandat de changement demandé par les électeurs, tout en prévenant que cela prendrait du temps.

«Le projet rwandais était mort et enterré avant d’avoir commencé», a dit M. Starmer, lors de sa première conférence de presse. «Il n’a jamais eu un effet dissuasif (sur l’immigration). Presque le contraire.»

M. Starmer a affirmé aux journalistes dans une salle lambrissée du 10 Downing Street, sa nouvelle résidence, qu’il était «impatient du changement», mais qu’il ne s’engagerait pas sur la date à laquelle les Britanniques ressentiraient une amélioration de leur niveau de vie ou de leurs services publics. Le Parti travailliste a porté vendredi le coup le plus dur aux conservateurs en deux siècles d’histoire, avec une victoire écrasante due à son programme basé sur le changement.

La séance de questions-réponses de 30 minutes a suivi la première réunion du Cabinet alors que son nouveau gouvernement relève le défi colossal de résoudre un tas de problèmes intérieurs et de convaincre une population lassée par des années d’austérité, de chaos politique et d’économie en difficulté.

«Nous avons énormément de travail à faire, alors maintenant nous nous mettons au boulot», a lancé M. Starmer en accueillant les nouveaux ministres autour de la table au 10 Downing Street. Il a affirmé que cela avait été l’honneur de sa vie d’être invité à par le roi Charles III pour former un gouvernement lors d’une cérémonie qui l’élève officiellement au rang de premier ministre.

Parmi les nombreux problèmes auxquels le nouveau gouvernement est confronté figurent la relance d’une économie au ralenti, la réparation d’un système de santé défaillant et le rétablissement de la confiance de la population envers le gouvernement.

«Ce n’est pas parce que les travaillistes ont remporté une victoire écrasante que tous les problèmes auxquels le gouvernement conservateur a été confronté ont disparu», a dit Tim Bale, professeur de politique à l’Université Queen Mary de Londres.

Dans ses premières remarques en tant que premier ministre vendredi, après la cérémonie du «baiser des mains» avec le roi Charles au palais de Buckingham, Keir Starmer a déclaré qu’il se mettrait au travail immédiatement, tout en avertissant qu’il faudrait un certain temps pour atteindre des résultats.

«Changer un pays, ce n’est pas comme appuyer sur un interrupteur», a-t-il fait savoir, tandis que des partisans enthousiastes l’acclamaient devant sa nouvelle résidence officielle. «Cela va prendre du temps. Mais il ne fait aucun doute que le travail de changement commence immédiatement.»

Il se rendra dimanche dans chacune des quatre nations constitutives du Royaume-Uni – l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord – qui, selon lui, ont toutes voté en faveur du Parti travailliste.

Il se rendra ensuite à Washington pour une réunion de l’OTAN mardi et accueillera le sommet de la Communauté politique européenne le 18 juillet, au lendemain de l’ouverture officielle du Parlement et du discours du roi, qui fixe l’agenda du nouveau gouvernement.

Un flou sur la crise des migrants

M. Starmer a souligné plusieurs des enjeux chauds du Royaume-Uni vendredi, tels que la réparation du service national de santé et la sécurisation des frontières.

Les conservateurs ont eu du mal à endiguer le flux de migrants arrivant à travers la Manche, ne parvenant pas à tenir la promesse de l’ancien premier ministre Rishi Sunak d’«arrêter les bateaux», ce qui a mené au plan controversé pour le Rwanda.

La décision de Keir Starmer concernant ce qu’il a appelé le «gadget» rwandais était largement attendue, car il avait déclaré qu’il ne donnerait pas suite à ce plan qui a coûté des centaines de millions de livres sterling et n’a jamais pris son envol.

On ne sait pas exactement ce que M. Starmer fera différemment pour faire face à la même crise, avec un nombre record de personnes débarquant au cours des six premiers mois de cette année.

«Les travaillistes vont devoir trouver une solution au problème des petits bateaux qui traversent la Manche, a déclaré M. Bale. Il va falloir trouver d’autres solutions pour résoudre ce problème particulier.»

Suella Braverman, une conservatrice de la ligne dure en matière d’immigration qui pourrait prétendre au remplacement de Rishi Sunak à la tête du parti, a critiqué le projet de M. Starmer de mettre fin au pacte avec le Rwanda.

«Des années de travail acharné, des lois du Parlement, des millions de livres sterling dépensés pour un projet qui, s’il avait été mis en œuvre correctement, aurait fonctionné, a-t-elle déclaré samedi. Il y a de gros problèmes à l’horizon qui, je le crains, seront causés par Keir Starmer.»

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