Le président bolivien a orchestré un «auto-coup d’État», affirme son rival Morales

Megan Janetsky, The Associated Press
Le président bolivien a orchestré un «auto-coup d’État», affirme son rival Morales

L’ancien président bolivien Evo Morales a accusé dimanche son allié politique devenu rival, le président Luis Arce, d’avoir trompé le peuple bolivien en organisant un «auto-coup d’État» la semaine dernière pour gagner des points politiques parmi l’électorat, marquant un net déclin dans une relation déjà tendue.

M. Morales était initialement l’une des voix les plus puissantes du pays pour dire qu’environ 200 membres de l’armée, qui ont marché mercredi vers le palais du gouvernement bolivien aux côtés de véhicules blindés, avaient tenté un «coup d’État».

«Nous sommes convaincus que la démocratie est le seul moyen de résoudre tout différend et que les institutions et l’État de droit doivent être respectés», avait écrit Evo Morales dans un message publié sur le réseau social X le jour de l’action militaire. «Nous réitérons notre appel pour que toutes les personnes impliquées dans cette émeute soient arrêtées et jugées.»

Mais dimanche, l’ancien président s’est joint à d’autres qui pensent que M. Arce lui-même a orchestré un «coup d’État» pour gagner la sympathie des Boliviens à une époque où sa popularité est extrêmement faible.

Luis Arce «a manqué de respect à la vérité, nous a trompés, a menti, non seulement au peuple bolivien, mais au monde entier», a tonné M. Morales dans une émission locale, dimanche.

Evo Morales apporte son soutien à une accusation portée par l’ancien général Juan José Zuñiga, qui aurait dirigé la tentative de coup d’État. M. Morales a dit que M. Zuñiga avait informé ses collègues et sa famille de son plan avant de le mettre à exécution, et que pendant sa détention, il avait déclaré aux autorités que le président Arce l’avait «trahi».

«Le président m’a dit: ‘La situation est vraiment foutue, très critique. Il faut préparer quelque chose pour augmenter ma popularité’», a affirmé M. Zúñiga, citant le dirigeant bolivien.

Cette théorie a été rapidement adoptée par les ennemis politiques du président Arce, qui l’ont qualifiée d’«auto-coup d’État».

«À un moment donné, la vérité sera connue», a déclaré aux journalistes le général Juan José Zúñiga, menotté, lors de son transfert en prison samedi.

Evo Morales a appelé dimanche à une enquête indépendante sur l’action militaire de mercredi dans un message sur X.

Peu de temps après ces propos, le ministre du gouvernement Eduardo del Castillo a répondu dans une entrevue à la télévision d’État en s’en prenant à Evo Morales, en disant que «selon Evo, s’il n’y a pas de morts, il n’y a pas de coup d’État».

M. Morales exerce toujours un grand pouvoir en Bolivie, notamment parmi les producteurs de coca et les syndicats, tandis que Luis Arce fait face à un mécontentement latent alors que le pays se remet d’une crise économique.

L’ancien président Morales a déclaré dans l’émission de radio locale «Kausachun Coca» qu’il estimait que l’incident avait porté atteinte à l’image de la Bolivie et de son armée. Il s’est également excusé d’avoir exprimé sa solidarité avec Luis Arce.

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