Le président français, Emmanuel Macron, effectue un voyage surprise en Nouvelle-Calédonie, le territoire français du Pacifique en proie depuis plusieurs jours à des émeutes meurtrières et où le peuple autochtone des Kanaks exige depuis longtemps son indépendance de la métropole.
La porte-parole du gouvernement français, Prisca Thévenot, a indiqué que M. Macron se rendrait en Nouvelle-Calédonie «mardi soir». Plus tôt, lors d’une réunion du conseil des ministres, le président a annoncé qu’il avait décidé d’effectuer lui-même le voyage aller-retour de plus de 33 000 kilomètres jusqu’à l’archipel situé à l’est de l’Australie.
Six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes, et des centaines d’autres blessées en Nouvelle-Calédonie lors d’affrontements armés, de pillages et d’incendies criminels, soulevant de nouvelles questions sur la gestion par le président Macron de l’héritage colonial de la France.
Il y a eu des décennies de tensions entre les autochtones kanaks, qui réclament l’indépendance de l’archipel de 270 000 habitants, et les descendants des colonisateurs et autres installés sur le territoire qui veulent rester Français.
Les troubles ont éclaté le 13 mai dernier, alors que le Parlement français débattait à Paris d’un amendement à la Constitution pour apporter des changements aux listes électorales en Nouvelle-Calédonie. Les opposants craignent que cette mesure profite aux politiciens «loyalistes» et qu’elle marginalise davantage les Kanaks, qui ont souffert autrefois de politiques de ségrégation strictes et d’une discrimination généralisée.
Il s’agit des violences les plus graves à secouer la Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980, lorsque la France avait également imposé des mesures d’urgence sur l’archipel devenu français en 1853 sous l’empereur Napoléon III.
Mercredi dernier, Paris a déclaré l’état d’urgence d’une durée minimale de 12 jours sur l’archipel et a dépêché 1000 renforts pour appuyer les forces de sécurité qui ont perdu le contrôle de certaines parties de la capitale, Nouméa.
En quittant Paris mardi soir, M. Macron arrivera en Nouvelle-Calédonie jeudi matin, en raison de la distance et du décalage horaire, a indiqué son bureau. Le président français devrait rester dans l’archipel une journée.
Il rencontrera des dirigeants politiques, économiques, civiques et de jeunesse, et visera à «renouer le fil du dialogue» à la recherche d’«un accord politique global», a déclaré mardi le premier ministre, Gabriel Attal, à l’Assemblée nationale, où les députés ont observé une minute de silence pour les six personnes tuées dans les violences.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il rejoindrait M. Macron, aux côtés des ministres de la Défense et de l’Outre-mer. Cette visite donnera à M. Macron et à ses ministres un aperçu direct des destructions qui ont transformé certaines parties de Nouméa en zones interdites, avec des bâtiments incendiés, des magasins pillés et des barricades érigées à la fois par des indépendantistes – certains armés – et par des résidants qui s’unissent pour protéger leurs moyens de subsistance et leurs maisons.
La police étant dotée de pouvoirs d’urgence et d’un couvre-feu de 18 h à 6 h, les autorités françaises affirment que les forces de sécurité commencent à contenir les troubles. Ils ont annoncé mardi 22 autres arrestations, pour un nombre total proche de 300.
Depuis la fin de semaine, l’une des priorités des autorités françaises en Nouvelle-Calédonie a été de débarrasser la route menant à l’aéroport international de Nouméa des barricades et des carcasses de véhicules incendiées, augmentant ainsi la perspective pour les touristes bloqués de pouvoir repartir.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont envoyé mardi des avions en Nouvelle-Calédonie pour commencer à rapatrier leurs ressortissants. La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a déclaré que l’Australie avait reçu l’autorisation des autorités françaises pour deux vols d’évacuation et qu’elle travaillerait sur d’autres vols.