Le procès fédéral pour corruption du maire de New York, Eric Adams, commencera en avril prochain, a décidé un juge vendredi, en plein cœur de sa campagne de réélection promise.
Le juge de district américain Dale E. Ho a fixé la date du procès alors que M. Adams retournait au tribunal fédéral de Manhattan pour une audience sur sa tentative d’éliminer une accusation clé de l’acte d’accusation qui menace son avenir politique.
M. Ho a dit qu’il était confiant que la date du 21 avril 2025 serait respectée, «en supposant que rien d’inattendu ne se produise».
Les procureurs ont pour leur part déclaré qu’ils n’avaient toujours pas réussi à déchiffrer un élément de preuve potentiellement crucial: le cellulaire personnel du maire Adams. Selon son acte d’accusation, M. Adams a changé son mot de passe juste avant de donner le téléphone aux autorités, puis a prétendu l’avoir oublié.
Les avocats de M. Adams se battent pour faire rejeter une accusation de corruption, l’un des cinq chefs d’accusation retenus contre le démocrate en début de mandat.
Ils ont fait valoir que l’accusation ne correspondait pas au seuil récemment réduit par la Cour suprême des États-Unis pour ce crime et ne devrait pas s’appliquer à M. Adams, car elle implique des allégations remontant à une période antérieure à son accession au poste de maire.
«Le procureur des États-Unis a eu du mal à définir ce qu’est le “quo” ici», a fait valoir l’avocat de M. Adams, John Bash, faisant référence à un «quid pro quo», une expression latine signifiant «quelque chose pour quelque chose d’autre».
Les procureurs ont soutenu que M. Adams acceptait des pots-de-vin et exerçait une influence alors qu’il occupait un poste électif antérieur et qu’il prévoyait de devenir maire.
Le juge Ho a indiqué qu’il prendrait les arguments «en délibéré et tenterait de statuer sous peu».
L’acte d’accusation, qui comprend également des accusations de fraude électronique et de complot, accuse M. Adams d’avoir accepté des surclassements de vol et d’autres avantages de voyage de luxe d’une valeur de 100 000 $ US ainsi que des contributions de campagne illégales d’un responsable turc et d’autres ressortissants étrangers cherchant à acheter son influence.
En échange, affirment les procureurs, M. Adams a rendu des services au profit du gouvernement turc, notamment en faisant pression sur les pompiers en 2021 pour qu’ils approuvent l’ouverture d’un consulat qu’ils jugeaient dangereux.
M. Adams occupait à l’époque un autre poste élu, celui de président de l’arrondissement de Brooklyn, mais il était alors évident qu’il deviendrait maire.
M. Adams a plaidé non coupable des accusations et a juré de rester en poste pendant qu’il prépare sa défense juridique.
M. Bash a fait valoir que les avantages présumés ne répondent pas à la définition légale de la corruption, car ils sont antérieurs à son mandat de maire et n’ont «rien à voir avec sa position gouvernementale».
Les avocats de M. Adams soutiennent que les procureurs cherchent à criminaliser les «actes normaux et parfaitement légaux» que M. Adams a commis en tant que président de l’arrondissement de Brooklyn avant d’être élu maire.
En vertu de la loi, les procureurs doivent prouver que M. Adams a accepté des pots-de-vin en échange de l’utilisation de sa fonction officielle pour exercer une influence.
Plusieurs des plus proches collaborateurs de M. Adams – dont son commissaire de police, le chancelier des écoles et plusieurs maires adjoints – ont démissionné ces derniers mois après que des enquêteurs fédéraux ont effectué des perquisitions coordonnées à leur domicile au début du mois de septembre.
M. Adams a maintenu qu’il pouvait continuer à diriger efficacement la ville tout en luttant contre les accusations.
Toutefois, son avenir politique reste incertain et plusieurs adversaires ont annoncé leur intention de le défier lors des primaires municipales de l’année prochaine.
Plus tôt cette semaine, M. Adams a fait sourciller après avoir refusé à plusieurs reprises de critiquer l’ancien président Donald Trump, refusant de dire quand il avait parlé pour la dernière fois avec le candidat républicain ou s’il cherchait à obtenir une grâce si M. Trump était réélu.