Le procureur dit que Donald Trump a tenté de «tromper les électeurs»

Michael R. Sisak, Jennifer Peltz, Eric Tucker et Jill Colvin, The Associated Press
Le procureur dit que Donald Trump a tenté de «tromper les électeurs»

Donald Trump s’est engagé dans un complot «pour tromper les électeurs» en 2016, a déclaré mardi le procureur aux jurés lors des plaidoiries finales du procès criminel pour versements dissimulés de l’ancien président, tandis qu’un avocat de la défense a qualifié le témoin vedette de «plus grand menteur de tous les temps» et a insisté pour un acquittement général.

Les récits contradictoires des avocats, très divergents dans leurs évaluations de la crédibilité des témoins, de la culpabilité de M. Trump et de la solidité des preuves, ont offert aux deux parties une dernière chance de marquer des points auprès du jury avant que celui-ci ne commence à délibérer sur la première affaire de crime contre un ancien président américain.

Cette affaire historique, la seule des quatre poursuites pénales contre M. Trump à aboutir à un procès, était centrée sur des allégations selon lesquelles M. Trump et ses alliés avaient conspiré pour étouffer des histoires potentiellement embarrassantes au cours de la campagne présidentielle de 2016 en versant de l’argent secrètement – y compris à Stromy Daniels, une actrice pornographique qui affirmait qu’elle et Trump avaient eu des relations sexuelles dix ans plus tôt.

«Cette affaire, à la base, concerne un complot et une dissimulation», a déclaré le procureur Joshua Steinglass aux jurés, qui devraient commencer les délibérations mercredi. Il a ajouté plus tard: «Nous ne saurons jamais si ces efforts visant à tromper les électeurs ont fait la différence lors des élections de 2016, mais ce n’est pas quelque chose que nous devons prouver.»

L’avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a déclaré aux jurés qu’on ne pouvait faire confiance ni à Stormy Daniels ni à l’avocat de Donald Trump qui l’a payée, Michael Cohen.

«Le président Trump est innocent. Il n’a commis aucun crime et le procureur n’a pas assumé la charge de la preuve, point final», a déclaré M. Blanche.

Des témoignages clés

Après plus de quatre semaines de témoignages, les délibérations représentent une tâche capitale et historiquement sans précédent pour le jury alors qu’il décidera de condamner ou non le candidat républicain présumé à la présidentielle avant les élections de novembre.

Les sous-entendus politiques étaient bien présents lors de la procédure, puisque la campagne du président Joe Biden a organisé un événement à l’extérieur du palais de justice avec l’acteur Robert De Niro, tandis que M. Blanche a rappelé aux jurés que l’affaire n’était pas un référendum sur leurs opinions de Donald Trump.

Au cours d’une discussion marathon de cinq heures qui s’est prolongée jusque tard dans la soirée, M. Steinglass a souligné aux jurés la richesse des preuves qu’ils avaient vues, mais a également cherché à apaiser les inquiétudes potentielles concernant la crédibilité des témoins. Donald Trump et son équipe juridique, par exemple, ont dénoncé à plusieurs reprises Michael Cohen, qu’ils accusent d’être un menteur.

Le procureur a reconnu que le récit de Stormy Daniels sur la prétendue rencontre en 2006 dans une suite d’hôtel de Lake Tahoe, que M. Trump a nié, était parfois «embarrassants». Mais il a déclaré que les détails qu’elle a fournis – y compris sur la décoration et ce qu’elle a dit avoir vu lorsqu’elle a fouillé dans la trousse de toilette de M. Trump – étaient pleins d’éléments «qui sonnent vrai».

Il a déclaré que l’histoire était importante, car elle «renforce l’incitation (de M. Trump) à acheter son silence».

Le paiement dissimulé se serait déroulé dans le contexte de la divulgation d’un enregistrement «Access Hollywood» de 2005 dans lequel on pouvait entendre M. Trump se vanter d’avoir attouché sexuellement des femmes sans leur permission. Si l’histoire de Mme Daniels avait été révélée après cet enregistrement, cela aurait sapé sa stratégie de dédramatiser ses paroles, a déclaré M. Steinglass.

«Il est essentiel de comprendre cela», a-t-il dit. En même temps qu’il rejetait ses propos enregistrés en les qualifiant de «discours de vestiaire», M. Trump «négociait pour museler une vedette du porno».

Todd Blanche, qui a pris la parole le premier, a cherché à minimiser les retombées en affirmant que la cassette «Access Hollywood» n’était pas un «événement apocalyptique».

M. Steinglass a également soutenu que la thèse de l’accusation ne reposait pas uniquement sur Michael Cohen, l’ancien avocat et arrangeur personnel de M. Trump qui a payé 130 000 $ US à Mme Daniels pour qu’elle se taise. M. Cohen avait ensuite plaidé coupable aux accusations fédérales pour son rôle dans les paiements secrets, ainsi que pour avoir menti au Congrès. Il est allé en prison et a été radié du barreau, mais son implication directe dans les transactions a fait de lui un témoin clé du procès.

«Il ne s’agit pas de savoir si vous aimez Michael Cohen. Il ne s’agit pas de savoir si vous voulez faire affaire avec Michael Cohen», a déclaré le procureur. «Il s’agit de savoir s’il dispose d’informations utiles et fiables à vous donner sur ce qui s’est passé dans cette affaire, et la vérité est qu’il était le mieux placé pour le faire savoir.»

M. Trump fait face à 34 chefs d’accusation pour falsification de dossiers commerciaux, des accusations passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison. Il a plaidé non coupable et a nié tout acte répréhensible.

Dans son propre discours au jury, Todd Blanche a fustigé l’ensemble du fondement de l’affaire.

L’avocat de la défense a déclaré que M. Cohen, et non M. Trump, avait créé les factures soumises à la Trump Organization pour remboursement et il a rejeté la caricature de l’accusation d’un gestionnaire soucieux des détails, suggérant à la place que Donald Trump était préoccupé par la présidence et non par les chèques qu’il signait. Il s’est aussi moqué de l’idée selon laquelle le prétendu échange d’argent secret équivalait à de l’ingérence électorale.

Il a réservé son attaque la plus vive à M. Cohen, avec qui il a échangé au cours d’un long contre-interrogatoire.

Reprenant le terme «GOAT», utilisé principalement dans le sport comme acronyme pour «le meilleur de tous les temps», M. Blanche a qualifié M. Cohen de « GLOAT » – le plus grand menteur de tous les temps – et l’a qualifié «d’incarnation humaine du doute raisonnable».

Dans son témoignage, Michael Cohen a reconnu une litanie de mensonges passés, dont beaucoup, selon lui, visaient à protéger Donald Trump. Mais il a déclaré qu’il avait ensuite dit la vérité, à grands frais: «Ma vie entière a été bouleversée en conséquence directe», a-t-il dit.

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La rédactrice d’Associated Press Michelle L. Price à New York a contribué à cet article.

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