Les avocats de Donald Trump demandent à un juge new-yorkais de lever l’ordonnance de bâillon qui interdisait à l’ancien président de faire des commentaires sur les témoins, jurés et autres personnes liées à l’affaire pénale qui a conduit à sa condamnation pour falsification de documents dans le but de dissimuler un potentiel scandale sexuel.
Dans une lettre publiée mardi, les avocats de M. Trump, Todd Blanche et Emil Bove, ont demandé au juge Juan M. Merchan de mettre fin à l’ordonnance de bâillon, arguant que rien ne justifie «le maintien des restrictions sur les droits du premier amendement du président Trump» maintenant que le procès est terminé.
Les deux avocats ont déclaré que M.Trump avait droit à une «campagne de plaidoyer sans retenue» à la lumière des commentaires publics du président Joe Biden sur le verdict de vendredi dernier et des critiques publiques continues à son encontre de la part de son ex-avocat Michael Cohen et de l’actrice porno Stormy Daniels, tous deux. des témoins clés à charge.
Les avocats de Trump affirment également que le bâillon doit être supprimé afin qu’il soit libre d’aborder pleinement l’affaire et sa condamnation lors du premier débat présidentiel prévu le 27 juin.
Le bureau du procureur du district de Manhattan a refusé de commenter.
Le juge Merchan avait imposé un bâillon à Trump le 26 mars, quelques semaines avant le début du procès, après que les procureurs ont exprimé leurs inquiétudes quant à la propension du candidat républicain présumé à la présidentielle à attaquer les personnes impliquées dans ses affaires.
Juan M. Merchan l’a ensuite élargi pour interdire les commentaires sur sa propre famille après que M. Trump a publié des publications sur les réseaux sociaux attaquant la fille du juge, une consultante politique démocrate. Les commentaires sur le juge Merchan et le procureur Alvin Bragg sont autorisés, mais l’ordonnance de bâillon interdit tout commentaire sur le personnel du tribunal et les membres de l’équipe des poursuites de M. Bragg.
Donald Trump a été reconnu coupable jeudi de 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux dans une manoeuvre que les procureurs ont qualifié de tentative de dissimuler un paiement secret à Mme Daniels juste avant les élections de 2016. Elle affirme avoir eu une relation sexuelle avec M. Trump une décennie plus tôt, ce qu’il nie. Il devrait être condamné le 11 juillet.
Les procureurs avaient déclaré qu’ils souhaitaient que l’ordonnance de bâillon «protége l’intégrité de cette procédure pénale et évite tout préjudice au jury». Dans l’ordonnance, le juge Merchan a noté que les procureurs avaient demandé les restrictions «pour la durée du procès». Il n’a pas précisé quand elles seraient levées.
Me Blanche a déclaré à l’Associated Press vendredi dernier qu’il croyait comprendre que l’ordonnance de bâillon expirerait à la fin du procès et qu’il demanderait des éclaircissements au juge, ce qu’il a fait mardi.
«C’est un peu le théâtre de l’absurde à ce stade, non? Michael Cohen n’est plus témoin dans ce procès», a déclaré Me Blanche à l’AP. «Le procès est terminé. Même chose pour tous les autres témoins. Alors, nous verrons. Je ne veux en aucun cas dire pour manquer de respect envers le juge et le processus. Je veux juste être prudent et comprendre quand cela ne s’applique plus.»
Un bâillon déjà violé
M. Trump a continué d’agir en pensant qu’il était toujours sous bâillon, déclarant aux journalistes vendredi à la Trump Tower: «Je suis sous le coup d’un bâillon, d’un méchant bâillon».
Faisant référence à M. Cohen, Donald Trump a déclaré: «Je ne suis pas autorisé à utiliser son nom à cause de l’ordre de bâillon», avant de qualifier son ancien avocat devenu son ennemi lors du procès d’«ordure».
Lors du procès, le juge Merchan avait infligé à M. Trump une amende de 10 000 $ pour avoir violé l’ordonnance de bâillon et avait menacé de le mettre en prison s’il récidivait.
L’utilisation par M. Trump du terme «ordure» pour décrire M. Cohen juste avant le procès a indigné les procureurs, mais n’a pas été considérée comme une violation de l’ordonnance de bâillon par le juge.
Le juge Merchan a aussi refusé de sanctionner Donald Trump pour une publication du 10 avril sur les réseaux sociaux contenant cette insulte, qui faisait référence à M. Cohen et Mme Daniels.
Le juge a déclaré à l’époque que l’affirmation de M. Trump selon laquelle il répondait aux précédents messages de M. Cohen qui le critiquaient était suffisante pour se questionner à savoir si les procureurs avaient rempli leur fardeau en démontrant que le message était hors limites.