TAIPEI, Taïwan — Les candidats à la présidentielle taïwanaise ont exprimé leur désir de relations pacifiques avec Pékin, qui a décrit les élections du 13 janvier sur l’île autonome comme un choix entre la guerre et la paix, et a intensifié le harcèlement du territoire que la Chine revendique comme le sien.
Lai Ching-te, favori et actuellement vice-président du pays et membre du Parti démocrate au pouvoir, a déclaré samedi lors d’un débat télévisé qu’il était prêt à communiquer avec le gouvernement de Pékin, qui a refusé de parler avec lui ou avec la présidente Tsai Ing-wen.
Pékin favorise le candidat du parti nationaliste plus favorable à la Chine, connu sous le nom de Kuomintang, et a accusé M. Lai et Mme Tsai d’être des «séparatistes» qui tentent de provoquer une attaque chinoise contre Taiwan.
Taïwan s’est séparé de la Chine au milieu de la guerre civile en 1949, mais Pékin continue de considérer l’île de 23 millions d’habitants et son économie de haute technologie comme un territoire chinois et n’a cessé d’augmenter sa menace d’atteindre cet objectif par la force militaire si nécessaire.
Les tensions avec la Chine ont été au cœur de la campagne présidentielle.
La Chine a également intensifié sa pression militaire sur l’île en envoyant presque quotidiennement des avions et des navires militaires à proximité de l’île. Le ministère de la Défense de Taïwan a également signalé ce mois-ci que des ballons chinois, qui pourraient être utilisés à des fins d’espionnage, volaient à proximité.
Les divergences sur Taïwan constituent un point chaud majeur dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Les relations des États-Unis avec l’île sont régies par le Taiwan Relations Act de 1979, qui fait de la politique américaine un moyen de garantir à Taïwan les ressources nécessaires à sa défense et d’empêcher tout changement unilatéral de statut de la part de Pékin.
M. Lai – qui arrive en tête de la plupart des sondages – a promis d’aider à renforcer la défense et l’économie de Taïwan s’il était élu.
«Tant qu’il y aura égalité et dignité des deux côtés du détroit de Taïwan, la porte de Taïwan sera toujours ouverte, a-t-il soutenu lors du débat. Je suis disposé à mener des échanges et une coopération avec la Chine pour améliorer le bien-être des populations des deux côtés du détroit de Taïwan.»
«La communauté internationale a pris conscience de la menace que la Chine représente pour Taïwan et la communauté internationale, a affirmé M. Lai. En fait, tout le monde se prépare déjà à réagir. Nous devrions… nous unir et coopérer pour assurer la paix.»
Hou Yu-ih, le candidat du Kuomintang, a également déclaré qu’il recherchait des relations pacifiques avec Pékin.
Le Kuomintang avait précédemment soutenu l’unification avec la Chine, mais le parti a changé de position ces dernières années, car l’électorat taïwanais s’identifie de plus en plus comme Taïwanais – plutôt que comme Chinois – et souhaite maintenir le statu quo dans ses relations avec Pékin.
M. Hou a déclaré qu’il s’opposait à l’indépendance de Taïwan, mais également à une éventuelle unification dans le cadre chinois «un pays, deux systèmes», que Pékin a utilisé pour gouverner Hong Kong, une ancienne colonie britannique revenue à la Chine en 1997. M. Hou a dit qu’il recherchait «la démocratie et la liberté» pour Taïwan.
Le troisième candidat, Ko Wen-je, du plus petit Parti du peuple de Taïwan, a fait référence à une citation du secrétaire d’État américain Antony Blinken concernant les relations entre les États-Unis et la Chine, affirmant que «Taiwan et la Chine coopéreront s’ils peuvent coopérer, rivaliseront s’il y a un besoin de rivaliser, et s’affronter s’ils doivent s’affronter».
«Les gens des deux côtés du détroit de Taïwan sont de la même race et ont la même histoire, la même langue, la même religion et la même culture, mais à ce stade, nous avons un système politique et un mode de vie différents», a fait valoir M. Ko, ajoutant que «Taïwan a besoin d’autonomie et les deux rives du détroit de Taïwan ont besoin de paix».
«Nous devons faire comprendre au gouvernement chinois que mon objectif est que Taïwan doit maintenir son système politique, et son mode de vie démocratique et libre actuel, a plaidé M. Ko. Ce n’est que si ces conditions sont remplies que nous pourrons dialoguer.»