Les cartels et les gangs de la drogue au Mexique perturbent la campagne électorale

Fabiola Sánchez et Armando Solís, The Associated Press
Les cartels et les gangs de la drogue au Mexique perturbent la campagne électorale

Les cartels et les gangs de drogue du Mexique semblent jouer un rôle plus important qu’auparavant dans les élections, qui se dérouleront dimanche.

Les puissants cartels de la drogue du pays organisent depuis longtemps des assassinats ciblés de candidats à la mairie et d’autres candidats locaux qui menacent leur pouvoir. Au Mexique, les gangs dépendent du contrôle des chefs de police locaux et de leur part des budgets municipaux.

Mais la politique nationale semblait jusqu’ici moins les intéresser.

Or, à l’approche du vote de dimanche, les gangs ont commencé à ouvrir le feu de plus en plus lors de rassemblements électoraux, à brûler des bulletins de vote ou à empêcher l’installation de bureaux de vote, et même à installer des banderoles cherchant à influencer les électeurs. Les Mexicains devront élire le prochain président, en plus de neuf gouverneurs et environ 19 000 maires.

L’Institut national électoral affirme avoir dû annuler l’ouverture de 170 bureaux de vote, principalement au Chiapas et au Michoacán, principalement en raison de problèmes de sécurité.

Au Chiapas, les autorités électorales affirment qu’il y a des endroits où elles ne peuvent même pas se rendre. Bien que cela ne représente qu’une infime fraction des 170 858 bureaux de vote du pays, la situation demeure inquiétante.

L’analyste de la sécurité David Saucedo estime qu’il est probable que certains gangs de drogue tentent de forcer les électeurs à voter pour leurs candidats préférés.

«Il est raisonnable de supposer que les cartels mobiliseront leurs bases de soutien lors des élections de dimanche, a déclaré M. Saucedo. Ils ont des électeurs fidèles qu’ils ont conquis grâce à la distribution de colis alimentaires, d’argent en espèces, de médicaments et de projets d’infrastructure. Ils les utiliseront pour soutenir les narcocandidats.»

Dans certains endroits, il semble que les gangs encouragent les gens à voter, et tentent de les arrêter dans les zones contrôlées par leurs rivaux.

Les incidents se multiplient

Vendredi, les autorités électorales ont rapporté que des assaillants avaient incendié une maison dans laquelle des bulletins de vote étaient entreposés en prévision de dimanche, dans la ville de Chicomuselo, ravagée par la violence, située au sud du pays. Bien qu’elles n’aient pas précisé qui était derrière l’attaque, la ville est complètement dominée par deux cartels de la drogue en guerre.

Le 14 mai, des hommes armés apparemment liés à un cartel ont abattu 11 personnes en une seule journée à Chicomuselo.

Le 17 mai, cinq personnes ont été tuées, ainsi qu’un candidat à la mairie, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur une foule dans la ville de La Concordia, au Chiapas, à environ 75 km à l’est de Chicomuselo.

Les assassinats ciblés de candidats locaux se sont poursuivis. Mercredi, des images vidéo montraient un candidat à la mairie de l’État de Guerrero, dans le sud du pays, abattu par balle.

Au total, 31 candidats, presque tous candidats à la mairie, ont été tués cette année.

Mercredi, dernier jour officiel de campagne, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu à quelques pâtés de maisons du dernier rassemblement électoral d’un candidat à la mairie dans l’État du Michoacán, dans l’ouest du pays. Des centaines de personnes ont dû courir se mettre à l’abri.

M. Saucedo considère les fusillades comme un signe que les gangs de narcotiques souhaitent voir leurs candidats favoris l’emporter.

«Plutôt que de permettre la victoire d’un candidat qui ne correspond pas à leurs intérêts criminels, ou de permettre la victoire d’un candidat lié à un gang de drogue rival, ils utilisent cette tactique, a-t-il expliqué. Dans la dernière ligne droite, nous assistons à une stratégie plutôt désespérée de la part de certains groupes de trafiquants de drogue.»

Ce dernier a ajouté que de telles tentatives de narcocontrôle de la politique locale avaient déjà été observées dans certains États particulièrement violents, comme Tamaulipas. «Ce qui était autrefois limité (…) s’étend désormais à l’ensemble du pays», a-t-il soulevé.

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