Des parachutistes sautant d’avions datant de la Deuxième Guerre mondiale se sont précipités dimanche du ciel normand, où la guerre faisait rage en juin 1944, annonçant une semaine de cérémonies en l’honneur de la génération en voie de disparition des troupes alliées qui ont combattu sur les plages le jour J, il y a 80 ans, jusqu’à la chute d’Adolf Hitler.
Tout au long de la côte normande – où de jeunes soldats venus des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et d’autres pays alliés ont débarqué sous des pluies de tirs sur cinq plages le 6 juin 1944 – des responsables français, des survivants normands reconnaissants et d’autres admirateurs disent «merci», mais aussi au revoir.
Le nombre toujours plus réduit de vétérans âgés de plus de 90 ans qui reviennent pour se souvenir de leurs amis tombés au combat et de leurs exploits qui ont marqué l’histoire est le dernier.
Les feux d’artifice, les sauts en parachute, les commémorations solennelles et les cérémonies auxquelles les dirigeants du monde assisteront cette semaine ont notamment pour objectif de passer le relais du souvenir aux générations actuelles qui voient à nouveau la guerre en Europe, en Ukraine. Le président américain Joe Biden, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et la famille royale britannique font partie des invités importants que la France attend pour les événements du jour J.
Dimanche, trois avions de transport C-47 ont largué trois longues files de sauteurs, leurs parachutes ronds s’ouvrant en trombe dans un ciel bleu parsemé de nuages blancs bouffis, sous les cris de joie de l’immense foule qui, dans l’attente, s’est réjouie d’airs de Glenn Miller et d’Édith Piaf.
Les avions ont fait une boucle et ont largué trois autres groupes de sauteurs. Certains des applaudissements les plus forts de la foule ont éclaté lorsqu’un cerf surpris a bondi des sous-bois alors que les sauteurs atterrissaient et a couru à travers la zone d’atterrissage.
Après un dernier passage pour larguer deux derniers parachutistes, les avions sont passés au-dessus de la foule en formation serrée et ont disparu à l’horizon.
Des dizaines d’anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale convergent vers la France pour revisiter de vieux souvenirs, en créer de nouveaux et marteler un message que les survivants du jour J, et de la bataille de Normandie qui s’en est suivie, ainsi que d’autres théâtres de la Deuxième Guerre mondiale ont répété à maintes reprises : la guerre est un enfer.
«Sept mille de mes camarades du corps des Marines ont été tués. Vingt mille blessés, embarqués sur des navires ou gisant en mer», a déclaré Don Graves, un vétéran du Corps des Marines américain qui a servi à Iwo Jima, dans le Pacifique.
«Je veux que les jeunes, la jeune génération d’ici, sachent ce que nous avons fait», a affirmé M. Graves, qui faisait partie d’un groupe de plus de 60 anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale qui se sont rendus à Paris samedi.
Le plus jeune vétéran du groupe a 96 ans et le plus ancien a 107 ans, selon leur transporteur aérien de Dallas, American Airlines.
«Nous avons fait notre travail et nous sommes rentrés à la maison et c’est tout. Nous n’en avons jamais parlé, je pense. Pendant 70 ans, je n’en ai pas parlé», a déclaré un autre vétéran, Ralph Goldsticker, capitaine de la Force aérienne des États-Unis, qui a servi dans le 452e Bomb Group.
À propos du débarquement du jour J, il se souvient avoir vu depuis son avion «une très grande partie de la plage avec des milliers de navires» et a parlé de bombardements contre les bastions allemands et les routes que les forces allemandes auraient autrement pu utiliser pour précipiter des renforts afin de repousser l’invasion dans la mer.
«J’ai largué ma première bombe à 6 h 58 sur une batterie de canons lourds, a-t-il raconté. Nous sommes rentrés chez nous, nous avons atterri à 9 h 30. Nous avons rechargé.»