Les responsables financiers du Groupe des sept (G7) démocraties les plus riches ont déclaré qu’ils s’étaient rapprochés d’un accord sur une proposition américaine visant à obtenir plus d’argent pour l’Ukraine à partir d’avoirs russes gelés dans leurs pays. Les ministres ont toutefois laissé un accord final en suspens avant le sommet des dirigeants nationaux, qui se tiendra en juin.
«Nous progressons dans nos discussions sur les moyens potentiels de faire profiter l’Ukraine des profits extraordinaires provenant des actifs souverains russes bloqués», indique le projet de déclaration, sans fournir de détails.
Malgré les progrès réalisés lors de la réunion de Stresa, sur les rives du lac Majeur, dans le nord de l’Italie, la décision finale sur la manière dont les actifs seront utilisés reviendra aux dirigeants nationaux du G7, dont le président américain Joe Biden, le mois prochain lors de leur sommet annuel à Fasano, dans le sud de l’Italie.
Le ministre des Finances hôte, Giancarlo Giorgetti, a déclaré que «des progrès ont été réalisés jusqu’à présent», mais qu’il y avait «des problèmes juridiques et techniques qui doivent être surmontés».
«Ce n’est pas une tâche facile, mais nous y travaillons», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion.
Le ministre ukrainien des Finances, Serhiy Marchenko, s’est joint samedi aux ministres des Finances et aux dirigeants des banques centrales lors de leur séance de clôture. «Je suis satisfait des progrès réalisés», a-t-il déclaré ensuite aux journalistes. Il a soutenu que les ministres du G7 «travaillent très dur pour trouver une solution fiable pour l’Ukraine».
Le Congrès américain a adopté une loi autorisant l’administration Biden à saisir les quelque 5 milliards $ d’actifs russes situés aux États-Unis, mais les pays européens ont un poids important dans cette affaire, car la plupart des 260 milliards $ d’actifs de la banque centrale russe gelés après l’invasion du 24 février 2022 sont détenus dans leurs juridictions.
Invoquant des préoccupations juridiques, les responsables européens ont hésité à confisquer purement et simplement l’argent et à le remettre à l’Ukraine en guise de compensation pour les destructions causées par la Russie.
Au lieu de cela, ils envisagent d’utiliser les intérêts accumulés sur les actifs, mais cela ne représente qu’environ 3 milliards $ par an, soit environ un mois de besoins de financement pour le gouvernement ukrainien.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, préconise d’emprunter sur les futurs revenus d’intérêts des avoirs gelés. Cela signifierait que l’Ukraine pourrait recevoir immédiatement jusqu’à 50 milliards $.
Mais la proposition a suscité des inquiétudes de la part des membres européens quant aux complexités juridiques et aux craintes que la Russie puisse exercer des représailles contre le nombre réduit d’entreprises et de particuliers occidentaux qui détiennent encore des avoirs en Russie, ou contre le dépositaire de titres Euroclear en Belgique, où la majeure partie des fonds est détenue.
La Russie a publié un décret du président Vladimir Poutine autorisant la confiscation des actifs d’entreprises et de particuliers américains en compensation de tout avoir russe saisi aux États-Unis.
Les ministres ont également discuté des mesures à prendre face à la production chinoise démesurée et soutenue par l’État de technologies énergétiques vertes, que les États-Unis considèrent comme une menace pour l’économie mondiale. Les États-Unis ont imposé de nouveaux droits de douane importants sur les véhicules électriques, les semi-conducteurs, les équipements solaires et les fournitures médicales importés de Chine. Il s’agit d’un droit de douane de 100 % sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, destiné à protéger l’économie américaine des importations chinoises bon marché.
La position américaine est que la surcapacité chinoise constitue un problème non seulement pour eux, mais aussi pour les autres pays du G7 et en développement. En effet, la vente par la Chine de produits à bas prix menace l’existence d’entreprises concurrentes dans le monde entier.
Le G7 est un forum informel qui organise un sommet annuel pour discuter des questions de politique économique et de sécurité. Les pays membres sont le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Des représentants de l’Union européenne (UE) y participent également, mais l’UE n’assure pas la rotation de la présidence.
– Avec des informations de Colleen Barry, à Milan