DAYR AL BALAḨ, Palestine — Les médecins, les patients et les personnes déplacées fuient le principal hôpital du centre de Gaza alors que les combats entre les forces israéliennes et les militants palestiniens se rapprochent, selon des témoins. La perte de cet établissement serait un nouveau coup dur pour un système de santé dévasté par trois mois de guerre.
Médecins sans frontières et d’autres groupes humanitaires se sont retirés ces derniers jours de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, affirmant qu’il était trop dangereux. Cela a semé la panique parmi les personnes qui s’y abritaient, poussant beaucoup d’entre elles à rejoindre les centaines de milliers de personnes qui ont fui vers le sud du territoire assiégé.
Israël affirme avoir largement bouclé ses opérations majeures dans le nord de Gaza et se concentrer désormais sur la région centrale et la ville méridionale de Khan Younès. Les responsables israéliens ont déclaré que les combats se poursuivraient pendant encore plusieurs mois alors que l’armée cherche à démanteler le Hamas et à restituer de nombreux otages capturés lors de l’attaque du groupe militant du 7 octobre qui a déclenché la guerre.
L’offensive a déjà tué plus de 22 000 Palestiniens, détruit de vastes étendues de la bande de Gaza, déplacé près de 85 % de sa population de 2,3 millions d’habitants et laissé un quart de ses habitants confrontés à la famine.
Cela a également menacé de déclencher une guerre plus large avec le Hezbollah libanais et d’autres groupes militants soutenus par l’Iran et alliés du Hamas.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est de retour dans la région cette semaine. Les États-Unis, qui ont apporté un soutien militaire et diplomatique crucial à l’offensive, ont appelé Israël à prendre des mesures plus importantes pour épargner les civils, mais se sont également joints à eux pour rejeter les appels internationaux à un cessez-le-feu.
Des «scènes ignobles» dans les hôpitaux
Des dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans les hôpitaux de Gaza, qui ont également du mal à soigner des dizaines de personnes blessées chaque jour lors des frappes israéliennes. Seuls 13 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent même partiellement, selon le bureau humanitaire des Nations Unies.
Omar al-Darawi, un employé de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, a relaté que l’établissement avait été frappé à plusieurs reprises ces derniers jours. Il a expliqué que des milliers de personnes étaient parties après le retrait des groupes humanitaires et que les patients avaient été concentrés sur un seul étage afin que les médecins restants puissent s’en occuper plus facilement.
«Nous avons un grand nombre de blessés qui ne peuvent pas bouger, a-t-il indiqué. Ils ont besoin de soins particuliers, qui ne sont pas disponibles.»
De plus en plus de morts et de blessés arrivent chaque jour alors que les forces israéliennes avancent dans le centre de Gaza à la suite de lourdes frappes aériennes. Le ministère de la Santé a déclaré lundi matin que 73 corps et 99 blessés avaient été transportés à l’hôpital au cours des dernières 24 heures.
Le personnel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’est rendu dimanche a vu «des scènes ignobles de personnes de tous âges soignées sur des sols souillés de sang et dans des couloirs chaotiques», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’agence des Nations Unies, dans un communiqué. «Le bain de sang à Gaza doit cesser.
Des conditions terribles au Nord
La situation est encore plus désastreuse dans le nord de Gaza, que les forces israéliennes ont coupé du reste du territoire fin octobre.
Des quartiers entiers ont été démolis et des centaines de milliers de personnes ont fui, tandis que ceux qui restent sont confrontés à de graves pénuries de nourriture et d’eau. L’OMS a déclaré dimanche soir qu’elle n’avait pas été en mesure de livrer des fournitures au nord de Gaza depuis 12 jours.
Même là-bas, Israël continue de lutter contre ce qu’il décrit comme des poches de militants.
Une frappe aérienne a détruit tôt dimanche une maison de quatre étages remplie de personnes déplacées dans le camp de réfugiés urbain de Jabaliya, tuant au moins 70 personnes, dont des femmes et des enfants, selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile de Gaza. Il n’y a pas eu de confirmation immédiate de la part du ministère de la Santé, qui a du mal à maintenir ses opérations dans le nord.
Les recherches étaient toujours en cours lundi. La défense civile a diffusé une vidéo explicite montrant les conséquences de l’attaque, avec plusieurs corps éparpillés parmi les décombres.
Le camp de Jabaliya, qui a été construit pour les réfugiés palestiniens lors de la guerre de 1948 entourant la création d’Israël et qui est aujourd’hui un quartier dense et bâti, a connu des semaines de violents combats.
Plus de 22 800 Palestiniens ont été tués et plus de 58 000 blessés depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Le bilan des morts ne fait pas de distinction entre combattants et civils. Les responsables de la santé affirment qu’environ les deux tiers des personnes tuées étaient des femmes et des mineurs.
Israël accuse le Hamas d’être responsable des pertes civiles parce que le groupe fonctionne dans des zones résidentielles densément peuplées, mais l’armée commente rarement les frappes individuelles. L’armée affirme avoir tué quelque 8000 militants, sans fournir de preuves, et que 176 de ses propres soldats ont été tués lors de l’offensive.
Le Hamas et d’autres militants ont tué environ 1200 personnes dans le sud d’Israël le 7 octobre, pour la plupart des civils, et ont pris en otage quelque 250 personnes, dont plus de 100 ont été libérées lors d’un cessez-le-feu en novembre.