Les procureurs de New York ont accusé l’avocat principal de la défense d’Harvey Weinstein d’avoir fait des déclarations publiques destinées à intimider un témoin potentiel avant le nouveau procès de l’ex-magnat du cinéma et ont demandé au juge d’agir.
Le bureau du procureur du district de Manhattan a envoyé jeudi une lettre au juge de première instance critiquant les propos tenus par l’avocat Arthur Aidala en dehors du tribunal le 1er mai, exhortant le juge à rappeler à l’équipe de défense «de ne pas faire de déclarations publiques discutant ou dénigrant des témoins potentiels à l’avenir».
Le mois dernier, le plus haut tribunal de New York a invalidé la condamnation pour viol de M. Weinstein, sanctionnée en 2020, estimant que le juge du procès avait injustement autorisé d’autres femmes à témoigner sur des allégations qui ne faisaient pas partie de l’affaire.
Dans ce procès historique du mouvement #MoiAussi, M. Weinstein avait été reconnu coupable d’avoir violé une actrice en herbe en 2013 et d’avoir agressé sexuellement une assistante de production de télévision et de cinéma, Miriam Haley, en 2006. Harvey Weinstein, 72 ans, nie les accusations.
S’adressant aux journalistes sur le sujet après la première comparution de M. Weinstein depuis que le tribunal a rendu sa décision, Me Aidala a déclaré qu’il pensait que Mme Haley avait menti au jury sur les raisons qui l’avaient poussée à dénoncer, ce que les procureurs réfutent. Il a ajouté que son équipe prévoyait un contre-interrogatoire agressif sur la question, «si (Miriam Haley) ose venir se montrer ici».
Cette dernière, qui n’a pas assisté à l’audience du tribunal, avait déclaré quelques jours plus tôt qu’elle se demandait si elle devait témoigner une seconde fois lors d’un nouveau procès.
Me Aidala a refusé de commenter vendredi dernier.
La procureure adjointe Nicole Blumberg, dans la lettre adressée au juge Curtis Farber, a déclaré que l’avocat de la défense avait violé les règles de conduite professionnelles de l’État et «avait sciemment négligé ses obligations professionnelles et éthiques».
«L’intention évidente de ses déclarations était d’intimider Mme Haley et de la dissuader à coopérer lors du nouveau procès de cette affaire», a écrit Me Blumberg.
La procureure adjointe a demandé au juge Farber de rappeler aux avocats de la défense leurs obligations éthiques concernant les déclarations extrajudiciaires et de leur ordonner de cesser de faire des déclarations publiques sur les témoins, car ces propos «pourraient nuire matériellement à l’affaire».
La prochaine comparution de M. Weinstein est mercredi. Lors de l’audience du 1er mai, les procureurs ont demandé un nouveau procès dès septembre. Le juge Farber a précisé que le procès aurait lieu quelque temps après la fête du Travail.
Harvey Weinstein, qui purgeait une peine de 23 ans de prison pour la condamnation de Manhattan, a été transféré d’une prison d’État à une prison municipale après la décision rendue le mois dernier par la Cour d’appel de l’État. Il a également été reconnu coupable à Los Angeles en 2022 d’un autre viol et est toujours condamné à 16 ans de prison en Californie.
Miriam Haley a déclaré le mois dernier lors d’une conférence de presse avec son avocat, Gloria Allred, qu’elle ne voulait pas subir le traumatisme de témoigner à nouveau, «mais pour continuer et faire ce qu’il faut et parce que c’est ce qui s’est passé, je le considérerais».
Me Allred a refusé de commenter vendredi.
L’Associated Press n’identifie généralement pas les personnes alléguant une agression sexuelle à moins qu’elles consentent à être nommées, comme l’a fait Mme Haley.