L’Iran pourrait vouloir négocier avec les États-Unis sur le nucléaire

Jon Gambrell, The Associated Press

Le Guide suprême iranien a ouvert mardi la porte à de nouvelles négociations avec les États-Unis sur le programme nucléaire en pleine progression de son pays, affirmant à son gouvernement civil qu’il n’y avait «aucun obstacle» à un dialogue avec son «ennemi».

Les remarques de l’ayatollah Ali Khamenei ont clairement établi des lignes rouges pour toute négociation ayant lieu sous le gouvernement du président réformiste Masoud Pezeshkian et ont renouvelé ses avertissements selon lesquels l’Amérique n’était pas digne de confiance.

Toutefois, ses commentaires reflètent ceux de l’époque de l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les puissances mondiales, qui a vu le programme nucléaire de Téhéran considérablement réduit en échange de la levée des sanctions économiques.

«Nous n’avons pas à placer nos espoirs dans l’ennemi. Pour nos plans, nous ne devons pas attendre l’approbation des ennemis», a déclaré M. Khamenei dans une vidéo diffusée par la télévision d’État. «Il n’est pas contradictoire d’affronter le même ennemi à certains endroits, il n’y a pas d’obstacle.»

M. Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les questions d’État, a également averti le cabinet du président Pezeshkian: «Ne faites pas confiance à l’ennemi».

M. Khamenei, 85 ans, a parfois appelé à des pourparlers avec les États-Unis ou les a rejetés après que le président de l’époque, Donald Trump, a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord.

Le département d’État américain n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur les remarques de M. Khamenei. Des pourparlers indirects ont eu lieu entre l’Iran et les États-Unis ces dernières années, sous la médiation d’Oman et du Qatar, qui sont deux des interlocuteurs des États-Unis au Moyen-Orient sur les questions iraniennes.

Tensions

Depuis l’échec de l’accord, l’Iran a abandonné toutes les limites qui étaient imposées à son programme et enrichit l’uranium jusqu’à 60 % de pureté — soit près des niveaux de qualité militaire de 90 %.

Les caméras de surveillance installées par l’Agence internationale de l’énergie atomique ont été perturbées, tandis que l’Iran a exclu certains des inspecteurs les plus expérimentés de l’agence établie à Vienne. Les responsables iraniens ont également de plus en plus menacé de se lancer dans le développement d’une arme atomique.

Pendant ce temps, les tensions entre l’Iran et Israël ont atteint un nouveau sommet dans la guerre qui oppose Israël au Hamas dans la bande de Gaza.

En avril, Téhéran a lancé une attaque sans précédent de drones et de missiles contre l’État hébreu. Celle-ci survenait après plusieurs années de guerre de l’ombre entre les deux pays, qui a atteint son paroxysme avec l’attaque israélienne d’un bâtiment consulaire iranien en Syrie, causant la mort de deux généraux iraniens et d’autres personnes.

L’assassinat, à Téhéran, du chef militaire du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a également poussé l’Iran à menacer Israël de représailles.

M. Pezeshkian, un ancien député qui a remporté la présidence après la mort de son prédécesseur Ebrahim Raïssi lors d’un accident d’hélicoptère survenu en mai, a fait campagne en partie sur une promesse de réengager l’Occident dans les négociations. Les remarques de M. Khamenei, en tant que Guide suprême de l’Iran, pourraient lui fournir la couverture politique pour le faire.

Le nouveau ministre des Affaires étrangères de M. Pezeshkian, Abbas Araghtchi, a été profondément impliqué dans les négociations sur l’accord de 2015.

Élection à venir

Si l’Iran a changé de président ce printemps, les États-Unis vivront aussi un changement à la présidence dans les prochains mois, alors que l’élection du 5 novembre opposera la vice-présidente Kamala Harris à l’ex-président Donald Trump. L’Iran s’inquiète d’un possible retour au pouvoir de M. Trump.

Alors que les États-Unis ont engagé des pourparlers indirects avec l’Iran sous la présidence de Joe Biden, on ne sait toujours pas comment cela se traduirait sous une éventuelle administration Harris.

Lors d’un discours à la convention nationale démocrate, la semaine dernière, Mme Harris a assuré qu’elle n’hésitera «jamais à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre nos forces et nos intérêts contre l’Iran et les terroristes soutenus par l’Iran».

L’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Iran Mohammad Djavad Zarif, qui a aidé à conclure l’accord de 2015, a participé à la réunion de mardi entre M. Khamenei et le cabinet de M. Pezeshkian.

Après la réunion, M. Zarif a déclaré dans un message en ligne qu’il continuerait finalement à exercer les fonctions de vice-président dans l’administration de M. Pezeshkian, après avoir démissionné publiquement plus tôt en raison de la composition du cabinet.

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