L’ONU prévient que le blocus de Gaza pourrait nuire à ses opérations de secours

Najib Jobain, Samy Magdy et Ravi Nessman, The Associated Press
L’ONU prévient que le blocus de Gaza pourrait nuire à ses opérations de secours

RAFAH, Palestine — L’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a prévenu mercredi que sans livraisons immédiates de carburant, elle devrait bientôt réduire considérablement ses opérations de secours dans la bande de Gaza, qui est soumise à un blocus et martelée par des frappes aériennes israéliennes dévastatrices depuis que les militants du Hamas ont lancé une attaque contre Israël il y a plus de deux semaines.

L’avertissement a été lancé alors que les hôpitaux de Gaza s’efforçaient de traiter des masses de blessés avec des ressources de plus en plus limitées, et que les responsables de la santé dans le territoire gouverné par le Hamas déclarait que le nombre de morts montait en flèche alors que les jets israéliens continuaient de frapper le territoire dans la nuit de mardi à mercredi.

Les frappes aériennes ont tué plus de 750 personnes à Gaza entre mardi et mercredi, selon le ministère de la Santé de Gaza, où le Hamas contrôle le gouvernement. Les chiffres ne précisent pas combien de personnes tuées étaient des militants. L’Associated Press n’a pas pu vérifier de manière indépendante les bilans cités par le Hamas, qui dit avoir compilé les chiffres fournis par les directeurs d’hôpitaux.

L’armée israélienne a déclaré que ses frappes avaient tué des militants et détruit des tunnels, des centres de commandement, des entrepôts d’armes et d’autres cibles militaires, qu’elle a accusé le Hamas de dissimuler parmi la population civile de Gaza. Depuis le début du conflit, les militants basés à Gaza lancent sans relâche des barrages de roquettes sur Israël.

Ce bilan, qui fait suite aux 704 morts recensés la veille, est sans précédent dans le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies. Les pertes humaines pourraient être encore plus importantes lorsqu’Israël lancera une offensive terrestre visant à écraser les militants du Hamas.

Selon les Nations unies, environ 1,4 million des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont aujourd’hui déplacés à l’intérieur de leur propre pays, et près de 600 000 d’entre eux sont entassés dans des abris de l’ONU.

Les habitants de Gaza manquent de nourriture, d’eau et de médicaments depuis qu’Israël a bouclé le territoire à la suite de l’attaque du sud d’Israël par le Hamas, qui a juré la destruction d’Israël.

Ces derniers jours, Israël a autorisé un petit nombre de camions remplis d’aide à franchir la frontière avec l’Égypte, mais a interdit les livraisons de carburant, nécessaire à l’alimentation des génératrices des hôpitaux, pour éviter qu’il ne tombe entre les mains du Hamas.

L’ONU a annoncé avoir réussi à livrer une partie de l’aide ces derniers jours aux hôpitaux qui soignent les blessés. Mais l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, le principal fournisseur de services humanitaires à Gaza, a averti qu’elle était à court de carburant. 

Les responsables ont indiqué qu’ils avaient été contraints de réduire leurs opérations en rationnant le peu de carburant dont ils disposaient.

«Sans carburant, nos camions ne peuvent pas se rendre dans d’autres endroits de la bande pour y distribuer de l’aide, a expliqué Lily Esposito, porte-parole de l’agence. Nous devrons prendre des décisions sur les activités que nous poursuivrons ou non avec le peu de carburant dont nous disposons.»

Dans le même temps, plus de la moitié des établissements de soins de santé primaires de Gaza et environ un tiers des hôpitaux ont cessé de fonctionner, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Le personnel hospitalier, débordé, s’efforce de trier les cas alors que des vagues incessantes de blessés déferlent. Le ministère de la Santé a déclaré que de nombreux blessés étaient allongés sur le sol sans même bénéficier d’une simple aide médicale et que d’autres attendaient des jours avant d’être opérés en raison du grand nombre de cas critiques.

Le conflit menace de s’étendre à l’ensemble de la région, des frappes aériennes israéliennes ayant touché des sites militaires syriens dans le sud mercredi, tuant huit soldats et en blessant sept autres, selon l’agence de presse syrienne SANA. 

L’armée israélienne a indiqué dans un message sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter, que ses avions avaient frappé des infrastructures militaires syriennes et des systèmes de mortier en réponse à des tirs de roquettes en provenance de Syrie. 

Israël a lancé plusieurs frappes sur la Syrie ces derniers jours, notamment des frappes qui ont mis hors service les aéroports de Damas et d’Alep, dans une tentative apparente d’empêcher les livraisons d’armes de l’Iran à des groupes militants, notamment le Hezbollah libanais. Ces dernières semaines, Israël a combattu le Hezbollah, un groupe soutenu par l’Iran, de l’autre côté de la frontière libanaise. 

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a rencontré mercredi de hauts responsables du Hamas et du Jihad islamique palestinien, pour la première fois depuis le début de la guerre. Cette rencontre pourrait être le signe d’une coordination entre les groupes, alors que les responsables du Hezbollah ont mis en garde Israël contre le lancement d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza.

Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré que l’Iran aidait le Hamas en lui fournissant des renseignements et en «attisant l’incitation contre Israël dans le monde entier». Il a ajouté que des mandataires iraniens opéraient également contre Israël depuis l’Irak, le Yémen et le Liban.

Le ministère de la Santé de Gaza affirme que plus de 6500 Palestiniens ont été tués au cours de la guerre. Ce chiffre inclut le bilan contesté d’une explosion survenue dans un hôpital la semaine dernière.

Les combats ont fait plus de 1400 morts en Israël, pour la plupart des civils tués lors de l’attaque initiale du Hamas, selon le gouvernement israélien. Le Hamas détient également quelque 222 personnes qu’il a capturées et ramenées à Gaza.

Le premier ministre du Qatar, qui a servi de médiateur pour la libération de quatre des otages, a dit qu’il espérait de nouvelles percées.

«Les négociations sont toujours en cours et à tout moment, je pense que si nous parvenons à nous entendre entre les deux parties, je pense que nous verrons des percées bientôt, je l’espère», a déclaré le cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani.

Tzahi Hanegbi, chef du Conseil national de sécurité israélien, a salué l’aide du Qatar dans un message publié sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter. Il est rare qu’Israël fasse l’éloge de l’émirat du Golfe, qui soutient financièrement la bande de Gaza.

Des combats ont également éclaté en Cisjordanie, qui a connu un pic de violence important.

Des militants du Jihad islamique ont annoncé avoir combattu les forces israéliennes à Jénine au cours de la nuit. Le ministère palestinien de la Santé en Cisjordanie a déclaré qu’Israël avait tué quatre Palestiniens à Jénine, dont un jeune de 15 ans, et deux autres dans d’autres villes. Cela porte à 102 le nombre total de personnes tuées en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre.

Dans le centre et le sud de la bande de Gaza, où Israël a demandé aux civils de se mettre à l’abri, de nombreuses scènes ont montré des secouristes en train d’extraire des morts et des blessés de gros amas de décombres provenant d’immeubles effondrés. Des photos et des vidéos explicites prises par l’agence AP montrent des sauveteurs déterrant des corps d’enfants dans de nombreuses ruines.

Les bâtiments qui se sont effondrés sur les habitants ont tué des dizaines de personnes à la fois dans plusieurs cas, selon les témoins. Deux familles ont perdu 47 membres dans une maison rasée à Rafah, selon le ministère de la Santé.

Mercredi, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a annoncé que son pays cesserait de délivrer des visas au personnel de l’ONU après que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ait déclaré que l’attaque du Hamas «ne s’est pas produite dans le vide». On ne sait pas exactement ce que cette mesure, si elle se concrétise, signifiera pour le personnel humanitaire de l’ONU travaillant à Gaza et en Cisjordanie.

«Il est temps de leur donner une leçon», a déclaré M. Erdan à la radio de l’armée, accusant le chef de l’ONU de justifier un massacre.

Le chef de l’ONU a dit mardi au Conseil de sécurité que «le peuple palestinien a été soumis à 56 ans d’occupation étouffante». M. Guterres a également déclaré que «les griefs du peuple palestinien ne peuvent pas justifier les attaques épouvantables du Hamas. Et ces attaques épouvantables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien».

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