JÉRUSALEM — Des militants palestiniens ont mené leur attaque la plus meurtrière contre les forces israéliennes depuis l’offensive initiale du Hamas, en octobre dernier, a annoncé l’armée israélienne mardi.
Au cours de la plus récente attaque, 21 soldats ont été tués. Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a pleuré leur perte, mais il s’est engagé à poursuivre l’offensive jusqu’à la «victoire absolue» contre le Hamas.
Les Israéliens sont toutefois de plus en plus divisés sur la question de savoir si une telle victoire est possible — et si elle est compatible avec le retour des otages. Lors des conflits précédents, le grand nombre de victimes a poussé Israël à mettre fin à ses opérations militaires.
Selon un haut responsable égyptien, Israël aurait proposé un cessez-le-feu de deux mois au cours duquel les otages seraient libérés en échange de la libération des Palestiniens emprisonnés par Israël. Les principaux dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza seraient aussi autorisés à s’installer dans d’autres pays.
Cette source, qui s’est confiée à l’Associated Press sous couvert d’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à s’entretenir avec les médias, a ajouté que le Hamas avait rejeté la proposition et insisté sur le fait qu’aucun autre otage ne serait libéré jusqu’à ce qu’Israël mette fin à son offensive.
L’Égypte et le Qatar — qui ont négocié des accords entre Israël et le Hamas par le passé — élaboraient une proposition en plusieurs étapes pour tenter de rapprocher les deux parties, sans succès, a indiqué le responsable.
Les familles des otages ont appelé Israël à conclure un accord avec le Hamas, soulignant que le temps presse pour ramener leurs proches vivants chez eux.
Israël a lancé son offensive après que le Hamas a franchi sa frontière le 7 octobre, tuant plus de 1200 personnes et en enlevant quelque 250 autres. Plus de 100 personnes ont été libérées en novembre au cours d’un cessez-le-feu d’une semaine.
L’offensive a entraîné des milliers de décès, forcé environ 85 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza à partir de chez eux et laissé un quart d’entre eux confrontés à la famine.
«L’un des jours les plus durs» pour Israël
Lundi, des réservistes israéliens préparaient des explosifs pour démolir deux bâtiments dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de Gaza, lorsqu’un militant a tiré une grenade propulsée par roquette sur un char à proximité.
L’explosion a déclenché les explosifs, provoquant l’effondrement des deux bâtiments de deux étages sur les soldats.
Au moins 217 soldats ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre d’Israël, à la fin d’octobre, dont trois qui ont perdu la vie lors d’un autre événement survenu lundi, selon l’armée.
M. Nétanyahou a reconnu sur les réseaux sociaux qu’il s’agissait de «l’un des jours les plus durs» de la guerre pour Israël, mais il s’est engagé à poursuivre l’offensive.
«Nous sommes au milieu d’une guerre plus que justifiée. Dans cette guerre, nous accomplissons de grandes réalisations, comme l’encerclement de Khan Younis, mais il y a aussi de très lourdes pertes», a-t-il reconnu plus tard dans une déclaration transmise par vidéo.
Le ministère de la Santé de Gaza a indiqué mardi que les corps de 195 personnes tuées lors des frappes israéliennes avaient été transportés vers les hôpitaux au cours des 24 heures précédentes. Les hôpitaux ont également accueilli 354 blessés.
Ces données portaient le nombre de morts dans la bande de Gaza à 25 490 depuis le début de la guerre, a indiqué le ministère. Les combats ont aussi fait 63 354 blessés. Le décompte ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants.
Khan Younis aurait été encerclée
Ces dernières semaines, l’offensive israélienne s’est concentrée sur Khan Younis et les camps de réfugiés du centre de Gaza, dont Maghazi, qui remontent à la guerre de 1948 entourant la création d’Israël.
L’armée a déclaré que ses forces avaient tué des dizaines de militants à Khan Younis ces derniers jours et avaient encerclé la ville, sans fournir de preuves. Il n’a pas été possible pour l’Associated Press de confirmer ces affirmations de manière indépendante.
Des milliers de personnes ont fui Khan Younis mardi, certaines à pied avec seulement ce qu’elles pouvaient emporter. Une épaisse fumée noire s’élevait au-dessus de la ville.
«On a entendu des bombardements très intenses. On n’a pas réussi à dormir tellement on avait peur», a avoué Ibtisam Abu Jommaiza alors qu’elle quittait la ville.
Israël pense que les commandants du Hamas pourraient se cacher dans de vastes réseaux de tunnels qui se trouveraient sous Khan Younis, la ville natale du principal dirigeant du groupe à Gaza, Yehya Sinwar.
Les dirigeants du Hamas utiliseraient également des otages comme boucliers humains, ce qui compliquerait davantage les efforts de sauvetage.
Un cessez-le-feu réclamé
Le bilan qui ne cesse de s’alourdir et la situation humanitaire désastreuse mettent de plus en plus de pression sur Israël afin qu’il réduise son offensive et accepte de trouver une voie menant à la création d’un État palestinien.
Les États-Unis, qui ont fourni une aide militaire cruciale à l’offensive israélienne, se sont joints à ces appels.
Mais M. Nétanyahou, dont la popularité a chuté depuis le 7 octobre, a rejeté cette option.
Au contraire, il a plaidé qu’Israël devra étendre ses opérations et éventuellement s’emparer du côté de Gaza de la frontière avec l’Égypte — une zone où des centaines de milliers de Palestiniens qui ont fui d’autres régions sont entassés dans des abris débordants gérés par les Nations unies.
Cette sortie a suscité une vive réaction de la part du gouvernement égyptien, qui a rejeté les allégations israéliennes selon lesquelles le Hamas ferait passer clandestinement des armes en passant par sa frontière.