Après l’effervescence des Jeux olympiques de Paris et des vacances en Méditerranée, le président français Emmanuel Macron doit maintenant trouver comment rendre son pays à nouveau gouvernable.
Confronté à un parlement sans majorité absolue, à des tensions sociales et à une dette qui explose, M. Macron a entamé vendredi des pourparlers avec des acteurs politiques clés pour tenter de choisir un nouveau premier ministre qui formerait un gouvernement et mettrait fin à l’impasse créée par les élections législatives anticipées du mois dernier.
Les membres de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, qui a remporté le plus de sièges, ont fait pression sur le président pour qu’il prenne une décision rapide. Leur candidate au poste de premier ministre, la fonctionnaire peu connue Lucie Castets, a déclaré après une réunion à l’Élysée vendredi qu’elle était prête à gouverner et à faire des compromis pour que les choses avancent.
Mais le parti ne détient qu’environ un tiers des sièges à l’Assemblée nationale et aucun parti n’a de majorité. L’alliance centriste d’Emmanuel Macron est arrivée en deuxième position et le Rassemblement national d’extrême droite en troisième position.
Il n’existe pas de règlement obligeant le président de la France à nommer un candidat du parti qui a remporté le plus de sièges ni à fixer un calendrier pour une décision. L’absence de tout bloc politique dominant est sans précédent dans la République française moderne.
Les centristes et les conservateurs rencontrent également M. Macron vendredi, tandis que les dirigeants du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella, sont attendus à l’Élysée lundi.
Le bureau d’Emmanuel Macron a fait savoir qu’il nommerait un premier ministre sur la base de ces consultations, qui visent à «aller vers la majorité la plus large et la plus stable possible».
Mme Castets a déclaré que lors de sa rencontre avec M. Macron, il a «reconnu qu’un message avait été envoyé par les Français pendant les élections», mais qu’il semblait réticent à permettre à un parti d’opposition de former un gouvernement.
Les dirigeants de la gauche ont dénoncé la décision de M. Macron de retarder la nomination du premier ministre en assistant aux Jeux olympiques à Paris et en prenant ensuite des vacances dans la résidence présidentielle à Brégançon, sur la Côte d’Azur.
«Nous avons besoin d’une réponse mardi», a affirmé la secrétaire nationale des Verts, Marine Tondelier. «Il y a des questions urgentes. Laisser passer des semaines sans les aborder est grave, voire irresponsable», a-t-elle ajouté.
Le Nouveau Front populaire, qui comprend la France insoumise d’extrême gauche, les socialistes et les Verts, a insisté pour que le premier ministre sorte de ses rangs en tant que groupe le plus important.
Le mois dernier, M. Macron a cependant semblé écarter Mme Castets, déclarant dans une entrevue à la télévision que «le problème n’est pas un nom fourni par un groupe politique» et soulignant plutôt la nécessité d’une majorité parlementaire derrière le candidat.
Les politiciens du centre, de la droite et de l’extrême droite ont suggéré qu’ils essaieraient de faire tomber tout gouvernement qui comprendrait des membres de la France insoumise.
M. Macron est plus enclin à une coalition qui pourrait inclure des politiciens du centre gauche et de la droite traditionnelle.
D’autres noms ont émergé dans les médias français comme candidats potentiels au poste de premier ministre, notamment le politicien de centre gauche Bernard Cazeneuve, qui a été le chef de la police française lors d’une série d’attentats terroristes sanglants en 2015, et Xavier Bertrand, un ancien ministre considéré comme relativement modéré au sein de la droite française. Le conservateur Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne pour les négociations post-Brexit, est également un candidat potentiel.
En tant que président, M. Macron est le seul habilité à nommer le premier ministre, selon la Constitution française.
Le président français a indiqué le mois dernier qu’il maintiendrait le gouvernement centriste sortant dans un rôle purement intérimaire pour «gérer les affaires courantes», notamment pendant les Jeux olympiques, qui se sont terminés le 11 août.