Le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, a déclaré mardi la victoire de sa coalition aux élections générales, revendiquant un mandat pour faire avancer son programme, même si son parti a perdu des sièges au profit d’une opposition plus forte que prévu, qui s’est opposée à son bilan économique mitigé et à sa politique polarisante.
«La victoire d’aujourd’hui est la victoire de la plus grande démocratie du monde», a déclaré M. Modi face à la foule, au siège de son parti, affirmant que les électeurs indiens avaient «montré une immense confiance» à la fois dans son parti et dans sa coalition de l’Alliance démocratique nationale (NDA).
Les résultats officiels de la Commission électorale indienne ont montré que la NDA a remporté 286 sièges, soit plus que les 272 sièges nécessaires pour obtenir une majorité, mais bien moins que prévu.
Pour la première fois depuis que son parti nationaliste hindou, Bharatiya Janata (BJP), a accédé au pouvoir en 2014, il n’a pas obtenu de majorité à lui seul, remportant 240 sièges, soit bien moins que le record de 303 qu’il avait remporté lors des élections de 2019.
Cela signifie que M. Modi aura besoin du soutien des autres partis de sa coalition – un coup dur pour l’homme de 73 ans, qui espérait une victoire écrasante.
Le parti pourrait désormais être «fortement dépendant de la bonne volonté de ses alliés, ce qui en fait des acteurs essentiels dont on peut s’attendre à ce qu’ils réclament leur part du gâteau, tant en termes d’élaboration des politiques que de formation du gouvernement», a déclaré Milan Vaishnav, directeur du programme Asie du Sud à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Plus de 640 millions de suffrages ont été enregistrés lors des élections qui se sont déroulées sur une période de six semaines, dans le cadre du plus grand exercice démocratique au monde.
Face à la baisse surprenante du soutien au BJP, ses adversaires ont affirmé qu’ils avaient également remporté une sorte de victoire, le principal parti d’opposition du Congrès affirmant que l’élection avait été une «perte morale et politique» pour M. Modi.
«C’est la victoire du public et une victoire pour la démocratie», a déclaré aux journalistes le président du Congrès national indien, Mallikarjun Kharge.
Malgré ce revers, M. Modi s’est engagé à tenir sa promesse électorale de faire de l’économie indienne la troisième plus grande économie mondiale, contre sa cinquième place actuelle, et à ne pas se dérober à la poursuite de son programme.
Il a déclaré qu’il ferait progresser la production de défense de l’Inde, créerait des emplois pour les jeunes, augmenterait les exportations et aiderait les agriculteurs, entre autres.
«Ce pays va connaître un nouveau chapitre de grandes décisions. C’est la garantie de Modi», a-t-il dit, en s’exprimant à la troisième personne.
Bon nombre des politiques nationalistes hindoues qu’il a instituées au cours des dix dernières années resteront également en place.
La victoire de M. Modi marque seulement la deuxième fois qu’un dirigeant indien conserve le pouvoir pour un troisième mandat après Jawaharlal Nehru, le premier premier ministre du pays. Avant l’arrivée au pouvoir de M. Modi, l’Inde a eu des gouvernements de coalition pendant 30 ans.
La coalition d’opposition, l’Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement (INDIA), a remporté 225 sièges et était en tête pour cinq autres sièges qui n’avaient pas encore été désignés mercredi matin, heure locale.
Les félicitations à M. Modi de la part des dirigeants des pays de la région, notamment du Népal et du Bhoutan voisins, ont afflué, tandis que la Maison-Blanche a félicité l’Inde pour son «processus démocratique dynamique».
Au cours de ses 10 années au pouvoir, le premier ministre Modi a transformé le paysage politique indien, introduisant dans le courant dominant le «nationalisme hindou», autrefois une idéologie marginale en Inde, tout en laissant le pays profondément divisé.
Ses partisans le voient comme un leader fort et autodidacte qui a amélioré la position de l’Inde dans le monde. Ses critiques et opposants affirment que sa politique «hindou d’abord» a engendré de l’intolérance, notamment envers les musulmans. Ils soutiennent aussi que l’économie indienne, la cinquième en importance au monde et l’une des plus dynamiques, est devenue plus inégalitaire.