La plupart des Américains doutent de la capacité des services secrets à assurer la sécurité des candidats présidentiels après l’attentat contre l’ancien président Donald Trump le mois dernier, révèle un récent sondage de l’Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research.
Selon le sondage, environ trois Américains sur dix sont extrêmement ou très confiants dans la capacité des services secrets à protéger les candidats de violences avant les élections.
L’enquête a également révélé qu’environ 7 Américains sur 10 pensent que les services secrets portent une part au moins modérée de responsabilité dans la tentative d’assassinat.
Les forces de l’ordre, chargées de protéger les présidents depuis plus d’un siècle, font l’objet d’une surveillance étroite après qu’un homme armé ait réussi à s’approcher à moins de 150 mètres de Donald Trump et ait tiré plusieurs balles avec un fusil d’assaut. M. Trump a été blessé à l’oreille: à quelques millimètres, le tir aurait été mortel.
Le sondage a été réalisé après la démission de la directrice Kimberly Cheatle, qui a fait l’objet d’intenses interrogatoires lors d’une audience du Congrès retransmise en direct la semaine dernière. Elle y a donné des réponses généralement évasives. Le nouveau directeur par intérim, Ronald Rowe, a déclaré plus tôt cette semaine qu’il avait «honte» après l’attaque du 13 juillet à Butler, en Pennsylvanie, estimant qu’il était indéfendable que le toit utilisé par le tireur n’ait pas été sécurisé.
Vendredi, lors d’une conférence de presse, M. Rowe a reconnu la perte de confiance du peuple américain envers l’agence. Il a déclaré que les gens n’entendent généralement parler que les échecs de l’agence, et non ses succès. Il a félicité le personnel de l’agence qui «travaille discrètement en arrière-plan» pour protéger les rassemblements politiques, le jour de l’inauguration et d’autres événements.
«Nous allons regagner votre confiance», a-t-il promis.
Division sur la responsabilité
Le sondage a révélé que les Américains étaient plus susceptibles de dire que les divisions politiques aux États-Unis étaient «en grande partie» responsables de la tentative d’assassinat.
C’est l’opinion de la moitié des adultes américains. Environ 4 Américains sur 10 estiment que les services secrets ont un niveau élevé de responsabilité et environ 4 sur 10 jugent que l’accès généralisé aux armes à feu est en grande partie responsable.
Les démocrates étaient bien plus susceptibles de jeter le blâme sur l’accès aux armes à feu, tandis que les républicains étaient plus susceptibles d’en imputer la faute aux services secrets.
Roger Berg, un agriculteur de 70 ans originaire de Keota, dans l’Iowa, prévoit de voter pour le candidat républicain Donald Trump en novembre. Il a tout de même exprimé son mécontentement à l’idée que les républicains accusent le président Joe Biden d’événements sur lesquels il estime que le président n’a aucun contrôle. M. Biden a mis fin à sa candidature à la réélection huit jours après la fusillade et a soutenu la vice-présidente Kamala Harris, la candidate actuelle de son parti.
«Ceux qui font de tout un enjeu politique, j’aimerais qu’ils démissionnent, a lancé M. Berg. Ils imputent tout à Biden, et je n’y crois pas.»
Les démocrates, quant à eux, sont nettement plus susceptibles que les indépendants ou les républicains de dire que la disponibilité des armes à feu porte une grande responsabilité. Six démocrates sur dix pensent ainsi, contre environ un tiers des indépendants et 15% des républicains.
Les répondants républicains étaient plus susceptibles que les indépendants et les démocrates de blâmer les services secrets: environ la moitié des républicains pensent que les services secrets ont une grande responsabilité, contre environ 4 démocrates et indépendants sur 10.
George Velasco, un vétéran de la marine de 65 ans originaire de Tucson, en Arizona, a révélé qu’il pense que les services secrets et les forces de l’ordre locales sont à blâmer, ainsi qu’une mauvaise communication et un manque de planification appropriée. Le directeur par intérim des services secrets a déclaré plus tôt cette semaine qu’il était regrettable que les forces de l’ordre locales n’aient pas alerté son agence avant la fusillade qu’un sujet armé avait été repéré sur un toit, tout en reconnaissant que les services secrets supposaient que la police d’État et locale était présente.
«C’était comme si les services secrets s’attendaient à ce que ces types sachent ce qu’ils devaient faire, a déclaré M. Velasco. C’était une très petite zone, une petite ville. Comment s’attendaient-ils à ce qu’ils sachent comment se préparer pour quelque chose d’énorme comme ce rassemblement?»
Le sondage révèle que la moitié des Américains pensent que les forces de l’ordre locales de Pennsylvanie ont une responsabilité au moins modérée dans la tentative d’assassinat, même si seulement 2 sur 10 environ estiment qu’elles ont une «grande» responsabilité.
Les services secrets ont été créés pour la première fois au sein du département du Trésor pour enquêter sur la contrefaçon de la monnaie américaine pendant la guerre civile. L’agence a commencé à protéger les présidents de manière informelle en 1894, selon ses archives. Le Congrès a demandé aux services secrets de protéger les présidents américains après l’assassinat de William McKinley en 1901.
La protection a été étendue à la famille immédiate du président, aux présidents élus et aux vice-présidents après qu’un policier de la Maison-Blanche ait été tué par balle alors qu’il protégeait le président Harry S. Truman en 1950. Elle a ensuite été étendue aux anciens présidents en 1965. Après l’assassinat en 1968 du sénateur américain Robert F. Kennedy, candidat à l’investiture démocrate à la présidentielle, le Congrès a autorisé la protection des principaux candidats à la présidence et à la vice-présidence.
Environ un tiers des Américains sont extrêmement ou très confiants dans le fait que le Département de la Sécurité intérieure, qui supervise les services secrets, mènera une enquête complète et équitable sur la tentative d’assassinat, tandis qu’environ un tiers sont plutôt confiants et environ 3 sur 10 ne sont pas très confiants ou pas du tout confiants.
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Le sondage a été mené auprès de 1143 adultes du 25 au 29 juillet 2024, à l’aide d’un échantillon tiré du panel basé sur les probabilités AmeriSpeak de NORC, conçu pour être représentatif de la population américaine. La marge d’erreur d’échantillonnage pour tous les répondants est de plus ou moins 4,1.