Mozambique : meurtre de deux personnalités de l’opposition peu après les élections

The Associated Press
Mozambique : meurtre de deux personnalités de l’opposition peu après les élections

Des hommes armés circulant à bord de deux véhicules ont tendu une embuscade à l’avocat du principal opposant politique du Mozambique et à un haut responsable de l’opposition, les tuant par balles dans leur véhicule utilitaire sport tard dans la nuit sur une avenue principale de la capitale, a annoncé samedi leur parti. Cette explosion de violence brutale a secoué un pays où les tensions étaient déjà élevées en raison d’une élection contestée.

Les meurtres sont survenus alors que le parti d’opposition auquel les deux hommes étaient associés se préparait à contester les résultats de l’élection présidentielle de ce mois-ci, qui a suscité de nouvelles allégations de fraude électorale et de répression de la dissidence contre le parti au pouvoir depuis près de 50 ans.

Elvino Dias, avocat et conseiller du candidat présidentiel de l’opposition Venancio Mondlane, a été tué tard vendredi soir lorsque des hommes armés ont criblé sa voiture de balles dans la capitale portuaire de Maputo, a indiqué le parti d’opposition Podemos.

Paulo Guambe, le porte-parole du Podemos, était également dans la voiture et a été tué, a indiqué le parti dans un communiqué. Les meurtres sont «une preuve supplémentaire du manque de justice auquel nous sommes tous soumis», a déclaré le Podemos.

La police a affirmé qu’une femme qui se trouvait dans la voiture a été blessée et a été soignée dans un hôpital. Le porte-parole de la police, Leonel Muchina, a déclaré que les victimes s’étaient rendues auparavant dans un bar local et ont été suivies à partir de là. M. Muchina a dit que les meurtres pourraient être liés aux interactions que les deux hommes ont eues avec d’autres clients du bar.

Les fusillades ont cependant été largement considérées au Mozambique comme étant motivées par des raisons politiques.

Le Podemos est un parti d’opposition relativement nouveau qui a défié le pouvoir de 49 ans du Front de libération du Mozambique, ou Frelimo, lors des élections du 9 octobre.

Bien que M. Mondlane se soit présenté à la présidence en tant qu’indépendant, il a été soutenu par le Podemos. M. Mondlane, le Podemos et d’autres partis d’opposition ont accusé le Frelimo de fraude électorale et de truquage des élections.

Le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, détient une nette avance dans la course à la présidence, avec M. Mondlane en deuxième position, selon les résultats préliminaires.

Les résultats définitifs des élections sont attendus la semaine prochaine et M. Chapo devrait être annoncé comme le vainqueur pour succéder au président Filipe Nyusi, qui a effectué le maximum de deux mandats autorisés par la constitution.

Elvino Dias était considéré comme une figure clé dans les préparatifs juridiques pour contester les résultats devant le Conseil constitutionnel, la cour électorale suprême du Mozambique. M. Mondlane et le Podemos avaient également appelé à une grève nationale et à des manifestations lundi.

Un «assassinat politique»

Adriano Nuvunga, le directeur du Centre pour la démocratie et le développement, une organisation non gouvernementale mozambicaine de défense des droits de la personne, a écrit sur les réseaux sociaux que le meurtre de M. Dias était un «assassinat politique» dans un contexte de tensions croissantes.

M. Dias avait publié sur Facebook en avril qu’il avait été averti par un ami que lui et M. Mondlane pourraient être en danger en raison de leurs critiques du parti au pouvoir. Il a indiqué dans la publication que tous deux avaient décidé de continuer leur travail parce que «c’était l’option de vie que nous avons choisie : être du côté de la vérité et de la justice». Le Frelimo, au pouvoir dans ce pays d’Afrique australe depuis son indépendance du Portugal en 1975, a souvent été accusé d’avoir truqué les élections, ce qu’il a toujours nié.

Les groupes de défense des droits de la personne ont accusé les autorités mozambicaines d’avoir réprimé la dissidence à l’approche des élections et ont également accusé les forces de sécurité d’avoir fait usage de la force meurtrière pour disperser des manifestations pacifiques. La police a dispersé une marche postélectorale des partisans de M. Mondlane dans la ville centrale de Nampula en début de semaine. Une importante présence policière est présente dans les rues de Maputo depuis plusieurs jours.

Alors que le Frelimo est régulièrement accusé de manipulation électorale, de harcèlement de l’opposition et d’arrestation de journalistes, l’assassinat de dirigeants politiques serait une nouvelle «escalade majeure de la violence», a écrit Marcelo Mosse, rédacteur en chef du journal en ligne indépendant Carta de Moçambique, dans une chronique parue samedi matin.

La fusillade s’est produite peu avant minuit sur l’avenue Joaquim Chissano, près de l’ambassade de Russie, selon un habitant du quartier, qui a déclaré avoir entendu les coups de feu. L’habitant, qui a demandé à ne pas être identifié, a déclaré avoir entendu une séquence continue d’environ cinq coups de feu, suivie quelques secondes plus tard par une autre série de cinq coups de feu.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent un véhicule utilitaire sport BMW gris foncé au milieu de la route avec de nombreux impacts de balles dans la carrosserie. Des personnes se sont rassemblées autour de la voiture peu après la fusillade, et certaines des vidéos montrent ce qui semble être les corps de deux hommes, l’un avec du sang sur la poitrine, sur les sièges avant. L’autre corps était affalé.

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