Neuf Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne en Cisjordanie

Julia Frankel et Nasser Nasser, The Associated Press
Neuf Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne en Cisjordanie

Israël a lancé mercredi une opération militaire de grande envergure en Cisjordanie, au cours de laquelle ses troupes ont tué au moins neuf Palestiniens et bouclé la ville instable de Jénine, selon des responsables palestiniens.

Israël a mené des raids quasi quotidiens à travers la Cisjordanie depuis l’attaque initiale du Hamas, le 7 octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza et dans la région.

Le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée israélienne, a confirmé que des «forces importantes» étaient entrées à Jénine, qui a longtemps été un bastion militant, ainsi que dans Tulkarem et le camp de réfugiés d’Al-Faraa, tous situés dans le nord de la Cisjordanie.

Il a soutenu que les neuf victimes étaient toutes des militants, que trois d’entre elles ont été tuées dans une frappe aérienne à Tulkarem et que quatre autres ont perdu la vie lors d’une frappe aérienne à Al-Faraa.

M. Shoshani a ajouté que cinq militants présumés avaient été arrêtés et que les raids étaient la première étape d’une opération encore plus vaste visant à empêcher les attaques contre les civils israéliens.

Des groupes militants palestiniens ont reconnu avoir échangé des tirs avec l’armée israélienne. Le gouverneur de Jénine, Kamal Abu al-Rub, a annoncé à la radio que les forces israéliennes avaient encerclé la ville, bloquant les points d’entrée et de sortie ainsi que l’accès aux hôpitaux.

Le ministère palestinien de la Santé en Cisjordanie a précisé que les forces israéliennes avaient bloqué les routes menant à un hôpital avec des barrières de terre et encerclé d’autres installations médicales à Jénine. M. Shoshani a fait valoir que l’armée essayait d’empêcher les militants de se réfugier dans les hôpitaux.

Un journaliste de l’Associated Press a vu des véhicules de l’armée bloquer toutes les entrées du camp d’Al-Faraa. Des jeeps et des bulldozers militaires sont entrés dans le camp, tandis que des soldats ont été vus patrouillant à pied dans les ruelles. Des coups de feu ont retenti toutes les quelques minutes.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a établi des comparaisons avec Gaza et a appelé à des mesures similaires en Cisjordanie.

«Nous devons faire face à la menace de la même manière que nous faisons face à l’infrastructure terroriste à Gaza, y compris l’évacuation temporaire des résidents palestiniens et toutes les mesures qui pourraient être nécessaires. C’est une guerre à tous égards, et nous devons la gagner», a-t-il écrit sur le réseau social X.

M. Shoshani a mentionné qu’il n’y avait aucun plan d’évacuation des civils.

Appels au soulèvement

Le Hamas a appelé les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever, plaidant que les raids israéliens font partie d’un plan plus vaste visant à étendre la guerre à Gaza. Le groupe militant a appelé les forces de sécurité fidèles à l’Autorité palestinienne soutenue par l’Occident, qui coopèrent avec Israël, à «se joindre à la bataille sacrée».

Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a condamné les raids, les qualifiant de «grave escalade». Il a appelé les États-Unis à intervenir, selon l’agence de presse officielle palestinienne.

Au moins 652 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués par des tirs israéliens depuis le début de la guerre à Gaza, il y a plus de 10 mois, selon le ministère palestinien de la Santé. La plupart des victimes ont été tuées au cours de ces raids, qui déclenchent souvent des échanges de tirs avec des militants.

Israël affirme que ces opérations sont nécessaires pour démanteler le Hamas et d’autres groupes militants, ainsi que pour empêcher les attaques contre les Israéliens, qui ont également augmenté depuis le début de la guerre.

Le ministère palestinien de la Santé a fait savoir que les corps de sept personnes ont été transportés à l’hôpital de Tubas, une autre ville de Cisjordanie, alors que deux autres ont été transportés à l’hôpital de Jénine. Le ministère a identifié les deux personnes tuées à Jénine comme étant Qassam Jabarin, 25 ans, et Asem Balout, 39 ans.

Au moins 16 morts à Gaza

Israël a conquis la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967. Les Palestiniens veulent ces trois territoires pour former un futur État.

Israël a construit des dizaines de colonies à travers la Cisjordanie, qui abritent plus de 500 000 colons juifs. Ils ont la citoyenneté israélienne, tandis que les trois millions de Palestiniens de Cisjordanie vivent sous le régime militaire israélien, l’Autorité palestinienne exerçant un contrôle limité sur les centres de population.

La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre dernier, lorsque des militants dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël et ont saccagé des bases militaires et des communautés agricoles, tuant quelque 1200 personnes, principalement des civils, et en enlevant environ 250 autres. Les militants détiennent toujours quelque 110 otages, dont environ un tiers seraient morts.

Israël a répondu par une offensive qui a tué plus de 40 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne précise pas combien de victimes étaient des militants. Environ 90 % de la population de Gaza a été déplacée, souvent à plusieurs reprises, et les bombardements israéliens ont causé de vastes destructions.

Les frappes israéliennes survenues à Gaza pendant la nuit et mercredi ont fait au moins 16 morts, dont cinq femmes et trois enfants. La plupart des frappes ont eu lieu dans ou près de la ville de Khan Younis, dans le sud du territoire, qui a subi de lourds bombardements au cours des deux derniers mois. Des journalistes de l’Associated Press postés dans deux hôpitaux ont confirmé le bilan.

Les États-Unis, le Qatar et l’Égypte ont passé des mois à tenter de négocier un cessez-le-feu qui permettrait la libération des otages restants. Mais les pourparlers ont été enlisés à plusieurs reprises, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ayant juré une «victoire totale» sur le Hamas. Le groupe militant, quant à lui, a exigé un cessez-le-feu durable et un retrait total du territoire.

Aucun signe de percée n’a été observé après plusieurs jours de discussions en Égypte, et les négociations se sont déplacées au Qatar cette semaine.

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