Pneumonie: l’OMS demande de l’info à la Chine

Jamey Keaten et Maria Cheng, The Associated Press
Pneumonie: l’OMS demande de l’info à la Chine

GENÈVE, Suisse — L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé officiellement à la Chine de lui fournir des informations sur une recrudescence potentiellement inquiétante de maladies respiratoires et de cas de pneumonie chez les enfants. 

L’agence onusienne de la santé a cité des médias non spécifiés et un service mondial de surveillance des maladies infectieuses qui ont signalé des cas de pneumonie non diagnostiqués chez des enfants dans le nord de la Chine. Dans un communiqué publié mercredi en fin de journée, l’OMS indique qu’il n’était pas certain que ces cas soient liés à l’augmentation des infections respiratoires signalée par les autorités chinoises.

Des scientifiques extérieurs ont estimé que la situation méritait d’être surveillée de près, mais ils n’étaient pas convaincus que la récente recrudescence de maladies respiratoires en Chine signalait le début d’une nouvelle épidémie à l’échelle mondiale.

L’émergence de nouvelles souches de grippe ou d’autres virus capables de déclencher des pandémies commence généralement par des groupes de maladies respiratoires non diagnostiquées. Le SRAS et la COVID-19 ont d’abord été signalés comme des types inhabituels de pneumonie. 

L’OMS a noté que les autorités de la Commission nationale chinoise de la santé ont signalé, le 13 novembre, une augmentation des maladies respiratoires, due, selon elles, à la levée des restrictions imposées par la COVID-19. D’autres pays ont également constaté une augmentation des maladies respiratoires telles que le virus respiratoire syncytial (VRS) lorsque les restrictions pandémiques ont pris fin. 

L’OMS a indiqué qu’une semaine plus tard, les médias ont fait état de cas de pneumonie non diagnostiqués chez des enfants dans le nord de la Chine.

«On ne sait pas si ces cas sont associés à l’augmentation générale des infections respiratoires signalée précédemment par les autorités chinoises ou s’il s’agit d’événements distincts», a précisé l’OMS, ajoutant qu’elle avait demandé à la Chine de lui fournir davantage de détails sur les virus actuellement en circulation et sur l’augmentation éventuelle de la charge de travail des hôpitaux, par l’intermédiaire d’un mécanisme juridique international. 

Le docteur David Heymann, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a indiqué qu’il y avait probablement des infections respiratoires saisonnières en toile de fond.

«Le défi consiste à discerner les foyers et à en déterminer la cause», a déclaré le docteur Heymann dans un communiqué, ajoutant que le séquençage génétique et l’isolement des cas seraient essentiels. Il a dirigé la réponse de l’OMS à l’épidémie de SRAS de 2002-2003.

François Balloux, de l’University College London, a ajouté que la vague actuelle de maladies en Chine était probablement due à des maladies respiratoires telles que la grippe, le VRS ou une infection bactérienne. 

Il a dit que la Chine connaissait probablement une vague importante d’infections infantiles car il s’agissait du premier hiver depuis la levée des restrictions de confinement, ce qui a probablement réduit l’immunité des enfants contre les microbes courants. 

«À moins que de nouveaux éléments n’apparaissent, il n’y a aucune raison de soupçonner l’émergence d’un nouvel agent pathogène», a assuré M. Balloux. 

L’OMS a indiqué que le nord de la Chine avait signalé une augmentation des maladies de type grippal depuis la mi-octobre par rapport aux trois années précédentes. Il est rare que l’agence sanitaire des Nations unies demande publiquement des informations plus détaillées aux pays, ces demandes étant généralement formulées en privé.

Les épidémies ont submergé certains hôpitaux du nord de la Chine, notamment à Pékin, et les autorités sanitaires ont demandé au public d’emmener les enfants présentant des symptômes moins graves dans des cliniques ou d’autres établissements.

Le nombre moyen de patients dans le service de médecine interne de l’hôpital pour enfants de Pékin a atteint 7000 par jour, dépassant ainsi la capacité de l’hôpital, a indiqué la radio nationale chinoise dans un article en ligne publié en début de semaine.

La Commission nationale de la santé de Chine, dans un document écrit de questions-réponses mis en ligne par l’agence de presse officielle Xinhua, a suggéré jeudi que les enfants présentant des symptômes bénins «se rendent d’abord dans les établissements de soins de santé primaires ou dans les départements de pédiatrie des hôpitaux généraux», car les grands hôpitaux sont bondés et les délais d’attente sont longs.

La commission de la santé a déclaré qu’elle était très attentive à l’incidence élevée des maladies infectieuses chez les enfants et qu’elle «guidait les autorités locales pour qu’elles améliorent la coordination de la programmation et mettent en œuvre un système de diagnostic et de traitement à plusieurs niveaux».

Après l’apparition du SRAS dans le sud de la Chine en 2002, les autorités de Pékin ont demandé aux médecins de cacher les patients, certains d’entre eux étant conduits dans des ambulances pendant que les scientifiques de l’OMS visitaient le pays. L’OMS a alors menacé de fermer son bureau en Chine. 

Près de vingt ans plus tard, la Chine a tardé à partager des informations essentielles sur le coronavirus avec l’agence sanitaire des Nations unies après l’apparition du nouveau virus à la fin de 2019. L’OMS a publiquement applaudi l’engagement de la Chine à stopper le virus ― quelques semaines avant qu’il ne commence à provoquer des épidémies explosives dans le monde entier. 

«Alors que l’OMS cherche à obtenir ces informations supplémentaires, nous recommandons aux personnes en Chine de suivre des mesures pour réduire le risque de maladie respiratoire», a déclaré l’agence, conseillant aux personnes de se faire vacciner, de s’isoler si elles se sentent malades, de porter des masques au besoin et de recevoir des soins médicaux si nécessaire.

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