Le président russe, Vladimir Poutine, a rendu visite vendredi à son proche allié biélorusse, à Minsk, après quoi il s’est demandé si Volodymyr Zelensky avait la légitimité pour négocier au nom de l’Ukraine.
M. Poutine a soutenu que Moscou était prêt à discuter de la guerre en Ukraine, mais il a rappelé que le mandat de cinq ans de M. Zelensky devait se terminer le 20 mai dernier.
Or, M. Zelensky a exclu la tenue de nouvelles élections présidentielles en pleine guerre – ce que M. Poutine a apparemment ignoré dans ses remarques aux journalistes.
La loi ukrainienne interdit la tenue d’élections pendant qu’une loi martiale est en vigueur, comme c’est le cas depuis le début de l’invasion russe en février 2022. L’Ukraine devrait modifier la loi pour tenir des élections en temps de guerre.
Les responsables russes ont attiré l’attention à plusieurs reprises sur la question du mandat de M. Zelensky au cours de la semaine dernière.
M. Poutine a repris cette rhétorique vendredi lors d’une conférence de presse à Minsk après son entretien avec le président biélorusse, Alexandre Loukachenko.
«Bien sûr, nous sommes conscients que la légitimité de l’actuel chef de l’État a pris fin. Nous devons être absolument sûrs que nous avons affaire à des autorités légitimes», a soutenu M. Poutine, qui a déclaré à plusieurs reprises que la Russie était prête à engager des négociations avec l’Ukraine.
M. Zelensky a toutefois rejeté les conditions préalables posées par Moscou à ces négociations, notamment celle de permettre à la Russie de conserver tout le territoire dont les forces du Kremlin se sont emparées depuis l’invasion de février 2022.
Une conférence internationale de paix sur l’Ukraine doit se tenir en Suisse en juin, mais la Russie n’a pas été invitée et M. Poutine en a minimisé l’importance.
Des visites en début de cinquième mandat
La visite de deux jours en Biélorussie était l’une des nombreuses tournées à l’étranger effectuées par le président Poutine pour lancer son cinquième mandat. Depuis son investiture le 7 mai, il s’est également rendu en Chine et il est attendu dimanche en Ouzbékistan.
La Russie et la Biélorussie entretiennent des relations de plus en plus étroites et envisagent à terme de former ce qu’on appelle un «État d’union russo-biélorusse».
M. Loukachenko a donné à Moscou l’autorisation de déployer des armes nucléaires tactiques et des troupes en Biélorussie, qui partage une frontière de 1084 km avec l’Ukraine. En 2023, la Russie a transféré une partie de ses armes nucléaires tactiques en Biélorussie.
Contrairement aux missiles balistiques intercontinentaux à pointe nucléaire, qui peuvent détruire des villes entières, les armes nucléaires tactiques destinées à être utilisées contre les troupes sur le champ de bataille sont moins puissantes.
Ces armes comprennent des bombes aériennes, des ogives pour missiles à courte portée et des munitions d’artillerie.
Le déploiement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie permettrait aux avions et missiles russes d’atteindre plus facilement et plus rapidement des cibles potentielles en Ukraine si Moscou décidait de les utiliser. Cela étend également la capacité de la Russie à cibler plusieurs alliés de l’OTAN en Europe orientale et centrale.
La Russie a également utilisé la Biélorussie, qui dépend de ses prêts et d’une énergie bon marché, comme base de la guerre en Ukraine, y déployant une partie de ses troupes.
Les deux pays ont lancé des exercices militaires impliquant des armes nucléaires tactiques au début du mois.
Moscou a déclaré que ses exercices, annoncés publiquement pour la première fois le 6 mai, étaient une réponse aux déclarations de responsables occidentaux signalant une éventuelle implication plus profonde dans la guerre en Ukraine. Les exercices ont commencé cette semaine.
La Biélorussie a lancé le 7 mai ses manœuvres impliquant des missiles et des avions de combat capables de transporter des armes nucléaires tactiques.