Projet de loi en Colombie pour interdire la vente de «produits dérivés» Pablo Escobar

Manuel Rueda, The Associated Press
Projet de loi en Colombie pour interdire la vente de «produits dérivés» Pablo Escobar

La vente de souvenirs liés au défunt baron de la drogue Pablo Escobar pourrait être interdite en Colombie si les élus approuvaient un projet de loi déposé cette semaine au Congrès.

Le projet de loi est critiqué par ceux qui vendent ces «produits dérivés» aux touristes du monde entier, mais il est soutenu par ceux qui estiment que le pays devrait se débarrasser de son image de cartels de la drogue.

Le projet de loi propose des amendes allant jusqu’à 235 $ CAN pour les vendeurs qui offrent des marchandises représentant Escobar ou d’autres criminels condamnés. La police pourrait aussi imposer une amende à ceux qui portent des t-shirts, des chapeaux et d’autres vêtements qui «exaltent» le tristement célèbre baron de la drogue.

Cristian Avendaño, un représentant du Parti vert qui parraine le projet de loi, estime que ces objets «revictimisent les personnes qui ont été victimes de meurtriers». Il croit que «les Colombiens doivent trouver d’autres symboles pour leur pays».

Ce projet de loi a été largement couvert par les journaux colombiens, où Escobar est considéré comme un meurtrier lié à l’une des périodes les plus violentes de l’histoire du pays.

En même temps, l’image du trafiquant de drogue est fortement commercialisée par certains Colombiens, désireux de profiter de la fascination croissante qu’exerce ce baron de la drogue chez certains touristes d’Amérique du Nord, d’Europe et d’autres pays d’Amérique latine.

Les vendeurs de souvenirs du quartier historique de La Candelaria, à Bogota, se sont déclarés opposés à cette initiative, qui limite la liberté d’expression.

Rafael Nieto, un vendeur ambulant qui offre des aimants et des t-shirts arborant le visage d’Escobar, mais aussi des souvenirs plus «traditionnels» de Colombie, estime que les membres du Congrès devraient plutôt concentrer leurs énergies sur la réduction du taux de criminalité dans la ville et le laisser poursuivre son commerce.

«Beaucoup de gens en vivent, a-t-il expliqué. Les Mexicains, les Costaricains, les Américains me demandent toujours des marchandises Escobar.»

Une autre vendeuse ambulante, qui a demandé à être identifiée uniquement comme «Lorena», admet qu’elle a fait des réserves d’articles représentant le trafiquant de drogue, comme des verres à shooter et des aimants, car c’est ce que réclament les touristes internationaux.

Populaire série sur Netflix

Escobar a commandé le meurtre d’environ 4000 personnes dans les années 1980 et au début des années 1990, alors qu’il créait le puissant cartel de Medellín et amassait une fortune de 3 milliards $ US, qui faisait de lui l’une des personnes les plus riches du monde à l’époque.

Le baron de la drogue a été abattu en 1994 sur un toit de Medellín, alors qu’il tentait d’échapper à une unité de plus de 300 policiers colombiens, soutenus par des agents de la DEA américaine qui se consacraient exclusivement à sa capture.

Les exploits et les crimes d’Escobar sont bien connus en Colombie. Mais ces dernières années, sa renommée mondiale a refait surface grâce à un feuilleton colombien et à une série Netflix qui dépeint le baron de la drogue comme un mafieux impitoyable, mais astucieux, qui défie les autorités corrompues américaines et colombiennes.

Dans sa ville natale de Medellín, des agences guident les visiteurs dans des circuits historiques qui s’arrêtent sur des sites liés à la vie d’Escobar.

Le député Avendaño croit qu’il est temps pour la Colombie de se débarrasser de son image de pays de barons de la drogue. «Nous ne pouvons pas continuer à faire l’éloge de ces personnes et à agir comme si leurs crimes étaient acceptables», a-t-il déclaré. «Il existe d’autres moyens pour les entreprises de se développer et d’autres moyens de vendre la Colombie au monde.»

Le projet de loi doit passer par quatre débats pour être approuvé par le Congrès, a expliqué M. Avendaño, ajoutant que si la législation est adoptée, il y aura une «période de transition» pendant laquelle les responsables gouvernementaux travailleront avec les marchands de souvenirs pour trouver de nouvelles façons de commercialiser la Colombie.

L’année dernière, ce pays sud-américain a refusé une demande de dépôt légal du nom de Pablo Escobar, présentée par sa veuve et ses enfants, pour vendre ce qu’ils ont décrit comme des «produits éducatifs et de loisirs».

Dans sa décision, la Surintendance colombienne du commerce a déclaré qu’une «marque» Pablo Escobar «cautionnerait la violence et menacerait l’ordre public».

La Cour de justice de l’Union européenne a également rejeté une demande de marque similaire déposée par la famille d’Escobar plus tôt cette année, arguant qu’elle allait à l’encontre de «l’ordre public et des principes de moralité reconnus».

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