Les législateurs démocrates ont salué dimanche la décision historique du président Joe Biden de ne pas se représenter, le félicitant d’avoir fait passer son pays et son parti avant lui. Les républicains l’ont appelé à démissionner immédiatement, affirmant que s’il ne pouvait pas briguer un autre mandat, il ne pourrait alors pas occuper le poste de président.
L’annonce de M. Biden intervient après plus de deux semaines pendant lesquelles de plus en plus de démocrates l’exhortaient à se retirer de la course. Près de trois douzaines d’élus l’avaient publiquement incité à mettre fin à sa candidature à la réélection. Lorsqu’il l’a finalement fait, les démocrates ont qualifié cela de démarche altruiste.
«Joe Biden a non seulement été un grand président et un grand leader législatif, mais c’est un être humain vraiment extraordinaire. Sa décision n’a bien sûr pas été facile, mais il a une fois de plus donné la priorité à son pays, à son parti et à notre avenir», a écrit le chef de la majorité sénatoriale Chuck Schumer dans un communiqué.
Le rival de Joe Biden et candidat officiel des républicains, Donald Trump, a réagi à la nouvelle dans une publication sur son réseau social Truth Social, dans laquelle il a déclaré que M. Biden «n’était pas apte à se présenter à la présidence, et n’était certainement pas apte à servir».
«Nous allons beaucoup souffrir de sa présidence, mais nous réparerons très rapidement les dégâts qu’il a causés, a-t-il ajouté. RENDONS L’AMÉRIQUE GRANDE À NOUVEAU!»
Les républicains ont profité de la mauvaise performance de Joe Biden lors des débats du mois dernier pour l’accuser d’être incapable de servir quatre ans de plus. Maintenant qu’il n’est plus candidat à l’élection présidentielle, nombreux sont ceux qui estiment qu’il devrait également démissionner de son poste.
«Si Joe Biden n’est pas apte à se présenter à la présidence, il n’est pas apte à exercer les fonctions de président. Il doit démissionner immédiatement. Le 5 novembre ne peut pas arriver assez tôt», a argué le président de la Chambre, Mike Johnson, dans un communiqué.
«Si le parti démocrate a jugé Joe Biden inapte à se présenter aux élections, il est certainement inapte à contrôler nos codes nucléaires. Biden doit démissionner immédiatement», a publié le représentant Tom Emmer, républicain du Minnesota, sur X.
Appels à s’unir autour de Harris
Peu après l’annonce de M. Biden, Kamala Harris s’est dite honorée d’avoir le soutien du président, dans une déclaration sur les réseaux sociaux. «Mon intention est de le mériter et de remporter cette nomination», a ajouté Mme Harris.
L’ancien chef de cabinet de Joe Biden, Ron Klain, a appelé les démocrates à s’unir rapidement autour de la vice-présidente Kamala Harris en tant que successeure naturelle de M. Biden, affirmant sur les réseaux sociaux qu’«il est temps de mettre fin aux jeux de fantasie politique et de s’unir derrière la seule vétérane d’une campagne nationale».
«Soyons réalistes et gagnons en novembre», a insisté M. Klain.
«Nous sommes honorés de nous joindre au président pour soutenir la vice-présidente Harris et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la soutenir», ont indiqué l’ancien président Bill Clinton et l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton, dans un communiqué.
Mais dans leurs déclarations initiales, de nombreux démocrates n’ont fait aucune mention de Mme Harris. Certains réclament un processus ouvert pour sélectionner le prochain candidat démocrate à la présidentielle.
Et parmi eux, l’ancien président Barack Obama.
M. Obama, qui avait partagé en privé ses doutes sur les chances de réélection de Joe Biden, n’a pas soutenu Mme Harris, même s’il a félicité M. Biden pour sa décision de quitter la course.
«J’ai une confiance extraordinaire dans le fait que les dirigeants de notre parti seront capables de créer un processus d’où émergera un candidat exceptionnel», a-t-il laissé entendre dans un communiqué.
Chuck Schumer et le sénateur Dick Durbin, les deux principaux démocrates du Sénat, n’ont pas apporté leur soutien à Kamala Harris.
«Maintenant, le Parti démocrate doit s’unir derrière un candidat capable de vaincre Donald Trump et de permettre à l’Amérique d’avancer dans la bonne direction. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à cet effort», a soutenu M. Durbin.
«Il s’agit avant tout d’avoir d’une saine concurrence», a fait valoir le sénateur Joe Manchin, qui a récemment changé son affiliation, passant de démocrate à indépendant.
Certains démocrates se sont rapidement rassemblés derrière Mme Harris.
La représentante Pramila Jayapal, présidente du Congressional Progressive Caucus, a soutenu Mme Harris moins d’une heure après l’annonce de Joe Biden.
«Des millions d’Américains ont voté pour Joe Biden et Kamala Harris lors des primaires. La vice-présidente Harris a prouvé à maintes reprises qu’elle pouvait engager des poursuites contre Donald Trump et faire campagne vigoureusement pour les démocrates lors des élections», a expliqué Mme Jayapal dans un communiqué.
Le monde réagit
À l’échelle internationale, le premier ministre Justin Trudeau a publié sur la plateforme X que Joe Biden était un grand homme. «Et tout ce qu’il fait est guidé par l’amour qu’il porte à son pays. En tant que président, il est un partenaire des Canadiens et un véritable ami», a-t-il écrit.
Le dirigeant canadien a ajouté qu’il remerciait le président Biden ainsi que son épouse.
Le ministre de la Défense, Bill Blair, a quant à lui affirmé dimanche que M. Biden était un ami fiable et un partenaire inébranlable pour le Canada.
«Son leadership a rendu l’Amérique du Nord plus sécuritaire, l’OTAN plus sûre et l’Ukraine plus forte.», a déclaré M. Blair sur les réseaux sociaux.
David Cohen, l’ambassadeur des États-Unis au Canada, s’est dit fier du leadership de Joe Biden «dans la constitution d’une coalition des principales démocraties du monde pour protéger et préserver les valeurs démocratiques – ainsi que de son leadership dans le rétablissement de la confiance dans les États-Unis dans le monde».
Le président israélien, Isaac Herzog, a adressé ses «sincères remerciements» à Joe Biden pour avoir soutenu le peuple israélien tout au long de sa longue carrière. M. Herzog a écrit sur les réseaux sociaux que Joe Biden était le premier président américain à se rendre en Israël en temps de guerre, après l’attaque du Hamas du 7 octobre, et a qualifié le chef d’État de «symbole du lien indissoluble entre nos deux peuples».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé sur la plateforme X que son pays était reconnaissant du «soutien indéfectible» qu’a démontré M. Biden envers la lutte ukrainienne contre la Russie. «De nombreuses décisions fortes ont été prises ces dernières années et elles seront vues comme des mesures audacieuses prises par le président Biden en réponse à des temps difficiles. Et nous respectons la décision difficile mais courageuse d’aujourd’hui», a-t-il ajouté.
Le premier ministre australien Anthony Albanese a remercié le président américain pour son leadership et a déclaré que l’alliance entre leurs deux pays «n’a jamais été aussi forte».
Le premier ministre polonais Donald Tusk a reconnu la décision difficile que M. Biden a dû prendre et a ajouté que «la Pologne, l’Amérique et le monde sont plus sûrs et la démocratie plus forte» grâce au président américain.