Sculptures du Parthénon: la Grèce encouragée par les propos de la Turquie

Elena Becatoros et Suzan Fraser, The Associated Press
Sculptures du Parthénon: la Grèce encouragée par les propos de la Turquie

L’un des conflits culturels les plus insolubles au monde est de nouveau sous le feu des projecteurs après qu’une responsable turque eut mis en doute l’existence de preuves longtemps évoquées par le Royaume-Uni selon lesquelles il avait acquis légalement les marbres du Parthénon, des sculptures vieilles de 2500 ans tirées de l’Acropole d’Athènes.

La ministre grecque de la Culture a déclaré que les commentaires faits lors d’une réunion de l’UNESCO à Paris la semaine dernière sur la restitution des biens culturels renforcent l’argument de la Grèce selon lequel les sculptures ont été illégalement retirées du temple du Parthénon, sur l’Acropole, et devraient être restituées.

Les antiquités, également connues sous le nom de marbres d’Elgin, ont été retirées au début du XIXe siècle par Lord Elgin, l’ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’Empire ottoman, qui dirigeait la Grèce à l’époque. Elles sont conservées au British Museum de Londres et la Grèce réclame depuis longtemps leur restitution.

Le musée affirme que Lord Elgin a retiré les sculptures légalement après que les autorités ottomanes lui eurent accordé un édit impérial, ou «firman», l’autorisant à le faire.

Mais Zeynep Boz, cheffe du comité anticontrebande du ministère turc de la Culture, a déclaré lors d’une réunion du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d’origine qu’aucun document de ce type n’avait été trouvé.

La Turquie, qui a succédé à l’Empire ottoman, «est le pays qui posséderait les documents archivés relatifs aux choses qui étaient vendues légalement à cette époque», a déclaré Mme Boz à l’Associated Press mercredi.

«Les historiens ont fouillé les archives ottomanes pendant des années et n’ont pas pu trouver un « firman » prouvant que la vente était légale, comme on le prétend.»

Mme Boz a ajouté qu’elle s’est sentie obligée d’intervenir lors de la réunion de l’UNESCO après qu’un participant britannique eut déclaré dans son discours que les marbres d’Elgin avaient été achetés légalement à l’époque ottomane.

«Garder le silence équivaudrait à reconnaître la revendication britannique, a-t-elle soutenu. J’ai dû dire: « Nous n’avons pas connaissance d’un tel document. »»

Le seul document existant connu faisant référence à l’édit impérial est une traduction italienne.

Cependant, Mme Boz a mentionné qu’il ne portait «ni signature, ni cachet, ni tughra (sceau officiel du sultan). Rien qui puisse l’officialiser.»

«Le document auquel il fait référence est introuvable», a-t-elle affirmé.

La Grèce encouragée

Alors que les liens entre la Grèce et la Turquie sont souvent tendus et que les deux pays sont en désaccord sur un large éventail de questions, y compris les revendications territoriales, les deux pays cherchent à récupérer les objets culturels retirés de leurs territoires et actuellement conservés dans des musées du monde entier.

La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a déclaré que ces commentaires renforçaient l’argument de la Grèce selon lequel Lord Elgin avait illégalement retiré les sculptures.

«Il n’y a jamais eu de « firman » ottoman accordant à Elgin la permission de traiter les sculptures du Parthénon avec la brutalité avec laquelle il l’a fait, a-t-elle déploré. Le représentant de la Turquie (à la réunion de l’UNESCO) a confirmé ce que la partie grecque soutient depuis des années. Qu’il n’y avait pas de « firman ».»

Mme Mendoni a déclaré que la Grèce restait «ouverte au dialogue» et poursuivrait ses efforts pour le retour des sculptures, qui ont une place réservée au Musée de l’Acropole à Athènes.

Alors que la loi interdit au British Museum de restituer définitivement les sculptures, ses dirigeants ont récemment eu des entretiens avec des responsables grecs sur un éventuel compromis qui pourrait permettre aux sculptures d’être exposées à la fois à Athènes et Londres.

Ces efforts ont heurté un mur en novembre dernier, lorsqu’une querelle diplomatique a éclaté à propos des marbres et que le premier ministre britannique Rishi Sunak a brusquement annulé une réunion prévue avec son homologue grec, Kyriakos Mitsotakis.

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