Le premier ministre israélien a déclaré samedi qu’un cessez-le-feu permanent à Gaza n’était pas envisageable tant que les conditions de longue date pour mettre fin à la guerre ne seraient pas remplies, semblant ainsi remettre en cause une proposition que le président américain Joe Biden avait annoncée comme étant une initiative israélienne.
La déclaration du cabinet du premier ministre Benyamin Nétanyahou est survenue un jour après que M. Biden eut présenté le plan, et alors que les familles des otages israéliens détenus par le Hamas ont appelé toutes les parties à accepter immédiatement la proposition.
«Les conditions imposées par Israël pour mettre fin à la guerre n’ont pas changé : la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et la garantie que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël, indique le communiqué. En vertu de cette proposition, Israël continuera d’insister sur le fait que ces conditions soient remplies avant qu’un cessez-le-feu permanent ne soit mis en place.»
Dans une déclaration distincte, M. Nétanyahou a accepté une invitation des dirigeants du Congrès à prononcer un discours au Capitole, en signe de soutien en temps de guerre. Aucune date n’a été fixée.
M. Biden a affirmé vendredi que le Hamas n’était «plus capable» de mener une attaque à grande échelle contre Israël, comme celle menée en octobre par le groupe militant qui a déclenché la guerre. Il a exhorté Israël et le Hamas à parvenir à un accord pour libérer la centaine d’otages restants, ainsi que pour rapatrier les corps d’une trentaine d’autres, en vue d’un cessez-le-feu prolongé.
Les pourparlers sur le cessez-le-feu ont été interrompus le mois dernier après que les États-Unis et d’autres médiateurs eurent tenté de conclure un accord dans l’espoir d’éviter une invasion israélienne massive de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Israël affirme que l’opération de Rafah est essentielle pour déraciner les combattants du Hamas responsables de l’attaque du 7 octobre.
Israël a confirmé vendredi que ses troupes opéraient dans les quartiers centraux de la ville. L’assaut terrestre a conduit environ un million de Palestiniens à quitter Rafah et a perturbé les opérations humanitaires. Le Programme alimentaire mondial a qualifié les conditions de vie d’«horribles et apocalyptiques» alors que la faim augmente.
Les familles des otages ont soutenu que le temps était compté.
«C’est peut-être la dernière chance de sauver des vies», a déclaré Gili Roman à l’Associated Press. Sa sœur, Yarden Roman-Gat, a été libérée lors d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre, mais sa belle-sœur Carmel est toujours détenue.
«Notre leadership ne doit pas nous décevoir, mais surtout, tous les regards doivent être tournés vers le Hamas», a ajouté M. Roman.
Les familles ont décrit une réunion agitée jeudi avec le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Tzachi Hanegbi, qui leur a dit que le gouvernement n’était pas prêt à signer un accord pour ramener tous les otages chez eux et qu’il n’y avait pas de plan B.
M. Hanegbi a déclaré cette semaine qu’il s’attend à ce que la guerre se poursuive encore sept mois pour détruire les capacités militaires et gouvernementales du Hamas et du plus petit groupe militant du Jihad islamique.
De nombreuses familles d’otages accusent le gouvernement de manquer de volonté de parvenir à un accord.
Un accord en trois phases
La première phase de l’accord proposé par le président Biden durerait six semaines et comprendrait un «cessez-le-feu total et complet», un retrait des forces israéliennes de toutes les zones densément peuplées de Gaza et la libération d’un certain nombre d’otages, dont des femmes. des personnes âgées et des blessés, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.
La deuxième phase comprendrait la libération de tous les otages encore vivants, y compris les soldats de sexe masculin, et le retrait des forces israéliennes de Gaza. La troisième phase appellerait au début d’une reconstruction majeure de Gaza, qui fait face à des décennies de reconstruction après les ravages de la guerre.
M. Biden a reconnu qu’il serait difficile de maintenir la proposition sur la bonne voie, avec des «détails à négocier» pour passer de la première phase à la seconde. M. Biden a affirmé que si le Hamas ne respectait pas ses engagements dans le cadre de l’accord, Israël pourrait reprendre ses opérations militaires.
Le Hamas a dit vendredi qu’il considérait la proposition «positivement» et a appelé Israël à déclarer son engagement explicite envers un accord qui comprend un cessez-le-feu permanent, un retrait complet des troupes israéliennes de Gaza, un échange de prisonniers et d’autres conditions.
La principale différence par rapport aux propositions précédentes réside dans la volonté d’arrêter la guerre pour une période indéfinie, selon des analystes. Cela laisse à Israël la possibilité de reprendre la guerre et de diminuer la capacité du Hamas à gouverner, mais avec le temps, a déclaré Michael Milshtein, directeur du Forum d’études palestiniennes au Centre Dayan de l’Université de Tel-Aviv.
Samedi également, la chaîne publique égyptienne Al-Qahera News a annoncé que des responsables égyptiens, américains et israéliens se rencontreraient au Caire ce week-end pour discuter du passage de Rafah, fermé depuis qu’Israël a pris le contrôle du côté palestinien en mai.
Le passage est l’un des principaux moyens d’acheminement de l’aide à Gaza. L’Égypte a refusé d’ouvrir son côté, craignant que le contrôle israélien ne reste permanent. L’Égypte souhaite que les Palestiniens reprennent le pouvoir.