Un membre du cabinet israélien démissionne faute d’un plan d’après-guerre à Gaza

Melanie Lidman, The Associated Press
Un membre du cabinet israélien démissionne faute d’un plan d’après-guerre à Gaza

Benny Gantz, membre centriste du cabinet de guerre israélien, a annoncé dimanche sa démission, accusant Benyamin Netanyahou de mal gérer l’effort de guerre et de faire passer sa propre «survie politique» avant les besoins de sécurité du pays.

Cette décision ne constitue pas immédiatement une menace pour le premier ministre, qui contrôle toujours une coalition majoritaire au Parlement. Mais le dirigeant israélien devient de plus en plus dépendant de ses alliés d’extrême droite qui s’opposent à la dernière proposition de cessez-le-feu soutenue par les États-Unis et souhaitent poursuivre la guerre.

«Malheureusement, Netanyahou nous empêche de remporter une véritable victoire, ce qui justifie le prix douloureux et permanent à payer», a déclaré M. Gant, ajoutant que M. Netanyahou «faisait des promesses creuses» et que le pays devrait prendre une direction différente, car il s’attend à ce que les combats se poursuivent pendant des années.

L’ancien chef militaire populaire a rejoint le gouvernement Netanyahou peu après l’attaque du Hamas, en signe d’unité. Sa présence a également renforcé la crédibilité d’Israël auprès de ses partenaires internationaux puisqu’il entretient de bonnes relations avec les responsables américains.

M. Gantz avait précédemment affirmé qu’il quitterait le gouvernement d’ici le 8 juin si le premier ministre ne formulait pas un nouveau plan d’après-guerre dans la bande de Gaza.

Il a annulé une conférence de presse prévue samedi soir après que quatre otages israéliens eurent été sauvés de Gaza plus tôt dans la journée, dans le cadre de la plus grande opération de ce type menée par Israël depuis le début de la guerre en octobre. Au moins 274 Palestiniens, dont des enfants, ont été tués dans cette attaque, ont indiqué les responsables de la santé à Gaza.

M. Gantz a appelé Israël à organiser des élections à l’automne et a encouragé le troisième membre du cabinet de guerre, le ministre de la Défense Yoav Gallant, à «faire ce qu’il faut» et à démissionner également du gouvernement. M. Gallant a déjà dit qu’il démissionnerait si Israël choisissait de réoccuper Gaza et avait encouragé le gouvernement à élaborer des plans pour une administration palestinienne.

Samedi, M. Netanyahou avait exhorté M. Gantz à ne pas quitter le gouvernement en temps de guerre. «L’heure est à l’unité, pas à la division», lui avait-il directement lancé.

Son choix de partir est en grande partie «une décision symbolique» en raison de sa frustration à l’égard de Benyamin Netanyahou, a soutenu Gideon Rahat, président du département de sciences politiques de l’Université hébraïque de Jérusalem. Il estime que cela pourrait encore accroître la dépendance du premier ministre à l’égard des membres d’extrême droite de son gouvernement, dirigé par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich.

«Je pense que le monde extérieur, en particulier les États-Unis, n’en est pas très content, car ils considèrent Gantz et son parti comme les personnes les plus responsables au sein de ce gouvernement», a affirmé M. Rahat.

Dimanche soir, Itamar Ben-Gvir, dirigeant de la Force juive, un parti de la droite radicale, a exigé une place dans le cabinet de guerre, affirmant que Benny Gantz et le cabinet plus restreint avaient gâché l’effort de guerre en raison de décisions idéologiques «dangereuses».

Le Hamas a pris quelque 250 otages lors de l’attaque du 7 octobre qui a tué environ 1200 personnes. Environ la moitié ont été libérés lors d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre. Il reste environ 120 otages, dont 43 morts. Au moins 36 700 Palestiniens ont été tués dans les combats, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre combattants et civils.

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