Un photographe de Reuters a pris la «photo de l’année»

Thomas Adamson, The Associated Press
Un photographe de Reuters a pris la «photo de l’année»

PARIS — Un photographe de l’agence Reuters, Mohammed Salem, a remporté jeudi le prestigieux prix de la «Photo de l’année» avec une image de perte et de douleur à Gaza, une photo déchirante d’une femme palestinienne berçant le corps de sa jeune nièce.

La photo, prise à Khan Younis quelques jours seulement après la naissance de l’enfant de M. Salem, montre Inas Abou Maamar, 36 ans, tenant dans ses bras Saly, 5 ans, qui a été tuée avec sa mère et sa sœur lorsqu’un missile israélien a frappé leur maison.

M. Salem, qui est Palestinien, a décrit cette photo prise le 2 novembre de l’année dernière comme un «moment puissant et triste qui résume le sentiment général de ce qui se passait dans la bande de Gaza».

L’image «résume vraiment ce sentiment d’impact», a déclaré la présidente du jury mondial du World Press Photo, Fiona Shields, responsable de la photographie au journal The Guardian.

«Elle est incroyablement émouvante et constitue en même temps un plaidoyer en faveur de la paix, ce qui est extrêmement puissant quand la paix peut parfois sembler un fantasme improbable», a-t-elle ajouté.

Le jury a salué le sens de l’attention et du respect qui se dégage de la photo et le fait qu’elle offre un «aperçu métaphorique et littéral d’une perte inimaginable».

Ce n’est pas la première fois que M. Salem est récompensé pour son travail sur le conflit israélo-palestinien; il a reçu un prix du World Press Photo il y a plus de dix ans pour une autre photo illustrant le bilan humain du conflit dans la bande de Gaza.

Dans les trois autres catégories mondiales annoncées jeudi, la Sud-Africaine Lee-Ann Olwage a remporté le prix de la photo de l’année pour sa série émouvante «Valim-babena», publiée dans le magazine GEO. Le projet portait sur la stigmatisation de la démence à Madagascar, un sujet qu’elle a exploré à travers des portraits intimes de «Dada Paul» et de sa famille. Le manque de sensibilisation du public à la démence signifie que les personnes présentant des symptômes de perte de mémoire sont souvent stigmatisées.

Dans la série, «Dada Paul», qui vit avec la démence depuis 11 ans, est tendrement soigné par sa fille Fara. L’une des images les plus marquantes de la série le montre en train de se préparer pour l’église avec sa petite-fille Odliatemix, capturant des moments de normalité et de chaleur au milieu des défis de la démence.

Le photographe Alejandro Cegarra, originaire du Venezuela et ayant émigré au Mexique en 2017, a remporté le prix du projet à long terme pour «The Two Walls», publié par le New York Times et Bloomberg. Le projet de Cegarra, lancé en 2018, examine un changement dans les politiques d’immigration du Mexique, qui sont passées d’une ouverture historique à l’application de règles strictes à sa frontière sud. Le jury a déclaré que le point de vue du photographe en tant que migrant lui donnait une perspective «sensible» et centrée sur l’humain, selon un communiqué de presse.

Julia Kochetova, de l’Ukraine, a remporté le prix du format ouvert pour «War Is Personal». Le projet s’est démarqué de la couverture du conflit en cours en offrant un regard personnel sur les dures réalités de la guerre. Sur un site web dédié, elle a fusionné le photojournalisme traditionnel avec un style documentaire de type journal intime, en incorporant des photographies, de la poésie, des clips audio et de la musique. 

World Press Photo est une organisation indépendante à but non lucratif basée aux Pays-Bas, fondée en 1955.

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