AMSTERDAM — Un Néerlandais, condamné en Colombie-Britannique pour extorsion et harcèlement à l’endroit d’une adolescente canadienne qui s’est suicidée après avoir été victime d’un chantage en ligne, a vu sa peine réduite jeudi par un tribunal d’Amsterdam de 13 à 6 ans.
Aydin Coban n’était pas présent au tribunal de première instance d’Amsterdam lors de la brève audience au cours de laquelle la sentence a été annoncée. Son avocat, Robert Malewicz, a déclaré qu’il ferait appel de la décision auprès de la Cour suprême des Pays-Bas.
Aydin Coban a été extradé des Pays-Bas vers le Canada en 2020 pour être jugé sur des accusations liées à Amanda Todd, qui s’est suicidée en 2012 à l’âge de 15 ans après avoir publié une vidéo décrivant les tourments qu’elle subissait de la part d’un harceleur en ligne. Coban est né en 1978, selon des documents judiciaires, ce qui lui donne 44 ou 45 ans.
Il a été envoyé au Canada à condition que sa peine soit purgée dans une prison néerlandaise. Cela signifiait également que la peine d’emprisonnement imposée par la Cour suprême de la Colombie-Britannique l’année dernière devait être convertie en une peine aux Pays-Bas.
En juillet, les procureurs néerlandais ont déclaré que la peine canadienne devrait être ramenée à quatre ans et demi, conformément aux lignes directrices néerlandaises en matière de peines et au temps passé dans les conditions difficiles d’une prison canadienne.
La décision du tribunal n’a pas pris en compte le temps passé derrière les barreaux au Canada et l’a condamné à la peine maximale possible de six ans.
Coban purge une peine de 11 ans aux Pays-Bas après avoir été reconnu coupable d’accusations similaires concernant l’extorsion en ligne de 33 jeunes filles et hommes homosexuels. La peine imposée jeudi sera purgée après qu’il aura terminé sa peine de prison actuelle, l’année prochaine.
M. Malewicz avait qualifié la peine canadienne d’«exorbitante, même selon les normes canadiennes». Il a déclaré que Coban ne devrait pas être condamné à une peine de prison supplémentaire, mais que si le tribunal décidait de lui infliger une peine de prison, celle-ci ne devrait pas être supérieure à un an, dont six mois avec sursis.
«Nous irons jusqu’à la Cour suprême», a-t-il indiqué aux journalistes après la brève audience de jeudi.
Le suicide d’Amanda Todd a attiré l’attention du grand public sur le problème de la cyberintimidation au Canada après que l’adolescente de Port Coquitlam a publié sur YouTube une vidéo dans laquelle elle décrivait, à l’aide de signes manuscrits, comment un inconnu l’avait incitée à exposer ses seins sur une webcam.
L’image s’est retrouvée sur une page Facebook, à laquelle ses amis ont été ajoutés.
Elle a été victime d’intimidations répétées, a changé d’école et s’est finalement suicidée quelques semaines après avoir publié la vidéo.
L’année dernière, un jury de Colombie-Britannique a reconnu Coban coupable de tous les chefs d’accusation retenus contre lui, notamment de communication avec une jeune personne en vue de commettre une infraction sexuelle et de possession et de distribution de pornographie juvénile.
Lors de la condamnation de M. Coban l’année dernière, la juge canadienne Martha Devlin a déclaré que «l’impact sérieux des infractions sur Amanda était évident pour M. Coban et aurait été évident pour n’importe qui à l’époque».
Elle a soutenu que «ruiner la vie d’Amanda était l’objectif expressément déclaré de M. Coban. Malheureusement, il l’a atteint».