Une frappe majeure de missiles menée par la Russie en Ukraine a fait au moins 31 morts et 154 blessés, lundi. Un missile a notamment touché un hôpital pour enfants de la capitale ukrainienne, Kyiv, où les équipes de secours tentent toujours de localiser des survivants ou des victimes.
Plus de 40 missiles de différents types se sont abattus sur cinq villes ukrainiennes, selon le président du pays, Volodymyr Zelensky. Des immeubles résidentiels et des infrastructures publiques auraient été touchés. De son côté, l’armée de l’air ukrainienne a indiqué avoir intercepté 30 missiles.
À Kryvyï Rih, la ville natale de M. Zelensky, les frappes russes ont fait 10 victimes et 47 blessés. Sept personnes ont été tuées à Kyiv, ont fait savoir les autorités locales.
«Il est très important que le monde ne reste pas silencieux à ce sujet maintenant qu’il voit ce qu’est la Russie et ce qu’elle fait», a martelé M. Zelensky dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Cette opération de la Russie est survenue à la veille du début du sommet des dirigeants de l’OTAN, qui s’ouvrira mardi à Washington. Les participants examineront comment ils pourront rassurer Kyiv sur le soutien indéfectible de l’alliance et offrir aux Ukrainiens l’espoir que leur pays pourra se sortir du plus grand conflit d’Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
À l’hôpital pour enfants Okhmatdyt, qui se trouve à Kyiv, les secouristes sont à la recherche de victimes ou de survivants sous les décombres d’une aile à deux étages qui s’est partiellement effondrée. Le maire de la capitale, Vitali Klitschko, a confirmé qu’au moins 16 personnes, dont sept enfants, avaient été blessées.
Dans le bâtiment principal de l’hôpital, qui compte dix étages, les fenêtres et les portes ont été arrachées, tandis que les murs ont été noircis. L’unité de soins intensifs, les blocs opératoires et les services d’oncologie ont tous été endommagés.
Dans les décombres, les secouristes étaient à la recherche d’enfants et de membres du personnel médical. Les volontaires ont formé une ligne, se passant des briques et d’autres débris. De la fumée s’élevait toujours du bâtiment et les bénévoles et les équipes d’urgence travaillaient avec des masques de protection.
L’attaque a forcé l’évacuation de l’hôpital et sa fermeture temporaire.
Deuxième alerte
Quelques heures après la première frappe, une nouvelle sirène de raid aérien a poussé de nombreuses personnes à se précipiter vers l’abri de l’hôpital. Menées à la lampe de poche dans les couloirs sombres du refuge, les mères portaient leurs enfants bandés dans leurs bras. Des bénévoles ont distribué des bonbons pour tenter de calmer les enfants.
Rencontrée sur les lieux, Marina Ploskonos a raconté que son fils de quatre ans avait subi une opération à la colonne vertébrale vendredi.
«Il est terrifié», a-t-elle avoué.
«Ça ne devrait pas arriver, c’est un hôpital pour enfants», a-t-elle dénoncé avant de fondre en larmes.
Les services de sécurité ukrainiens ont affirmé avoir trouvé sur place l’épave d’un missile de croisière russe Kh-101 et avoir ouvert une procédure pour crimes de guerre. Le Kh-101 est un missile à lancement aérien qui vole bas pour éviter d’être détecté par les radars.
L’Ukraine a dit avoir abattu 11 des 13 missiles Kh-101 lancés lundi.
Le président tchèque, Petr Pavel, a déclaré que l’attaque sur l’hôpital était «inexcusable» et qu’il s’attendait à voir lors du sommet de l’OTAN un consensus selon lequel la Russie était «la plus grande menace à laquelle nous devons être soigneusement préparés».
Le gouvernement allemand a également condamné les attaques. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a appelé le président russe Vladimir Poutine à «mettre un terme immédiat à cette guerre d’agression contre tant d’innocents».
La Russie se défend
Le ministère russe de la Défense a soutenu que les frappes menées lundi visaient des usines de défense et des bases aériennes militaires ukrainiennes. Selon lui, l’opération a été couronnée de succès. Il a nié avoir visé des installations civiles et a affirmé, sans preuve, que des photos provenant de Kyiv indiquaient que les dégâts avaient été causés par un missile de défense aérienne ukrainien.
Depuis le début de la guerre, qui en est à sa troisième année, les responsables russes ont régulièrement assuré que les forces de Moscou n’attaquaient jamais les infrastructures civiles en Ukraine, malgré ce qu’affirment les responsables de Kyiv et ce qu’ont pu constater des journalistes de l’Associated Press (AP).
Environ trois heures après les premières frappes, d’autres missiles ont frappé Kyiv et détruit partiellement un centre médical privé. Quatre personnes y ont été tuées, ont indiqué les services d’urgence ukrainiens.
Dans le quartier de Shevchenkivskyi, une partie de trois étages d’un immeuble résidentiel a été détruite. Les équipes d’urgence ont recherché des victimes et les journalistes de l’AP ont vu trois corps.
Le chef de cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, a dénoncé que l’attaque se soit produite pendant la journée, à un moment où de nombreuses personnes se trouvaient dans les rues de la ville.