La principale coalition d’opposition vénézuélienne a appelé lundi les États-Unis à annuler les licences qui permettent à la compagnie pétrolière Chevron et à d’autres sociétés énergétiques d’opérer dans le pays d’Amérique du Sud, afin de faire pression sur le président Nicolás Maduro pour qu’il négocie une transition du pouvoir.
L’appel a été lancé par un conseiller de campagne d’Edmundo González Urrutia, qui représentait la coalition Plateforme unitaire lors des élections du 28 juillet, et de son principal soutien, la cheffe de l’opposition María Corina Machado. M. González et Mme Machado affirment que leur campagne a remporté le vote avec une large marge, ce qui contredit la décision des autorités électorales nationales de déclarer M. Maduro vainqueur.
«Nous voulons qu’elles soient annulées… c’est une bouée de sauvetage pour le régime», a déclaré le conseiller Rafael de la Cruz, en référence aux licences, lors d’une table ronde organisée par l’organisation patronale Council of the Americas, basée à New York. «Nous voulons que toutes les compagnies pétrolières aillent au Venezuela. Ce n’est donc pas une question de compagnies. C’est à propos de la situation qui appauvrit tellement le pays que pratiquement toute la population veut que ce régime disparaisse.»
Chevron, basé en Californie, est la plus grande entreprise à avoir reçu une autorisation individuelle de l’administration du président américain Joe Biden pour faire des affaires avec la compagnie pétrolière publique vénézuélienne Petróleos de Venezuela S.A., plus connue sous le nom de PDVSA. Le département du Trésor a sanctionné PDVSA en 2019 dans le cadre d’une politique punissant le gouvernement de M. Maduro pour des activités de corruption, antidémocratiques et criminelles.
La licence de Chevron a été délivrée en 2022 après que M. Maduro et la coalition d’opposition ont lancé un processus de négociation. En octobre, le département du Trésor a accordé au Venezuela un large sursis aux sanctions après que M. Maduro et l’opposition ont accepté de travailler à l’amélioration des conditions électorales avant l’élection présidentielle de 2024. Toutefois, alors que les espoirs d’une ouverture démocratique s’estompaient, l’administration Biden a retiré cet allègement.
La Maison-Blanche a laissé ouverte la possibilité aux entreprises de demander des licences les exemptant des restrictions, ce qui pourrait attirer des investissements supplémentaires dans le pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. Les entreprises européennes ont bénéficié de licences individuelles.
M. de la Cruz a déclaré que la campagne González-Machado voulait «trouver un terrain d’entente» avec les compagnies pétrolières. Mais, a-t-il dit, leur présence au Venezuela en ce moment donne à M. Maduro la possibilité d’essayer de «normaliser… la dictature de facto qu’il essaie d’instaurer au Venezuela».
«Nous restons déterminés à mener nos activités dans le respect des lois et réglementations en vigueur, tant aux États-Unis que dans les pays où nous opérons», a soutenu le porte-parole de Chevron, Bill Turenne, dans un communiqué.
La Maison-Blanche n’a pas immédiatement commenté l’appel de la coalition d’opposition à annuler les licences. La licence de Chevron se renouvelle automatiquement. Elle a été renouvelée pour la dernière fois le 1er septembre et est valable jusqu’en mars 2025.
Les autorités électorales du Venezuela ont déclaré M. Maduro vainqueur quelques heures après la fermeture des bureaux de vote le 28 juillet, mais contrairement aux élections présidentielles précédentes, elles n’ont jamais publié de décompte détaillé des voix pour étayer leur affirmation, arguant que le site Web du Conseil national électoral avait été piraté.
À la surprise de ses partisans et de ses opposants, M. González et Mme Machado ont annoncé peu après que leur campagne avait obtenu les résultats de plus des deux tiers des machines de vote électronique utilisées lors de l’élection, mais aussi qu’ils les avaient publiés en ligne pour montrer au monde que M. Maduro avait perdu.
La condamnation mondiale du manque de transparence a incité M. Maduro à demander à la Cour suprême du Venezuela, composée de fidèles du parti au pouvoir, de vérifier les résultats. La Cour a réaffirmé sa victoire.
Après l’élection contestée, une loi a été introduite au Congrès américain pour interdire les investissements américains dans le secteur pétrolier vénézuélien et pour imposer des restrictions de visa aux responsables actuels et anciens du gouvernement Maduro. Des résolutions reconnaissant la victoire de M. González ont également été introduites à la Chambre et au Sénat.
M. González, un ancien diplomate, est parti en exil en Espagne au début du mois après qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui dans le cadre d’une enquête sur la publication des feuilles de décompte des voix.
La semaine dernière, le département du Trésor a imposé des sanctions contre 16 alliés de M. Maduro, les accusant d’entraver le scrutin et de commettre des violations des droits de la personne. Parmi les personnes visées figuraient le président de la Cour suprême du pays, des dirigeants des forces de sécurité de l’État et des procureurs.