Une des équipes est la meilleure du tournoi jusqu’ici et se retrouve potentiellement au début d’une nouvelle ère de succès grâce à un jeune prodige, un milieu de terrain exceptionnel et un ajustement de philosophie.
L’autre a survécu, clopinant jusqu’en finale grâce à quelques gros moments, de la résilience et un entraîneur souvent critiqué qui a une autre chance de mettre fin à la longue attente de son pays pour un premier titre majeur depuis celui de la Coupe du monde en 1966.
Le match ultime du Championnat européen de soccer masculin entre l’Espagne et l’Angleterre, dimanche, regorge d’histoire, l’une d’entre elles se démarquant sans doute des autres.
À l’intérieur de l’Olympiastadion, stade historique construit par les nazis pour les Jeux olympiques de 1936, Lamine Yamal – un jour après son 17e anniversaire – tentera de couronner sa percée à titre de nouvelle super vedette du soccer avec le premier titre majeur de l’Espagne depuis les trois consécutifs, de 2008 à 2012.
Yamal a attiré les projecteurs vers lui dans un tournoi au cours duquel les grandes vedettes – Cristiano Ronaldo, Kylian Mbappé, et même l’Anglais Harry Kane – ont été décevantes. Si ses trois passes décisives avant les demi-finales laissaient entrevoir son potentiel incontestable, le spectaculaire tir enroulé de Yamal qui a propulsé l’Espagne vers une victoire 2-1 contre la France a signalé l’arrivée d’une nouvelle tête d’affiche sur la scène internationale.
«C’est un talent générationnel, a déclaré vendredi l’attaquant anglais Ollie Watkins à propos de Yamal. Il a le monde à ses pieds.»
Malgré l’éclosion de Yamal, c’est le milieu de terrain qui a permis à L’Espagne d’avoir l’ascendant sur ses rivaux.
Rodri, peut-être le joueur le plus efficace du monde, et Fabian Ruiz sont l’axe sur lequel l’Espagne prospère. Dani Olmo les accompagne comme élément offensif d’un trio de milieu de terrain central complet que l’Angleterre aura du mal à contenir.
L’Espagne a dominé un groupe comprenant l’Italie, championne en titre, et la Croatie, demi-finaliste de la Coupe du monde 2022. Elle a ensuite éliminé l’Allemagne, pays hôte, et la France de Mbappé, considérée par plusieurs comme favorite avant le tournoi.
La Roja compte ainsi six victoires de suite. Pas étonnant que les Espagnols soient si fortement soutenus avant la finale.
«Ils ont été la meilleure équipe, a reconnu l’entraîneur anglais Gareth Southgate à propos de l’Espagne. Mais nous y sommes et d’après ce que nous avons montré jusqu’à présent, nous avons autant de chances qu’eux.»
En effet, l’Espagne ne doit pas sous-estimer l’Angleterre, dont la ténacité et le caractère se sont démarqués bien plus que sa qualité de jeu.
L’équipe la plus talentueuse du pays depuis 20 ans a sous-performé, semblant déséquilibrée, à court d’idées et dans certains cas fatiguée, mais s’est d’une manière ou d’une autre qualifiée pour une deuxième finale consécutive du Championnat d’Europe.
Il y a trois ans, l’Angleterre a perdu contre l’Italie aux tirs au but à domicile au stade de Wembley, prolongeant ainsi l’attente douloureuse du berceau du soccer.
Depuis le début de l’Euro, des joueurs anglais se sont démarqués avec des buts cruciaux: Jude Bellingham avec le but égalisateur lors des arrêts de jeu contre la Slovaquie en huitièmes de finale, Bukayo Saka avec l’égalisation à la 80e minute contre la Suisse en quarts de finale, et même Watkins à peu près exactement à la 90e minute contre les Pays-Bas, en demi-finale.
L’Angleterre est donc en confiance dans son statut de négligée.
«Ils sont capables d’infliger beaucoup de dégâts, même sans jouer de manière très fluide, a déclaré le défenseur espagnol Dani Vivian. Mais ils ont cette qualité qui les rend capables de produire ces étincelles.»