Afghanistan: «déchirant» de voir les Talibans au pouvoir pour les militaires

Marie Woolf, La Presse Canadienne
Afghanistan: «déchirant» de voir les Talibans au pouvoir pour les militaires

OTTAWA — La ministre de la Défense, Anita Anand, a souligné qu’il était «déchirant» pour les membres des Forces armées canadiennes qui ont servi en Afghanistan de voir les talibans revenir au pouvoir.

Mais Mme Anand a indiqué lundi à un comité parlementaire spécial sur l’Afghanistan que les Forces armées canadiennes avaient contribué à donner à une génération d’Afghans l’accès à l’école, à l’université et aux soins de santé.

Elle a précisé que l’intervention, qui a coûté la vie à 158 Canadiens, signifiait également que moins de femmes et d’enfants mouraient en couches et que les femmes et les groupes minoritaires avaient profité d’années de libertés et de droits.

Mme Anand a spécifié que le Canada n’envisageait pas de reconnaître le gouvernement des talibans, qui est répertorié comme un groupe terroriste.

La ministre a répondu aux questions des députés du comité qui ont rappelé que les organisations humanitaires avaient des difficultés à fournir de l’aide en raison du statut des talibans.

Mme Anand a défendu le bilan du Canada en matière d’évacuation des Afghans et a déclaré que l’armée s’était rapidement mobilisée l’année dernière pour transporter 3700 Afghans et Canadiens en Afghanistan vers le Canada alors que les talibans reprenaient le contrôle.

«Nos Forces armées canadiennes ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour aider le plus de gens possible aussi longtemps qu’elles le pouvaient, a-t-elle dit. Les talibans avançaient très rapidement — beaucoup plus rapidement que quiconque ne s’y attendait.»

Le chef de la Défense, le général Wayne Eyre, a rappelé que même si certains des vols d’évacuation du Canada n’étaient pas complets, d’autres étaient bondés au-delà de la capacité officielle pour faire sortir le plus de personnes possible.

Un capitaine d’un vol canadien a fait décoller son avion-cargo, conçu pour transporter environ 200 personnes, avec 535 personnes.

«Le travail des gens sur le terrain était tout simplement remarquable», a-t-il souligné.

Mme Anand et M. Eyre ont dû justifier pourquoi le Canada n’avait évacué que 3700 personnes, tandis que le Royaume-Uni avait réussi à en faire sortir environ 11 000.

M. Eyre a expliqué que les Forces armées canadiennes avaient quitté le pays en 2014, mais y étaient retournées pour évacuer le plus de monde possible dans un effort héroïque après qu’il soit devenu clair que Kaboul tomberait.

Les Forces canadiennes sont arrivées en Afghanistan quelques semaines après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 par Al-Qaïda aux États-Unis et y ont poursuivi un rôle de combat jusqu’en 2011, lorsqu’elles sont passées à l’entraînement des forces de sécurité nationales afghanes.

M. Eyre a témoigné que le Canada ne disposait que d’un seul créneau aéroportuaire pour transporter les gens par jour et qu’il était pressé par le temps alors que les talibans avançaient vers Kaboul.

Il a indiqué que le Canada avait reçu 7 500 demandes d’Afghans affirmant avoir servi dans les Forces armées canadiennes en tant qu’interprètes ou autres membres du personnel et que le ministère de la Défense en avait validé 3800.

Le comité a appris que 900 d’entre eux, ainsi que leurs familles, avaient été acceptés au Canada par les autorités de l’immigration.

La députée néo-démocrate Jenny Kwan a demandé ce qui était arrivé aux 3100 autres Afghans dont le ministère de la Défense a confirmé qu’ils avaient des liens authentiques avec les Forces canadiennes en Afghanistan, mais qui n’ont pas encore été acceptés.

On lui a répondu que l’affaire était un problème pour le service de l’immigration, qui pourrait encore traiter leurs demandes.

M. Eyre a confié qu’il avait été personnellement contacté par des Afghans avec qui il avait servi au sujet de leur arrivée au Canada et qu’il «avait ressenti le même genre de détresse» à propos de leur sort.

Il dit avoir pris soin en tant que chef des Forces armées de ne pas privilégier les Afghans qui l’ont contacté.

Il a dit que l’armée était «inondée» de tant de «demandes individuelles» de la part d’Afghans, que certains systèmes se sont engorgés.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires