Alberta: le moratoire sur les projets d’énergie renouvelable a causé des annulations

Bob Weber, La Presse Canadienne
Alberta: le moratoire sur les projets d’énergie renouvelable a causé des annulations

EDMONTON — Le moratoire de sept mois de l’Alberta sur les approbations d’énergies renouvelables a causé l’annulation de dizaines de projets et une insécurité juridique, selon un rapport réalisé à l’occasion du premier anniversaire de cette décision.

Le groupe de réflexion sur l’énergie propre The Pembina Institute affirme dans un rapport publié vendredi que 53 projets éoliens et solaires ont été abandonnés après que le gouvernement du Parti conservateur uni a suspendu les approbations pendant sept mois et n’a pas réussi à clarifier les nouvelles règles pour ces développements.

La capacité électrique des projets annulés s’élève à plus de 8600 mégawatts – plus que suffisant pour alimenter chaque foyer de l’Alberta, indique le rapport. Beaucoup de ces projets auraient été dotés d’une capacité de stockage substantielle.

Quelque 42 autres projets ont retardé leur date de mise en service de 15 mois en moyenne.

La province – autrefois l’épicentre des énergies renouvelables au Canada – a vu trois nouveaux projets présentés à son opérateur de système depuis l’annonce du moratoire le 2 août 2023.

«Personne qui n’est déjà allé en Alberta ne regarde vers l’Alberta», a dit Will Noel, l’un des auteurs du rapport.

Le ministre de l’Abordabilité et des Services publics de l’Alberta a qualifié le rapport de «désinformation». «Le dernier rapport (de l’institut) place une fois de plus l’idéologie avant le bon sens et dénature intentionnellement les faits», a affirmé Nathan Neudorf dans un communiqué.

Le 3 août 2023, la province a annoncé qu’aucune nouvelle demande de production d’énergie renouvelable ne serait approuvée tout en examinant leurs effets sur l’agriculture, l’environnement, les municipalités et les «paysages vierges». Cette pause a pris fin en février et une nouvelle ligne directrice sur le lieu et la manière dont les projets solaires et éoliens pourraient se dérouler a été instituée.

Selon les informations de l’Alberta Utilities Commission et de l’Alberta Electric System Operator, le rapport indique qu’avant l’imposition du moratoire, 118 projets avaient informé l’opérateur du système de leur intention de procéder.

«Regarder la file d’attente des projets de l’opérateur du réseau électrique donne une idée de l’intérêt pour le développement des énergies renouvelables en Alberta, a déclaré le coauteur Jason Wang dans un courriel. La première étape de tout type de développement de projet électrique consiste à soumettre les plans du projet et les détails techniques à (l’opérateur du système) avant que les projets ne demandent l’approbation réglementaire.»

Parmi ces projets, 33 ont été annulés. Le rapport indique également que de nombreux projets ont tenté d’avancer malgré la pause en «regroupant» leurs propositions devant l’opérateur du système dans l’espoir d’obtenir des droits acquis. Une vingtaine d’entre eux ont depuis été annulés.

Le rapport «ignore la réalité»

M. Neudorf a déclaré que baser le rapport sur les notifications adressées au gestionnaire du système fausse ses conclusions. Il a indiqué qu’avant le moratoire, 13 projets avaient été soumis à la commission des services publics.

«Le Pembina Institute ignore la réalité selon laquelle tous les projets énergétiques proposés ne mènent pas à des travaux concrets», a-t-il stipulé.

«En réalité, nous sommes confrontés à une file d’attente croissante pour les projets énergétiques, et non à une diminution. L’Alberta continue d’être un chef de file dans le domaine des énergies renouvelables et un territoire de choix pour les investisseurs.»

Les projets répertoriés par le gestionnaire du réseau sont souvent abandonnés avant d’avoir demandé l’approbation réglementaire. Mais le rapport révèle que les annulations ont également augmenté après le moratoire.

Au cours des deux années complètes précédant le moratoire, l’équivalent de 13 % de la capacité de production d’énergies renouvelables avant le gestionnaire du réseau a été supprimé. Au cours des six mois précédant le moratoire, les annulations ont atteint 23 %.

Ce chiffre est monté en flèche après l’imposition de la pause. Entre août 2023 et juillet 2024, l’équivalent de 43 % de la capacité de production a été annulé.

Le rapport indique également qu’aucune des lignes directrices pour le développement des énergies renouvelables n’a été finalisée. «Il y a un brouillon de carte, a déclaré M. Noel. Il est toujours appelé brouillon. Il n’y a pas de brouillon officiel.»

Les versions finales ont été promises d’ici la fin de l’année.

Les promoteurs du projet ont imputé aux nouvelles règles au moins certaines des annulations. Le président et chef de la direction de TransAlta, John Kousinioris, a déclaré en mai que son entreprise avait renoncé à produire 300 mégawatts de sources renouvelables en raison des restrictions. Pendant ce temps, d’autres provinces vont de l’avant.

L’Ontario a annoncé son intention de produire 5000 mégawatts d’énergie éolienne et solaire au cours de la prochaine décennie. La Nouvelle-Écosse s’est engagée à obtenir 80 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Hydro-Québec affirme ajouter 10 000 mégawatts de nouvelle capacité éolienne à son réseau d’ici 2035.

En avril, BC Hydro a lancé un appel d’offres pour ajouter environ trois millions de mégawattheures d’ici 2028. Cela devrait générer jusqu’à 3,6 milliards $ d’investissements et créer jusqu’à 1500 emplois par an.

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