MONTRÉAL — La Ville de Montréal ignore toujours la cause du bris d’aqueduc majeur qui s’est produit près du pont Jacques-Cartier vendredi matin.
L’administration Plante savait toutefois que cette conduite était «vulnérable», si bien qu’il était prévu qu’elle soit prochainement inspectée de nouveau, a révélé la directrice du Service de l’eau de la Ville de Montréal, Chantal Morissette, au cours d’un point de presse tenu lundi matin sur les lieux de l’incident.
La dernière inspection de la conduite en question, qui a été installée en 1985, remonte à 2017-2018. On y avait alors constaté de la corrosion. Le problème s’est détérioré au fil des ans pour différentes raisons, dont le sel de déglaçage épandu dans les rues en hiver.
En principe, ces pièces ont une durée de vie d’une centaine d’années.
«Ce n’était pas une conduite en fin de vie. Elle était somme toute assez récente. Évidemment, on va pouvoir trouver la raison et s’assurer que ça ne se reproduise plus, c’est ça le but», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Présente à ses côtés, Mme Morissette a cependant souligné que la conduite de 84 pouces de diamètre (2,13 m) était «sous surveillance».
«L’inspection date de 2017 ou 2018. On avait une détérioration. C’est la raison pour laquelle la conduite était sous surveillance, avec une inspection qui était prévue dans les prochains mois. On a un protocole d’inspection avec une révision après quelques années, dépendamment de la condition de la conduite. Donc c’est variable d’une conduite à l’autre.»
Au moment d’éclater, rien n’indiquait que le risque était aussi élevé qu’une telle situation se produise.
«Cette conduite a brisé avant d’avoir les données pour nous aviser qu’il fallait absolument l’arrêter. Si elle avait été jugée critique au point de l’arrêter, ça aurait été fait», a assuré Mme Morissette, précisant que «le risque zéro n’existe pas».
Elle a d’ailleurs rappelé que la Ville avait condamné une conduite de la même taille sur la rue Saint-Antoine en octobre 2019, ce qui avait évité de potentielles conséquences catastrophiques.
«Si elle avait éclaté, elle aurait pu inonder le tunnel Ville-Marie, mais on l’a arrêtée avant que ça arrive, donc c’est vraiment une gestion de risque.»
Avant de passer à l’étape des réparations, les experts doivent d’abord identifier précisément le problème.
«On va faire tout le diagnostic autour du bris et on va refaire une inspection avant de pouvoir procéder aux réparations. C’est important de refaire l’inspection et regarder ce qui est à réparer pour qu’on puisse commander les pièces et les matériaux et procéder aux réparations», a fait savoir la directrice du Service de l’eau.
Mme Plante n’a donc pas été en mesure de donner un échéancier pour la réalisation des travaux ni une estimation du coût. «On veut le faire le plus rapidement possible, mais on doit attendre les pièces.»
Chose certaine, les réparations prendront des semaines.
Une conduite vulnérable
Même si cette conduite de type C301, composée de tuyaux sous pression en béton précontraint avec cylindre d’acier et armature, devait durer plus longtemps, elle reste plus vulnérable que celles d’autres catégories, a admis Mme Morissette.
«La conduite C301 qui est derrière nous, ce sont les conduites que l’on considère les plus vulnérables, a-t-elle affirmé. De la façon dont elles sont conçues, elles ont fait l’objet de corrosion au fil des années. Il n’y a pas de date d’échéance sur une conduite d’aqueduc.
«Notre objectif, c’est de prolonger leur durée de vie le plus qu’on peut et faire les investissements au bon moment avec la bonne intervention pour avoir les meilleurs bénéfices. C’est la stratégie qui a été utilisée depuis les 15 dernières années: on a investi massivement. On a d’ailleurs deux fois moins de bris à Montréal qu’on en avait il y a 10-12 ans, donc c’est positif.»
Les autorités municipales estiment que 90 % du réseau d’aqueduc est en bon état. Selon Mme Plante, c’est la preuve que les investissements de Projet Montréal rapportent.
«On est toujours en constante amélioration du réseau. Nos investissements, depuis qu’on est en poste, ont augmenté de façon substantielle. C’est vrai que ce n’est pas facile parce que ça crée des chantiers, mais je pense qu’on a la preuve aujourd’hui que ces travaux sont absolument nécessaires pour rendre notre réseau d’aqueduc plus résilient, faute de s’en être bien occupé pendant une cinquantaine d’années.»
Même si elle a convenu que «la dernière semaine a été difficile pour les Montréalais», la mairesse s’est dite soulagée.
«Nous avons été chanceux dans notre malchance. La situation aurait pu être bien pire étant donné la grosseur de la conduite si notre réseau avait été encore moins résilient.»
Mme Plante s’est également réjouie qu’il n’y ait pas eu de coupure d’eau.
«Tout l’est de Montréal a dû faire bouillir son eau jusqu’à samedi, mais il n’y a pas eu de coupure d’eau. Lorsqu’il y a un bris de conduite, c’est la préoccupation numéro un. Heureusement pour nous, le réservoir Rosemont, qui a été rénové, a pu permettre de continuer à alimenter en eau potable toute la ville de Montréal, dont l’est.»