Cœur + AVC presse Ottawa d’interdire la publicité de malbouffe ciblant les enfants

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Cœur + AVC presse Ottawa d’interdire la publicité de malbouffe ciblant les enfants

MONTRÉAL — L’organisme Cœur + AVC s’inquiète des effets néfastes sur la santé des enfants causés par la publicité d’aliments et de boissons à faible valeur nutritive. Il presse le gouvernement fédéral de publier un projet de règlement pour interdire ces publicités d’ici la fin juin.

Le gouvernement de Justin Trudeau promet depuis 2015 l’interdiction de faire de la publicité d’aliments et de boissons s’adressant aux enfants. Cœur + AVC souhaite que la réglementation soit instaurée d’ici la fin juin, avant l’ajournement des travaux du Parlement pour l’été. Il espère ainsi une mise en place définitive pour l’hiver 2025 avant de potentielles élections.

«On attend depuis un moment un projet de règlement du gouvernement et là, le temps commence à manquer. C’était prévu d’ici le printemps 2024 et on n’a toujours pas ce premier règlement de déposé», a déclaré en entrevue Marc-André Parenteau, conseiller principal aux affaires gouvernementales et défense des intérêts, section Québec, à Cœur + AVC.

Les résultats d’un nouveau sondage de l’organisme montrent que près de 70 % de la population appuie cet engagement de longue date de M. Trudeau.

Cœur + AVC rappelle qu’une alimentation riche en aliments ultra-transformés et une consommation importante de boissons sucrées augmentent un risque futur de maladies cardiovasculaires, d’AVC, de diabète, de cancers, de caries dentaires et de mortalité.

«Pour les enfants de 9-13 ans, à peu près 60 % de leur apport calorique provient d’aliments ultra-transformés. C’est énorme», commente M. Parenteau.

Les publicités dénoncées sont celles qui concernent des aliments et des boissons riches en sel, en sucre ou en gras saturés et qui s’adressent aux moins de 13 ans.

«La littérature nous montre que les enfants sont plus vulnérables à la publicité puisque leur cerveau est encore en développement, a indiqué M. Parenteau. Donc ils sont d’autant plus affectés par la publicité alimentaire et incidemment à supplier les parents d’acheter certains produits.»

Le sondage, effectué par Pollara Strategic Insights auprès de 1600 adultes du 24 au 27 mai dernier, révèle également que 76 % des Canadiens trouvent difficile pour les parents de surveiller et de contrôler les publicités vues par leurs enfants.

Pour que la réglementation soit efficace, M. Parenteau estime qu’elle devrait encadrer toutes les déclinaisons de publicité qui visent les enfants. On peut penser aux personnages de bande dessinée sur des boîtes de céréales, des emballages mis à la hauteur des yeux dans les épiceries et qui ciblent directement les enfants, des jouets qui sont remis à l’achat d’un repas dans un établissement de restauration rapide.

«Idéalement, pour que ce soit complet et efficace, on demande qu’elle vienne encadrer tous ces médiums, donc autant la télévision, les médias numériques, les points de vente, les emballages, la publicité de marque et certains lieux dans les écoles», explique M. Parenteau.

Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit la publicité à but commercial destinée aux enfants de moins de 13 ans, mais elle ne touche pas ce qui concerne les emballages.

Processus freiné par le lobbyisme

Selon Cœur + AVC, les activités de lobbyisme de l’industrie des aliments et boissons à faible valeur nutritive freinent le projet de règlement qui interdirait les publicités visant des enfants.

L’organisme évalue que cette industrie consacre 1 milliard $ en publicités s’adressant aux enfants «parce que ça fonctionne».

«C’est un marché important pour eux, mais qui peut avoir des impacts considérables sur la santé, alors c’est important de l’encadrer», fait valoir M. Parenteau.

Il salue tout de même les nombreuses mesures de la stratégie du gouvernement en matière de saine alimentation qui a été mise en place, notamment l’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, l’interdiction visant les gras trans dans tous les aliments vendus au pays et l’investissement de 1 milliard $ dans un programme national d’alimentation scolaire.

Cependant, M. Parenteau qualifie de «pièce maîtresse» l’interdiction de publicité aux enfants et déplore qu’elle soit absente de la stratégie du gouvernement.

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