QUÉBEC — Les jeunes libéraux veulent miser sur la «collaboration» et le «compromis» avec le gouvernement fédéral au cours de leur congrès annuel qui se tiendra samedi à Montréal.
La présidente du congrès, Amanda Fakihi, a ainsi laissé entendre jeudi que l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) cherche des «solutions» pour renforcer le «rapport de forces» du Québec avec Ottawa.
Le thème officiel de ce rassemblement, le fédéralisme, est un enjeu délicat dans le contexte de la course à la direction du PLQ, alors que des aspirants viendront samedi solliciter les appuis des jeunes, car ils pèsent lourd dans les suffrages pour choisir le prochain chef.
Un des candidats affichés, le député Frédéric Beauchemin, a critiqué durement les intrusions d’Ottawa dans les champs de compétence du Québec, tandis qu’un ministre fédéral dont le gouvernement est donc visé par ces critiques, Pablo Rodriguez, a laissé entendre cette semaine qu’il était sollicité pour se lancer dans la course au PLQ.
Même l’ancien maire de Montréal, Denis Coderre, le seul candidat officiel déclaré dans la course, est lui-même un ancien ministre fédéral.
«Il y a cette réelle volonté de miser sur la collaboration, le compromis avec le fédéral, sans toutefois tomber dans la complaisance», a affirmé Mme Fakihi pour justifier le choix du fédéralisme comme thème du congrès.
Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, elle a fait savoir que ce congrès était «vraiment l’occasion de rallier tous les jeunes libéraux autour du projet fédéraliste».
Le moment est-il opportun pour proposer une réforme du fédéralisme canadien et le retour du Québec dans le giron constitutionnel canadien?
«Il n’y a pas de volonté de procéder à un bricolage constitutionnel, ça je j’en suis persuadée», a-t-elle répondu.
Rappelons qu’avec la montée au cours de la dernière année du Parti québécois (PQ) dans les sondages, qui fait la promotion de l’indépendance, le PLQ tient à se présenter comme le défenseur du fédéralisme canadien au Québec.
Au cours d’un entretien téléphonique, le président du PLQ, Rafael P. Ferraro, a soutenu pour sa part que le fédéralisme «s’inscrit d’une certaine façon dans l’actualité».
Il estime que «la place du Québec dans le Canada a été débattue sur la place publique au cours des derniers mois, des dernières années».
Turbulences
La Commission jeunesse traverse actuellement une période de turbulences après la démission de trois membres de son exécutif, sa présidente et deux vice-présidents sur les huit postes de l’exécutif, qui ont souhaité ainsi renoncer à leur devoir de réserve pour appuyer ouvertement le Frédéric Beauchemin dans la course.
La présidente démissionnaire, Lina Yunes, remplaçait elle-même Élyse Moisan, qui avait porté plainte contre Frédéric Beauchemin et Mme Yunes pour harcèlement psychologique et qui a ensuite démissionné. Les plaintes sont tombées en décembre à la suite d’un processus de médiation.
Appelée à commenter ces chamboulements, Mme Fakihi a été très prudente.
«Je ne vais pas entrer dans les détails. Mais c’est sûr que dans le contexte de la course à la chefferie, il y a tout cet engouement. Il y a une fébrilité, ce qui est très, très positif.»
Lina Yunes affirmait dans son message de remerciement en mars après son élection qu’elle voulait «rebâtir la confiance» et «retrouver notre indépendance».
Les membres de la Commission jeunesse éliront par ailleurs un nouvel exécutif samedi. Environ 200 personnes participeront au congrès samedi, soit une centaine de jeunes et une centaine de membres réguliers.
Des appuis convoités
Considéré comme le premier rendez-vous de la rentrée politique après la relâche estivale, le rassemblement des jeunes libéraux revêt une signification particulière cette année.
La course à la direction du PLQ est en train de prendre son élan et le congrès pourrait servir de démonstration de force pour les aspirants à la chefferie.
Rappelons que le poste est vacant depuis la démission de Dominique Anglade après la cuisante défaite électorale de 2022 et que Marc Tanguay assume actuellement l’intérim.
Les candidats pressentis ou officiels viendraient ainsi courtiser les membres de la commission jeunesse, car ils ont une masse critique : ils comptent pour le tiers des voix en vertu des statuts du PLQ.
Mme Fakihi a confirmé que M. Beauchemin sera au congrès, ainsi que l’ancien président et directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, mais a ajouté qu’elle attend des confirmations pour d’autres noms.
M. Beauchemin a été le premier à manifester sa volonté de briguer la direction du parti et il a déjà recueilli des appuis notamment chez les jeunes et aussi de l’ancien ministre des Finances, Carlos Leitao.
Plus de 80 jeunes libéraux ont signé une lettre ouverte en mai demandant à M. Milliard de faire le saut. Il a démissionné de son poste de pdg de la FCCQ en juin et n’a pas officialisé son intention d’être dans la course, mais il a produit une vidéo dans les réseaux sociaux invitant notamment les jeunes à le rencontrer au congrès.
Il fait notamment valoir qu’il milite au PLQ depuis 1998 et sa vidéo est émaillée de témoignages de militants sur l’importance de militer au sein de la commission jeunesse.
L’ancien maire de Montréal, Denis Coderre, est le seul à s’être lancé officiellement dans la course jusqu’à maintenant.
Pablo Rodriguez a fait savoir lundi qu’il était sollicité pour prendre part à la course.
Le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, songe lui aussi à briguer les suffrages. Des libéraux ont moussé son éventuelle candidature M. Tardif avait dit en être flatté, mais en ajoutant qu’il n’en était pas encore là.
Aucune femme n’a encore ouvertement fait connaître son intérêt pour la direction du PLQ.
Les candidats ont jusqu’en avril 2025 pour déposer leur candidature en vue de l’élection du nouveau chef en juin qui suit.
