Conseil national de QS: les solidaires sortent «unis», clame Gabriel Nadeau-Dubois

Thomas Laberge, La Presse Canadienne
Conseil national de QS: les solidaires sortent «unis», clame Gabriel Nadeau-Dubois

JONQUIÈRE — Malgré les vents de face des dernières semaines, le navire solidaire de Gabriel Nadeau-Dubois est parvenu à traverser la fin de semaine et est arrivé à bon port sans trop de dommages. La tempête a été d’une moins grande ampleur que prévu, et le chef parlementaire solidaire affirme que son parti en ressort «uni».

«Y’a pas de gagnants ou de perdants en fin de semaine. Je trouve qu’on a été à la hauteur de la tradition de Québec solidaire (QS) : celle de trouver des voies de passage, de faire des compromis et de sortir uni», a-t-il soutenu dans la mêlée de presse qui a conclu le Conseil national de sa formation politique.

Les militants solidaires ont voté pour que le programme du parti soit «actualisé» avant les prochaines élections de 2026. Cela signifie qu’il sera plus court et «exempt d’engagements politiques trop spécifiques». Il devra encore respecter la déclaration de principes de QS.

«Il y a, dans notre programme en ce moment, des engagements spécifiques sur des politiques de commercialisation des produits de la mer par exemple. C’est un sujet qui est important, mais c’est un sujet très spécifique. Est-ce que ç’a sa place dans un programme politique de philosophie gouvernementale générale ? Ce que les membres ont décidé aujourd’hui, c’est qu’on allait faire le tri dans ces choses-là», a expliqué Gabriel Nadeau-Dubois.

Durant le Conseil national, plusieurs militants se sont présentés au micro pour déplorer un délai trop court pour l’actualisation du programme.

«Je veux qu’on prenne le temps, comme il faut, pour inclure tout le monde, si ça dépasse les élections, ça dépassera», a lancé l’un d’eux.

«Mais de grâce, au nom dudit virage pragmatique ce n’est pas pragmatique ces délais-là», a dit un autre militant.

Certains voulaient que la refonte du programme soit mise en dépôt, mais leur proposition a été battue.

La plateforme du parti pour la prochaine campagne électorale sera aussi limitée à cinq ou six «enjeux électoraux au maximum».

Également, pour l’essentiel, la Déclaration de Saguenay a été acceptée par les membres. «La Déclaration de Saguenay, elle oriente assurément notre travail parce que c’est des positions politiques qu’on vient de prendre», a indiqué la co-porte-parole intérimaire solidaire, Christine Labrie.

L’actualisation du programme et la déclaration étaient deux conditions que le chef parlementaire avait mises de l’avant pour faire de QS un «parti de gouvernement» avec un programme «pragmatique». Il reste une troisième étape : la réforme des statuts qui se fera à l’automne prochain.

«​​L’UPA est un accélérateur de la destruction agricole»

Les membres solidaires ont toutefois rejeté une proposition de la déclaration qui visait à renoncer à réformer le syndicalisme agricole.

Les militants ont plutôt décidé de maintenir la position historique de QS. Initialement, dans la Déclaration de Saguenay, on retrouvait une proposition indiquant que QS «reconnaît le rôle de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et renonce à réformer le syndicalisme agricole».

Les membres ont plutôt voté un texte mitoyen qui se lit comme suit : «En matière d’agriculture, Québec solidaire reconnaît le rôle de l’Union des producteurs agricoles (UPA) dans la protection des producteurs et productrices de différentes échelles, tout en soutenant qu’une variété de voix s’y expriment».

«J’interprète la décision du Conseil national comme une décision de compromis. Notre position a évolué en fin de semaine. On a reconnu ouvertement, officiellement l’importance de l’UPA, son rôle primordial pour l’avenir de l’agriculture au Québec et le débat va se poursuivre», a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Le sujet a provoqué de vifs débats. La députée solidaire de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, a défendu l’UPA.

«En ce moment, on a un mouvement social qui est en marche et c’est celui des agriculteurs au Québec (…) Ces gens-là sont réunis dans un front commun qui s’appelle l’UPA et en ce moment, plus que jamais, on doit reconnaître ce syndicat et même reconnaître leur monopole qui permet d’avoir une plus grande force», a-t-elle affirmé.

D’autres avaient une vision bien différente. «Les démarches démocratiques de l’UPA sont lamentables. C’est un bully (…) L’UPA est un accélérateur de la destruction agricole au Québec pis représente (rien du tout)», a lancé un militant solidaire qui est aussi agriculteur.

Les membres solidaires ont aussi voté contre une taxe sur la malbouffe et se sont opposés à donner les pleins pouvoirs en agriculture au premier ministre du Québec.

Plus serein que la veille

Les débats de dimanche se sont, somme toute, déroulés plus rondement que la veille. Samedi, plusieurs militants sont venus aux micros pour exprimer leur malaise ou leur confusion quant au rôle que devait jouer la Déclaration de Saguenay: était-elle simplement un rapport, un bilan ou un document d’orientations politiques?

Des membres ont aussi affirmé que des propositions de la Déclaration de Saguenay étaient en contradiction avec le programme du parti.

Tout cela a failli entraîner un vote qui aurait pu avoir un impact majeur sur la déclaration. Finalement, les militants contestataires se sont ralliés à la dernière minute.

QS a été plongé dans une crise après la démission d’Émilise Lessard-Therrien quelques mois seulement après avoir été élue. Dans un message où elle explique les raisons de son départ, elle écorche la «petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour» de Gabriel Nadeau-Dubois.

Les dernières semaines ont été ponctuées par des échanges épistolaires de militants solidaires qui soit appuyaient ou soit critiquaient la démarche de «GND».

«Je sens une ambiance plus sereine aujourd’hui que quand on est entré vendredi», a-t-il affirmé dimanche.

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