«Convoi de la liberté»: la défense dénonce les allégations de complot

Laura Osman, La Presse Canadienne
«Convoi de la liberté»: la défense dénonce les allégations de complot

OTTAWA — L’une des organisatrices du «convoi de la liberté», Tamara Lich, ne faisait partie d’aucun complot visant à enfreindre la loi lorsqu’elle a aidé à organiser une manifestation massive contre les restrictions liées à la pandémie à Ottawa, ont fait valoir ses avocats lors de son procès criminel, mardi.

La Couronne allègue que Mme Lich et un autre organisateur, Chris Barber, étaient de mèche pour bloquer les routes et perturber les résidants d’Ottawa afin de faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il abandonne les restrictions sanitaires et les mandats de vaccination contre la COVID-19 en 2022.

Les deux sont accusés de méfait, d’intimidation et de conseils à autrui pour enfreindre la loi. Si l’argument de complot de la Couronne tient, les preuves contre l’un des organisateurs s’appliqueraient aussi à l’autre.

Ils faisaient tous deux partie d’un groupe à l’origine de la manifestation du «convoi de la liberté», qui a rassemblé des milliers de personnes à Ottawa pour une manifestation de trois semaines qui n’a pris fin qu’après une opération policière massive.

Les deux se sont rendus à Ottawa ensemble dans le camion de M. Barber, qu’il appelle affectueusement «Big Red», et faisaient partie de l’organisme créé pour gérer les dons destinés à l’effort de protestation.

Ils ont publié régulièrement des vidéos avec des messages à leurs camarades manifestants sur les réseaux sociaux tout au long de leur voyage vers la capitale et dans les semaines qui ont suivi.

Mais les preuves présentées au tribunal suggèrent que M. Barber était beaucoup plus présent et plus loquace sur ce qui se passait dans les rues d’Ottawa, a fait valoir l’avocat de Mme Lich, Eric Granger, dans ses plaidoiries finales, mardi.

Il y a également «très peu de preuves de contact ou d’interaction entre les deux», a-t-il ajouté.

La Couronne a mis en évidence un échange de messages textes particulier entre les deux pour illustrer son allégation.

Le 30 janvier 2022, Mme Lich a envoyé un texto à M. Barber pour lui demander de se rendre avec elle au «centre de commandement».

«Ils ont une stratégie pour paralyser la ville. Je ne veux pas prendre ces décisions toute seule», a écrit Mme Lich à M. Barber.

Me Granger a déclaré que si le message suggère qu’une décision devait être prise et que Mme Lich avait l’autorité pour la prendre, cela ne signifie pas qu’elle faisait partie de la stratégie, ou qu’elle était d’accord avec elle.

Selon Me Granger, le problème est que l’objectif qu’ils visaient, soit la levée des restrictions sanitaires et la vaccination demandée par le gouvernement, n’est pas intrinsèquement illégal.

Il est beaucoup plus courant pour les procureurs d’utiliser l’allégation de complot, connue sous le nom de demande Carter, dans les affaires de meurtre ou de trafic de drogue où l’objectif lui-même est illégal, a souligné l’avocat.

Cela signifie que dans ce cas, la Couronne doit prouver que les moyens utilisés par les deux organisateurs pour atteindre leur objectif étaient illégaux, a-t-il déclaré.

Il soutient qu’il existe peu de preuves reliant Mme Lich à des actes de malveillance qui se sont déroulés pendant la manifestation, à part le fait d’avoir encouragé les gens à venir à Ottawa pour manifester légalement.

Pour sa part, la Couronne a soutenu que Mme Lich avait dit aux manifestants de «tenir le coup» et de venir à Ottawa après que les résidants de la ville eurent été submergés pendant des semaines par le bruit, les odeurs, la foule et les rues bloquées.

Dans ses plaidoiries finales, la Couronne a déclaré que Mme Lich avait «franchi la ligne» en se livrant à des activités illégales.

Mardi au tribunal, la juge Heather Perkins-McVey a affirmé que le sens de «tenir le coup» peut changer d’une situation à l’autre et qu’il serait raisonnable de penser que, du moins dans certains contextes, cela signifie «être fidèle à ses valeurs».

«Et c’est là que réside la difficulté. Ce n’est tout simplement pas clair», a soutenu Me Granger.

Ses arguments font partie des conclusions d’un procès qui a débuté en septembre 2023. Il était censé se terminer le mois prochain, mais il a duré bien plus longtemps que prévu.

L’équipe juridique de Mme Lich devrait poursuivre ses plaidoiries finales vendredi.

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