COVID: La montée de la sixième vague fait craindre de nouveaux délestages

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
COVID: La montée de la sixième vague fait craindre de nouveaux délestages

MONTRÉAL — L’augmentation des hospitalisations et du nombre d’absents chez le personnel soignant laisse entrevoir de nouveaux délestages dans le réseau de la santé.

Le directeur national de la santé publique, le docteur Luc Boileau, n’a pas caché vendredi son inquiétude face à la progression de la sixième vague au Québec depuis quelques semaines, progression qui devrait se poursuivre durant encore au moins deux semaines, selon lui. 

Le nombre de personnes hospitalisées, qui était passé sous la barre des 1000 en mars, est remonté au-delà de 1600 alors que le nombre de professionnels de la santé atteints de la COVID-19 dépasse désormais les 13 000.

«Si cette hausse de cas, mais aussi la hausse de travailleurs de la santé qui sont absents à cause de la COVID (…) continue à augmenter, bien sûr il y a un effet possible sur l’offre de service du système de santé et de services sociaux. Pas juste les hôpitaux, mais les autres services, (peuvent) commencer à être affectés, donc avoir du délestage aussi dans les hôpitaux», a affirmé le docteur Boileau. 

«Il y a des zones de fragilité qui amènent, durant quelques périodes de temps, du délestage, c’est possible, bien sûr. C’est pour ça qu’il faut être d’autant plus vigilants, tout le monde, pour aider notre système de santé à rester correctement debout», a-t-il ajouté.

Masque: «C’est la contagion qui va décider»

Malgré tout, le docteur Boileau affirme que «d’une manière ou d’une autre, on n’a pas l’intention de remettre de l’avant des mesures sanitaires qui vont contraindre les gens».

Cela ne l’a pas empêché d’inviter les Québécois à la plus grande prudence, de s’isoler s’ils ont des symptômes et d’éviter les endroits où il y a foule s’ils prévoient voir des personnes âgées de leur famille à Pâques.

Quant à l’obligation de porter le masque dans les espaces publics intérieurs, qui a été prolongée jusqu’à la fin d’avril, «on pourra réévaluer rendu (à la fin avril) si on doit poursuivre ça encore quelques jours de plus. Ce n’est pas l’intention actuellement. L’intention c’est vraiment de revenir dans un contexte le plus normal possible, mais on ne décide pas de ça; c’est la contagion qui va décider de ça.» 

Il a également réitéré l’invitation à obtenir une troisième ou une quatrième dose du vaccin, celui-ci représentant toujours la meilleure protection contre les effets plus graves de la  maladie.

Non-vaccinés: 10 à 15 fois plus de risque 

Il a précisé que ce sont surtout des personnes âgées vaccinées qui décèdent, ce qui est normal, puisque la plupart des personnes âgées sont vaccinées: «Les vaccins ne peuvent pas garantir à 100 % la protection contre la maladie grave, mais il la garantit pour plus que 90 % donc il y a un énorme avantage.» Il n’a pas manqué de faire valoir au passage que «si nous n’avions pas la population vaccinée comme elle l’est, nous aurions des ravages énormes».

En contrepartie, «les risques d’aller vers des complications, l’hospitalisation, les soins intensifs et malheureusement le décès pour les personnes qui sont non-vaccinées, est souvent de 10 à 15 fois plus élevé.»

Par ailleurs, Québec mettra très prochainement en ligne de nouvelles directives sur la façon de réaliser un test rapide chez soi, une méthode qui impliquera de recueillir des échantillons dans la bouche et dans la gorge avant ceux provenant des voies nasales. Les récentes études ont démontré que le sous-variant Omicron BA.2 affecte davantage les voies respiratoires supérieures et que la détection dans la bouche et la gorge donne de meilleurs résultats.

Des excuses

Le docteur Boileau a aussi tenu à revenir sur ses propos, mercredi, en commission parlementaire, alors qu’il a déclaré qu’«on va tuer du monde» si on ne maintient pas certains décrets adoptés grâce à l’état d’urgence: «Je regrette d’avoir utilisé ces mots-là. Ils étaient inappropriés et je m’en excuse.» 

Le docteur Boileau a tenu à expliquer que l’un des décrets que l’on veut maintenir permet de faire appel à des gens de l’extérieur du réseau pour procéder au dépistage et à la vaccination. Si cette exception est retirée, «on va prendre les gens qui sont déjà employés dans le système de santé et services sociaux, avec les pénuries qui sont connues et la fragilisation actuelle pour les employés de la santé (…) on n’y arrivera pas. Il va y avoir des services qui vont être délestés», a-t-il dit.

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