MONTRÉAL — La ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, s’est dite satisfaite de la réunion des ministres du gouvernement fédéral et des différents gouvernements provinciaux vendredi à Montréal, au cours de laquelle il a été convenu de créer un comité de travail qui se penchera sur une meilleure répartition des demandeurs d’asile au pays.
La ministre Fréchette avait invité ses homologues des autres provinces ainsi que le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, à un sommet sur l’immigration pour discuter des moyens de faire face à la pression liée à la hausse des immigrants et des résidents temporaires au Canada.
«Les discussions sont vraiment à la satisfaction du gouvernement du Québec» et les ministres ont «reconnu que le Québec et l’Ontario subissent une pression démesurée liée aux demandeurs d’asile», a indiqué la ministre québécoise en sortant de la réunion.
Un comité de travail
Les ministres ont convenu de créer un comité de travail qui tentera de trouver une «façon de faire en sorte de mieux coordonner le flot des demandeurs d’asile à l’intérieur de l’ensemble du Canada et de faire en sorte aussi que les ressources soient disponibles», a expliqué la ministre.
Christine Fréchette a qualifié les discussions «d’avancées importantes» qu’elle aurait eu peine à imaginer «il y a deux mois».
Après la réunion, le ministre fédéral Marc Miller a indiqué «que le consensus autour de la table était que le statu quo était inacceptable» et que certaines provinces «ont levé la main» pour accueillir une plus grande part de demandeurs d’asile.
«C’est une bonne chose, c’est le signe d’une nation en santé, mais c’est aussi le signe qu’il reste du travail à faire», a ajouté le ministre de l’Immigration.
Marc Miller a également souligné que «ça prend le consentement de quelqu’un pour se faire déplacer alors il faut les traiter de façon humanitaire et c’est ce qu’on va faire, d’où la nécessité de bien se concerter».
En début de soirée, le Bloc québécois a tenu à réagir à l’annonce d’un comité de travail.
«Si l’on peut se satisfaire de ce pas en avant, obtenu par notre insistance, nous continuerons à être très vigilants pour nous assurer que les exigences du Québec, qui s’appuient sur les besoins et la nécessité, soient respectées», a écrit le député Alexis Brunelle-Duceppe.
«Le mandat de la table de concertation annoncée par le ministre Marc Miller semble imprécis et nous n’avons aucune garantie pour l’instant que la capacité d’accueil du Québec sera respectée» et «il est également impératif que le Québec soit remboursé par le gouvernement fédéral pour l’accueil des demandeurs d’asile», a ajouté le député bloquiste.
Une situation insoutenable selon Québec
Selon le ministère de l’Immigration du Québec, depuis 2017, la province a accueilli plus de 230 000 demandeurs d’asile, ce qui représente 50,7 % de tous les demandeurs d’asile arrivés au Canada alors que le Québec ne représente que 22 % du poids démographique au Canada.
Même si certains de ces demandeurs ne restent pas au Québec et vont s’installer dans une autre province, la situation accentue la crise du logement et met énormément de pression sur les services publics selon le premier ministre François Legault qui a fait plusieurs sorties à ce sujet au cours des derniers mois.
Diminuer le nombre de résidents temporaires
La rencontre de vendredi était la première du ministre fédéral de l’Immigration avec ses homologues provinciaux et territoriaux depuis qu’il a annoncé un plan sans précédent visant à limiter le nombre de nouveaux résidents temporaires.
L’objectif est de freiner la croissance galopante de la population du Canada en réduisant le nombre de résidents temporaires. Si ce groupe représentait 6,2 % de la population en 2023, l’objectif est que cette proportion soit limitée à 5 % au cours des trois prochaines années.
Les nouvelles cibles seront mises en place au cours de l’été, une fois que les provinces et les territoires auront eu l’occasion de donner leur avis sur la question.
En janvier, le ministre Miller a annoncé son intention de réduire le nombre d’étudiants étrangers, en plafonnant pendant deux ans les nouvelles admissions, en janvier.
Ottawa tente également d’accélérer le traitement des demandes d’asile. Dans le récent budget fédéral, les libéraux ont aussi inclus des mesures législatives destinées à accélérer le processus d’expulsion lorsque ces demandes sont refusées.